Dans son dernier rapport, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) classait la Tunisie parmi les 10 pays africains les plus pollués, en se basant sur des données recueillies à Tunis, Sousse et Bizerte. Même si ce rapport est contesté par l'ANPE, l'agence en charge du prélèvement des données relatives à la pollution de l'air, les données relatives à la pollution atmosphérique du pays sont préoccupantes et les seuils d'alerte sont souvent dépassés.
Depuis plus de 20 ans, l’État a mis en place un réseau de surveillance de la qualité de l’air. À l’aide d’une trentaine de capteurs disséminés à travers le pays, l’ANPE recueille les informations relatives aux polluants principaux : les particules fines, l’ozone, le soufre, le dioxyde de carbone et le dioxyde d’azote, afin de limiter leurs émissions.
L’origine de chaque polluant ainsi que ses conséquences sur la santé et l’environnement sont connues et recensées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), institution créée par les Nations unies. Le rapport du 6 mai de l’ONU tirait d’ailleurs la sonnette d’alarme : la destruction de la biodiversité, en partie causée par la pollution atmosphérique, menace l’espèce humaine autant que le climat.
Les particules fines, le dioxyde de soufre, le dioxyde d’azote et l’ozone figurent parmi les principaux polluants atmosphériques recensés par l’OMS. Le dioxyde de carbone n’est pas mentionné dans le rapport des principaux polluants atmosphériques de l’OMS, mais il est pris en compte par l’ANPE dans ses mesures de la qualité de l’air.
D’après le docteur Yves Souteyrand, représentant de l’OMS en Tunisie, les conséquences sur la santé des émissions de ces différents polluants, issus du secteur automobile ou industriel, n’ont été que récemment connues.
“Ils sont responsables d’un nombre de décès extrêmement important”, commente-t-il,
“des décès de différentes natures : ce sont des cancers, des pneumonies, des AVC (accidents vasculaires cérébraux), des ruptures d’anévrisme. Des maladies cardiaques en très grand nombre…"
En mai 2018, l’OMS révèle qu’à travers le monde, “9 personnes sur 10 respirent un air contenant des niveaux élevés de polluants”. Pour l’instant, la Tunisie ne réussit pas à établir des conclusions sur la qualité de l’air ambiant du pays.
“Les dernières estimations révèlent que 7 millions de personnes [dans le monde] meurent chaque année à cause de la pollution de l’air ambiant (extérieur) et à cause de la pollution de l’air à l’intérieur des habitations (...)”, souligne l’Organisation dans son communiqué.
Une norme nationale peu respectée
L’ozone, le dioxyde de soufre, le dioxyde d’azote, le dioxyde de carbone et particulièrement les particules fines sont autant d’éléments dangereux pour la santé, pouvant causer de l’asthme, des bronchites et une diminution de la fonction pulmonaire.
En juin 2014, le ministère de la Santé tunisien a publié un rapport sur les effets néfastes de la pollution atmosphérique. Il y est indiqué que les particules fines sont considérées comme l’un des polluants les plus dangereux. Elles entraînent un taux de mortalité élevé à court ou à long terme, en favorisant le développement de maladies cardiovasculaires et respiratoires ainsi que des cancers du poumon.
Pour autant, le rapport de 2014 du ministère de la Santé affirme qu’il est difficile de déterminer, à partir des statistiques de décès, s’il y a oui ou non un effet de la pollution sur la mortalité, en particulier les décès liés à des pathologies cardiovasculaires ou respiratoires.
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Les particules fines sont classées selon leur taille : les deux catégories les plus communes sont celles d’un diamètre de 10μg (PM10) et de 2,5μg (PM2,5). Plus la particule est fine, plus elle peut se loger profondément dans les poumons, ce qui augmente sa dangerosité. Le ministère de la Santé tunisien mettait en avant dans son rapport que les PM10 entraînaient des hospitalisations pour causes respiratoires et cardio-respiratoires et/ou une mortalité totale à court terme.
Les conséquences d’une exposition aux PM2,5 se mesurent à long terme : mortalité totale, mortalité cardiovasculaire et/ou cancer du poumon. Selon l’OMS, ce polluant provient des résidus de combustion. Les usines, les voitures, les kanoun (petit chauffage) et les feux de cheminée sont à l’origine de leur émission.
Même en petite quantité, le fait de respirer des particules fines impacte la santé. Face à ce constat, l’OMS a fixé la valeur recommandée à 50μg/m³ en moyenne journalière. Un seuil qui n’est que très rarement respecté en Tunisie, selon les données existantes. Malgré les recommandations de l’OMS, l’État effectue sa surveillance en ne prenant en compte que les normes tunisiennes.
