Pour limiter les risques d’une reprise des contaminations, le ministère de la Santé a établi des mesures sanitaires en fonction du pays de provenance. Cette liste est mise à jour régulièrement, la dernière actualisation date du 24 septembre. Parmi les pays soumis à de nouvelles réglementations, la France fait partie de la liste “des pays de voisinage” concernés par des mesures spécifiques encore floues, ainsi que l’Italie, Malte et le Luxembourg. La Belgique a rejoint la liste des pays classés en rouge, pour lesquels seul·es les personnes de nationalité tunisienne et les étrangers résident·es en Tunisie sont autorisé.es à entrer sur le territoire. Les voyageur·euse·s sont soumis à un test et une quarantaine obligatoires, de même que les ressortissant.es des pays classés en orange. Depuis le 26 août, tou·tes les voyageur·ses doivent fournir un test RT-PCR lors de leur entrée sur le territoire, quelque soit le pays de provenance.
En comparant l’évolution de la situation après l’ouverture des frontières le 27 juin avec la période suivant la découverte du premier cas le 2 mars 2020, inkyfada met en perspective les différents chiffres de l’épidémie, afin de comprendre au mieux les risques que représente cette reprise en Tunisie. Compte tenu des données obtenues, inkyfada considère la date du 10 juin comme fin de la première vague sachant qu'aucun nouveau cas n'a été décompté pendant plusieurs jours et que le taux d'hospitalisation a également chuté.
Une forte hausse du nombre de cas
Cas actifs cumulés depuis la déclaration du premier cas (2 mars 2020)
Au 26 septembre, la Tunisie comptait 16114 personnes atteintes par le coronavirus. Depuis le début du mois d’août, l’évolution du nombre de cas actifs est la plus rapide jamais enregistrée dans le pays depuis le début de l’épidémie.
Pendant la première vague, le maximum de cas actifs enregistrés n’a pas dépassé 784 malades, à la date du 16 avril 2020. À partir de là, le nombre a progressivement diminué avant de chuter au cours du mois de mai, résultat des stratégies mises en place pour endiguer l’épidémie. Au 13 juin, on compte seulement 49 cas actifs à travers le pays. Par la suite, le mois de juin connaît une légère reprise qui se confirme pendant les semaines suivant la réouverture des frontières.
Comparaison des nouveaux cas quotidiens entre la première et la deuxième Vague
Pour la première fois depuis le début de l’épidémie de Covid-19 en Tunisie, la barre des 100 cas quotidiens est dépassée le 14 août 2020. En comparaison, pendant la première période, le pic avait été atteint avec 59 cas déclarés le 24 mars et avait régulièrement baissé depuis.
Pendant la première vague, le nombre de contaminations commencent à diminuer un mois après la découverte du premier cas. Depuis le 27 juin, au contraire, les nouveaux cas observés pendant cette deuxième vague augmentent régulièrement, particulièrement à partir du mois d’août. Ainsi, sur une même durée, l’augmentation du nombre de cas depuis l’ouverture des frontières est bien plus conséquente que pendant la première période.
Comparaison des Moyennes hebdomadaires du nombre de cas quotidiens entre la première et la deuxième vague
Depuis la fin du mois d’août, la moyenne de nouveaux cas par jour se compte par centaines et l'accélération est fulgurante. Cette moyenne est presque multipliée par 1,5 d’une semaine à l’autre au mois de septembre.
Comparaison du nombre de cas cumulés entre la première et la deuxième vague
Le 15 août, le nombre de personnes contaminées dépasse celui qui avait été atteint pendant la première vague à la même période. ce nombre continue depuis d'augmenter de manière exponentielle, alors que la courbe des contaminations lors de la première vague s’est s'aplatit progressivement jusqu'à devenir quasi-constante.
Comparaison du Nombre de tests effectués entre la première et la deuxième vague
Plus de tests ont été effectués depuis l'ouverture des frontières qu'au début de l'épidémie. Le 19 septembre, 6332 tests ont ainsi été réalisés, alors qu'à la même période, le 25 mai, seuls 660 tests avaient été effectués.
Mais malgré l'augmentation sensible du nombre de cas, les autorités sont encore loin de pratiquer une politique de dépistage massif malgré les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Pendant plusieurs semaines, la stratégie était de dépister les personnes ayant été en contact avec les malades afin de limiter les risques de contamination. Le 18 septembre, le ministère de la Santé a annoncé que les personnes asymptomatiques ne seraient plus dépistées.
