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Devenir membreDepuis plusieurs années, les rapports du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) sont sans équivoque : le changement climatique s’accélère et s’intensifie à un rythme sans précédent. Il est désormais incontestable que les activités humaines sont à l'origine de ce dérèglement, provoquant des phénomènes climatiques extrêmes (vagues de chaleur, fortes précipitations, sécheresses…) plus fréquents et sévères.
À partir de données de projections établies par l’INM (Institut national de météorologie), inkyfada revient sur les dérèglements climatiques qui guettent la Tunisie d’ici 2100.
Le scénario choisi est le RCP 8.5, décrit par le GIEC, comme étant celui d’un "futur sans régulation des émissions, menant à environ 5°C de réchauffement global d’ici la fin du siècle”.
Il est le scénario le plus pessimiste en termes d’émissions de gaz à effet de serre, mais aussi celui qui se rapproche le plus de la tendance actuelle.
Évolution de la température moyenne annuelle en Tunisie d’ici la fin du siècle
Le détail de l’évolution de la température moyenne est disponible pour chaque gouvernorat.
Les observations sur les 40 dernières années (1978-2012) ont montré une tendance à la hausse significative des températures moyennes, maximales, et minimales annuelles d’environ 2.1°C. Cette hausse varie cependant selon les régions. D’ici 2050, la température moyenne en Tunisie devrait augmenter de 1.9°C, soit de 10% par rapport aux valeurs actuelles, et de 3.9°C en 2100, soit 20% d’augmentation. En 2100, chaque région aura une température moyenne annuelle d’au moins 21°C contre 16.5°C en 1990.
Évolution du cumul des précipitations annuelles en Tunisie d’ici la fin du siècle
Sur l’ensemble de la Tunisie, les projections climatiques montrent une diminution des précipitations, quel que soit le scénario considéré. Selon le scénario RCP8.5 du GIEC, le plus pessimiste, cette diminution serait de 22 mm en 2050, soit de 9% par rapport à la valeur actuelle, et de 45 mm en 2100, soit une diminution de 18%. Ces baisses auront un impact particulièrement important sur l’agriculture. La production en céréales devrait chuter de près de 40 %, tandis que le rendement des oliviers pourrait subir une baisse de rendement de 32 %.
Évolution du nombre de jours consécutifs de pluie d’ici la fin du siècle
Le détail de l’évolution du nombre de jours consécutifs de pluie est disponible pour chaque gouvernorat
Avec le déclin des précipitations, les projections climatiques prévoient une diminution du nombre de jours consécutifs de pluie dans l’ensemble du pays. Cela entraînera une augmentation de la fréquence et de l’intensité des sécheresses, particulièrement importante dans le sud du pays.
Évolution du nombre de jours secs consécutifs d’ici la fin du siècle
Le détail de l’évolution du nombre de jours secs consécutifs est disponible pour chaque gouvernorat
L’augmentation du nombre de jours secs consécutifs entraînera des sécheresses de plus en plus importantes qui auront un impact sur la superficie des terres cultivables, sur la perte de fertilité et d’humidité des sols, et sur l’avancée du désert. Pour répondre aux besoins en eau, la pression sur les nappes phréatiques augmentera, avec le risque d’une surexploitation des eaux souterraines.
Évolution de la durée des vagues de chaleur et des températures moyennes
Le détail de l’évolution de la durée des vagues de chaleur est disponible pour chaque gouvernorat
Les projections climatiques prévoient un nombre plus élevé de journées de canicule. Selon le scénario RCP8.5 cette augmentation serait en moyenne de 39 jours/an en moyenne en 2050, et de 107 jours/an en 2100 par rapport à la valeur actuelle. Ces vagues de chaleurs peuvent entraîner des accidents graves et même mortels, comme la déshydratation et sont également propices aux pathologies liées à la chaleur et à l'aggravation de pathologies préexistantes.
D’après le plus récent rapport du GIEC, rendu public en avril 2022, le monde se dirige vers un réchauffement de +3,2°C et l’humanité ne disposerait plus que de trois ans pour inverser la tendance. Afin d’éviter ces scénarios catastrophes, plusieurs mesures doivent être prises : réduire les émissions de gaz à effet de serre en sortant définitivement des énergies fossiles, investir dans les énergies renouvelables, arrêter toute déforestation et restaurer les écosystèmes naturels, la mise en place d’une agriculture durable et raisonnée, instaurer une meilleure efficacité énergétique avec par exemple la rénovation thermique des bâtiments, ainsi qu’une économie généralement plus sobre. Les expert·es insistent sur l’urgence de la situation : il faut que ces engagements arrivent le plus tôt possible pour espérer inverser - ou au moins réduire - la tendance.