En mai 2016, Sadok Mzabi entreprend des démarches pour l’ouverture d’une société aux îles Vierges britanniques, un territoire ultramarin du Royaume-Uni, classé numéro 1 sur l’indice des paradis fiscaux pour les sociétés, du Réseau pour la justice fiscale. Pour ce faire, il a recours au cabinet “Trident Trust Company”. Cette firme est au cœur des Pandora Papers, la nouvelle enquête d’ICIJ qui révèlent les données confidentielles de 14 cabinets spécialisés dans l’ouverture de sociétés offshores et la mise en place de montages financiers opaques.
Sadok Mzabi aux îles Vierges britanniques
Dans ces fichiers, inkyfada a découvert l’existence de la société
“El Bahar Limited”, une société domiciliée aux îles Vierges britanniques, un célèbre paradis fiscal. Cette société a pour seul bénéficiaire
“Mohamed Sadok Mzabi”. Il n’a pas été possible de déterminer si ce dernier a eu recours à cette société pour ouvrir des comptes bancaires ou faire transiter de l’argent. Contacté par inkyfada, Sadok Mzabi n’a pas donné suite aux demandes d’entretien.
Directeur exécutif d’Afrivisions - une société spécialisée dans la création de produits électroniques -, propriétaire de nombreux hôtels - tels que Palmazure, Royal Garden, etc. - actionnaire majoritaire du concessionnaire ARTES... Sadok Mzabi est l’un des hommes d’affaires les plus fortunés en Tunisie. Le 21 février 2021, il a notamment fait l’acquisition de plus de 200.000 actions ARTES pour près de 900.000 dinars et serait dans le Top 20 des investisseurs les plus importants de la Bourse de Tunis, tout comme ses deux frères, Mzoughi et Moncef Mzabi.
Les paradis fiscaux, une affaire de famille
Les documents d’où proviennent ces informations ont été émis le 12 mai 2016. À peine trois jours plus tôt, inkyfada révélait dans le cadre des Panama Papers comment Mzoughi Mzabi, l’homme d’affaires tunisien et frère de Sadok, avait pu ouvrir un compte en Suisse, presque 30 ans auparavant, dans l’opacité la plus totale. Par un habile montage du cabinet panaméen Mossack Fonseca spécialisé dans la création de sociétés offshores, l’homme d’affaires a pu profiter de son compte bancaire sans que son nom n’apparaisse nulle part.
Quelques mois auparavant, dans les SwissLeaks, inkyfada révélait comment, en janvier 2004, un troisième frère, Moncef Mzabi, a pu ouvrir un compte bancaire au sein de la banque HSBC, en Suisse, dont le montant frôlait les 10 millions de dollars.
Ainsi, Moncef, Mzoughi et Sadok Mzabi ont tous les trois cédé à l’appel des paradis fiscaux. Ces trois frères, qui font partie des hommes d’affaires les plus importants du pays, ont pu profiter de montages et de législations opaques qui leur ont permis d’échapper au fisc tunisien pendant des années. Ni Moncef ni Mzoughi Mzabi n’ont dû répondre de ces faits devant la justice tunisienne, pour l’instant.