Les seuils optimal et limite sont définis par la norme tunisienne NT106.04. Afin de comparer les mesures aux différents seuils, l’ANPE effectue des moyennes journalières et annuelles. Ces données sont ensuite comparées aux différents seuils fixés par la norme. À l’échelle internationale, l’OMS effectue le même type de moyennes.
C’est l’ANPE qui est en charge de la surveillance de la pollution atmosphérique. Pour cela, elle possède une trentaine de capteurs disséminés à travers le pays. Les stations de mesures possèdent un ou plusieurs capteurs, situés dans des zones urbaines, périurbaines, rurales, industrielles, etc.
Chaque capteur recueille les mesures horaires d’un polluant : le dioxyde d’azote, l’ozone, le dioxyde de soufre, les particules fines ou du dioxyde de carbone. D’autres capteurs situés aux alentours peuvent parfois prélever des données concernant la température, la direction du vent, etc.
Une fois l’ensemble de ces données recueillies et centralisées, l’ANPE peut les comparer à la norme tunisienne ou aux recommandations internationales, afin de voir si ces taux sont respectés. Dans le cas contraire, l’Agence nationale doit alerter la population des dépassements mais aussi des risques pour la santé. Mais en pratique, le dernier bulletin relatif à la qualité de l’air a été publié en août 2010, et les panneaux informatifs n’ont plus été allumés depuis des années.
Entre 2004 et 2016, l'ANPE a enregistré pour chaque capteur au moins des dizaines de dépassements de la norme tunisienne relative aux particules fines.
Nombre de dépassements par capteur entre 2004 et 2016
Grand Tunis
Les dépassements de la valeur optimale et limite de la norme tunisienne sont recensés par capteur entre 2004 et 2016. Les capteurs ayant été installés à des dates différentes et étant parfois en panne, les nombres mentionnés peuvent être sous-estimés.
Jusqu’en 2010, l’ANPE communiquait sur les conséquences de la pollution de l’air par des publications de rapports et bulletins mensuels. Depuis, très peu d’études ont été réalisées. En 2014, une étude soutenue par l’OMS a été menée par la Direction de l’hygiène du milieu et de la protection de l’environnement (DHMPE) au sein du ministère de la Santé tunisien. Elle alertait déjà sur le taux de particules fines particulièrement élevé dans certaines villes.
À la lecture des données de l’ANPE, jusqu’en 2016, la majorité des données tunisiennes relatives aux particules fines dépassent la recommandation de l’OMS mais est située en dessous de la valeur limite tunisienne.
Répartitions des données de l'ANPE selon les seuils
Les données utilisées sont comprises entre 2004 et 2016. Une partie des données étant manquantes, ces résultats peuvent être inférieurs à la réalité.
Les données de l’ANPE montrent que les taux enregistrés dépassent le seuil limite de l’OMS, toutes années confondues. Seuls deux capteurs, celui de Sousse et de Ghazela (Nord-est de Tunis) possèdent près de la moitié de leurs mesures en dessous de la recommandation de l’OMS de 50μg/m³.
À l’inverse, les mesures faites dans la ville de Kairouan ne sont que rarement inférieures à la norme internationale. Pour autant, elles restent majoritairement situées sous le seuil limite tunisien de 260μg/m³. En moyenne, les données recueillies sont supérieures à la recommandation de l’OMS et inférieures au seuil limite tunisien. Le capteur de Gabes a quant à lui enregistré le plus grand nombre de mesures dépassant la norme tunisienne.
Mais depuis le 18 mai 2018, la Tunisie tend à réduire son seuil d'alerte pour se rapprocher progressivement des normes internationales. En effet, la norme de surveillance de la qualité de l’air datait de plus de 20 ans. Les recommandations de l’OMS et le seuil limite tunisien étaient alors très éloignés, ce dernier étant cinq fois supérieur à la norme internationale. Avec la publication de nouveaux textes de loi en mai 2018, cet écart vise à être réduit et à disparaître d’ici quelques années.
Ce nouveau décret fixe également un seuil d’alerte pour chaque polluant. Cette mesure doit entraîner une prise de mesures urgentes, la population et l’environnement étant exposés à une forte exposition engendrant des risques. Mais le texte de loi conserve des lacunes : pour ce qui est des particules fines, seules les PM10 possèdent un seuil d’alerte. Les PM2,5, nouvellement mentionnées, n’ont que qu’une valeur limite journalière et annuelle.
Pour ce qui est des PM10, l’un des polluants les plus dangereux, la valeur-limite était jusqu’en 2018, cinq fois plus haute que la recommandation internationale. À l’échelle internationale, ce sont les plus surveillées, car ce sont les plus dangereuses. Étant issues d’une combustion, elles sont dégagées par les voitures au diesel, les usines, les feux de cheminées, ou encore les kanoun (chauffage d’appoint). Selon les chiffres officiels datés de 2015, en Tunisie, le nombre de voitures roulant au diesel est supérieur à celles roulant à l’essence, ce qui représente une part non négligeable de dégagements de particules fines.