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Locaux VS. importés
Comparaison du nombre de cas locaux cumulés entre la première et la deuxième vague
Après l’ouverture des frontières, alors que les chaînes de transmission étaient maîtrisées sur le territoire, les nouvelles contaminations sont avant tout venues de l'étranger. Ainsi, le premier cas local n’est détecté qu’à la date du 13 juillet et la courbe décolle progressivement seulement un mois après l’ouverture des frontières. Au mois de mars, en comparaison, les cas locaux se multiplient rapidement.
Cependant, pendant la première vague, l’évolution des cas locaux a connu une augmentation régulière et a commencé à se stabiliser deux mois après la détection du premier cas. Au contraire, la courbe post-réouverture des frontières commence à augmenter très rapidement autour du 10 août. Ainsi, entre le 6 et le 7 septembre, près de 300 nouveaux cas locaux ont été découverts.
Comparaison du nombre de cas importés cumulés entre la première et la deuxième vague
Pendant une quarantaine de jours, les courbes des cas importés suivent une évolution similaire, même si les cas importés après le 27 juin sont plus nombreux qu’après le 2 mars. Par la suite, les tendances diffèrent : le nombre de cas importés après l’ouverture des frontières continue d’augmenter, presque à la même cadence. Alors qu’à partir du 9 avril, la courbe de la première vague s’aplatit et se stabilise, ne dépassant pas les 300 cas.
Cette baisse s’explique par les mesures prises par les autorités tout au long du mois de mars. Avec la fermeture des frontières instaurée le 18 mars, les risques que des personnes malades proviennent de l’étranger ont été fortement limités.
Répartition du nombre de cas locaux et de cas importés pendant la première vague (1er graphique) et la deuxième vague (2ème graphique)
Pendant la première vague, le nombre de cas locaux a très rapidement dépassé le nombre de cas importés. Dès le 27 mars, les autorités ne décomptent pas moins de 130 cas locaux contre 120 importés.
Depuis la réouverture des frontières, la tendance est à l'inverse. Le nombre de cas importés dépasse les cas locaux jusqu’au 15 août. À cette date, les autorités comptent 486 malades contaminé·es localement contre 453 importé·es. Contrairement à la première vague, le nombre de contaminations locales ne tend pas à diminuer : au contraire, la courbe connaît une évolution exponentielle, en particulier depuis le mois d’août.
AUGMENTATION DU NOMBRE DE Décès
Comparaison entre le nombre de Cas hospitalisés cumulés ENTRE la première et la deuxième vague
Entre le 27 juin, date marquée par la réouverture des frontières, et le 12 août, les contaminations ont connu une forte hausse contrairement au nombre d’hospitalisation qui lui est resté très inférieur à celui de la première vague. Un pic a été observé les 14 et 15 août, avec 24 personnes dont l'état de santé s'est dégradé. Celui-ci s’est prolongé avant de se décupler de manière exponentielle puisqu’un mois plus tard, le 10 septembre, ce chiffre a quadruplé pour atteindre 106 hospitalisations.
Lors de la première vague, le faible taux de cas nécessitant une hospitalisation s’expliquait en partie par le fait que 85% des nouvelles personnes contaminées étaient asymptomatiques, d'après les informations fournies par l’Observatoire National des Maladies Nouvelles et Émergentes (ONMNE). Elles n’avaient donc besoin d’aucun soins particuliers. Mais même sans symptômes apparents, ces personnes restaient contagieuses et si elles n’étaient pas dépistées, elles risquaient d'infecter des populations vulnérables tout en échappant au radar des autorités.
Comparaison du nombre de décès entre la première et la deuxième vague
De la même manière, peu de nouvelles personnes ont été hospitalisées entre le 27 juin et le 12 août, et seulement 3 décès ont été recensés entre ces deux dates. Une légère hausse a été constatée au début du mois d'août et trois personnes sont décédées entre le 17 et le 18 août. Une tendance qui s’est confirmée dans les semaines qui ont suivi puisqu’entre le 20 et le 22 septembre, 10 personnes sont décédées du coronavirus. En comparaison, durant le mois de mai, le chiffre recensant le nombre de décès stagnait entre 0 et 1.
Le samedi 26 septembre, 936 nouveaux cas ont été détectés. Face à cette hausse, certaines décisions ont été prises pour ralentir la propagation du virus , notamment par les autorités locales de certains foyers de contaminations. À l'échelle nationale, les autorités ont rendu les masques obligatoires dans les aéroports, les grandes surfaces commerciales, les transports en commun ou encore les hôpitaux. Tous les rassemblements de grande ampleur sont annulés (conférences, foire, séminaires etc.).