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Des mesures défaillantes
Les données de l’ANPE sont obtenues grâce à des capteurs situés dans ou autour des villes. Censés fournir des informations horaires, ils sont en réalité insuffisants pour établir une stratégie de régulation de la pollution atmosphérique. Sur la trentaine de capteurs répartis progressivement sur le territoire depuis 1996, une grande partie n’est pas fonctionnelle : les données horaires ne sont pas toujours enregistrées ou les mesures sont parfois erronées.
Lorsque ces capteurs tombent en panne, ils ne sont pas systématiquement réparés, en particulier depuis 2010, selon Amyna Soudany, ingénieure principale chargée des émissions polluantes à l’ANPE.
En 2011, certains capteurs commencent à tomber en panne, sans être réparés faute de moyens. Et en 2012, plus aucun d’entre eux ne fonctionne à l’échelle nationale. Ce n’est qu’en 2015 que la station de Sousse est remise en état de marche, l’unique alors sur le pays à enregistrer des données concernant les particules fines.
Plus tard, les capteurs de Gabes, Sfax Ville et Sfax Groupe Chimique sont à nouveau remis en état de marche, tandis que le capteur de Sousse retombera en panne l’année suivante. L’état de fonctionnement des capteurs restant variable, il est impossible d’affirmer que les appareils de mesures sont toujours en fonctionnement. Les données restent aléatoires et de nombreuses informations ne sont pas enregistrées.
Sur l’ensemble des mesures de l’ANPE, le plus grand nombre de jours consécutifs de prélèvements date de 2007, à Sfax Ville. À l’époque, quatre mois de données consécutives avaient étés collectées. Un maximum qui n’a jamais été dépassé depuis, tous capteurs de PM10 confondus. En 2016, seuls 29 jours de données consécutifs étaient enregistrés à Gabes, plaçant la ville comme celle ayant le plus d’informations sur cette année.
Ce manque de constance dans la récupération des données ne permet pas de visualiser une évolution claire sur l’année ou de définir de taux moyens de particules fines dans une ville donnée. Sur une journée, il peut arriver que la moitié ou plus des données ne soient pas collectées. Il est alors impossible d’avoir une vision du niveau de pollution atmosphérique sur le long terme, ni d’adopter une stratégie pour limiter la pollution atmosphérique.
Quant au dioxyde de carbone, l’ozone, le dioxyde de soufre et l’oxyde d’azote, les données de l’ANPE sont collectées en ‘ppb’ (parties par billions). Cette unité de mesure nécessite de connaître la température près du capteur pour pouvoir la comparer aux seuils internationaux et nationaux. Mais, tout comme pour celles des particules fines, ces données sont régulièrement manquantes ou non disponibles.
Malgré cela, il est possible de constater qu’à plusieurs reprises, de grandes villes tunisiennes ont enregistré des pics de particules fines conséquents.
Évolution des dépassements du seuil limite dans les villes de Gabes et Sfax
Les villes de Gabes et de Sfax enregistrent le plus grand nombre de dépassements du seuil limite en matière de particules fines. Selon la norme NT106.04, un seul dépassement par an et par capteur du seuil limite est toléré.
Entre 2004 et 2016, les principaux dépassements enregistrés par l’ANPE sont concentrés à Gabes et Sfax Ville et Groupe Chimique confondus. Rien que pour l’année 2010, plus de 15 dépassements de la valeur limite tunisienne étaient enregistrés. En comparaison, Sfax Ville et Sfax Groupe Chimique n’ont jamais dépassé les quatre dépassements par an. Selon la norme tunisienne NT106.04 qui était alors en vigueur, seul un dépassement par année est autorisé par la loi. Mais ces dépassements n’ont jamais été mentionnés à la population, et il n’y a pas eu de mesures prises pour limiter ces pics de pollution.
Le lundi 21 mars 2016, les capteurs de Sfax Ville et Sfax Groupe Chimique ont enregistré des taux journaliers dépassant respectivement de 80% et de 15% le seuil limite tunisien, dépassant près de 10 fois et 6 fois le taux de l’OMS fixé à 50μg/m³.
Le 11 mai 2016, à Sousse, les capteurs ont enregistré un dépassement du seuil limite tunisien de 5% de pollution aux particules fines sur la journée. Ce qui représente un dépassement cinq fois supérieur à la recommandation de l’OMS. Sur les quelques données disponibles lors de l’année 2016, seuls ces trois dépassements du seuil limite tunisien ont été enregistrés.
Le rapport du ministère de la Santé de juin 2014 soulignait déjà le fait que les concentrations de PM10 dépassaient nettement la valeur limite tunisienne. Mais le grand nombre de données manquantes ne leur ont pas permis d’étendre leur étude sur plus d’années pour voir une évolution des dépassements.
Dépassements du seuil optimal et du seuil limite tunisien entre 2004 et 2016 selon les villes
Les données présentes sur les infographies sont celles qui ont dépassé le seuil optimal tunisien (120μg/m³) ou le seuil limite tunisien (260μg/m³). Les valeurs manquantes représentent soit des données absentes, soit des données inférieures à ces seuils. Entre 2012 et 2015, aucune donnée concernant les particules fines n’est disponible. Il est possible de zoomer sur l’infographie pour afficher les données en détail.
Une réforme tardive et incomplète
Il aura fallu attendre mai 2018 pour que la norme NT106.04 soit modifiée, soit plus de vingt ans après son instauration. S’inspirant des recommandations de l’OMS, elle considère désormais les PM2,5 et calque ses valeurs limites sur celles de l’organisation. Mais ces nouveaux seuils ne seront mis en place qu’au 1er janvier 2021. D’ici là, des dépassements des seuils limites sont tolérés par l’ANPE.
Pour les particules fines de diamètre inférieur à 2,5 microgrammes, le seuil de l’OMS est de 10μg/m³. La quantité de particules fines présentes en Tunisie est en moyenne trois fois plus élevée que la norme internationale, ce que confirme un rapport de l’OMS en 2016.
“Ce n’est pas que la Tunisie est particulièrement polluée, 92% des villes qui sont dans la base de données de l’OMS sont au-dessus de la recommandation internationale”, relativise le Dr Yves Souteyrand, représentant de l’OMS en Tunisie.
Pour lui, en tant que signataire du protocole des Nations-unies de Montréal relatif à des substances qui appauvrissent la couche d’ozone, la Tunisie doit faire des efforts importants pour contrôler la pollution atmosphérique. “D’autant que l’on est dans des régions qui, compte tenu de leur situation géographique, sont soumises de manière importante aux changements climatiques”, précise-t-il, ce qui accentue toutes les problématiques autour de la pollution de l’air. “Donc il faut absolument que le pays soit préparé à mieux faire face à cette situation et déjà mettre en place les outils qui permettront de réduire l’impact”, conseille le docteur Yves Souteyrand.
Pour appliquer les directives de l’OMS, le ministère de la Santé reste le principal interlocuteur. Le ministère de l’Environnement a également son rôle à jouer pour la politique environnementale, commente le représentant. Cela permet à l’Organisation de participer à l’élaboration de textes de loi et de réglementation des normes d’émission pour les industriels. Pour le docteur Yves Souteyrand, l’OMS a essentiellement un rôle de soutien.
“On n’est pas un organisme de sanctions. Ce n’est pas le rôle de l’OMS de dire ‘vous n’avez pas fait ça donc vous allez avoir une amende’”, explique le représentant. “L’organisation se contente de soumettre des pistes de réflexion et des solutions techniques, afin d’influencer les prises de décision du gouvernement”.
C’est dans cette optique que l’OMS publie un certain nombre de lignes directives pour mettre en place des systèmes de réduction d’émission de particules polluantes, notamment chez les entreprises.
“C’est un investissement que doivent faire les grandes industries”, expose-t-il.
Le 18 mai 2018, trois décrets gouvernementaux relatifs à la surveillance de la qualité de l’air ont été adoptés. Ils définissent les nouveaux taux, le fonctionnement et le raccordement des industries au réseau national de surveillance de la qualité de l’air, mais également les sanctions relatives aux dépassements des seuils pour les sources fixes.
La législation concernant les sources de pollution mobiles, comme les voitures et autres véhicules n’a, quant à elle, pas encore été actualisée. Les sources mobiles contribuent pourtant activement à la pollution atmosphérique.
Mais ces décrets présentent des lacunes. Après l’attente de ces textes, il reste à les appliquer. Depuis la publication des décrets, aucune station de prélèvement de données n’a pour l’instant été munie d’analyseurs de particules fines de diamètre 2,5.
Toujours concernant les PM2,5, le décret ne prévoit pas de seuil d’alerte, contrairement à ce qui est prévu pour les autres polluants. Lorsque ce palier est dépassé, des mesures urgentes doivent être prises, le taux de pollution engendrant des conséquences directes sur la santé et sur l’environnement.
En plus de cela, la procédure d’alerte reste inexistante. Plusieurs mois après le vote de ces textes, il n’est toujours pas possible de prévenir la population sur les dépassements des seuils, en particulier pour les personnes à risques, comme les asthmatiques, les personnes âgées, ou encore les enfants.
À l’échelle mondiale, les pays les moins développés sont les plus exposés aux particules fines, commente le rapport du 6 mai 2019 mené par l’ONU relatif à la biodiversité. Même si les prédictions annoncent une baisse de leurs taux, ils restent deux fois supérieurs à la moyenne internationale.