“Ceux-là, je les applique tous les 15 jours… Pour les acariens je mets celui-là”, désigne Chokri, en sortant ses sacs et bouteilles de pesticides d’un abri, situé à côté de son champ qui borde sa maison. L’agriculteur se procure les “médicaments des plantes” chez un vendeur, qui le fournit à crédit. Chaque pesticide est dédié à un type de menace : insectes, champignons, mauvaises herbes… Les épidémies sont récurrentes et varient suivant les saisons, chaque culture ayant son lot de maladies et nuisibles. Chokri estime que sans ces produits, il lui serait impossible d’atteindre un rendement suffisant.
Mais ces pesticides ont un coût. Pour sa dernière commande, en août 2019, Chokri a acheté à crédit près de 10.000 dinars de pesticides, engrais et équipements auprès de son vendeur. Mais cette année, ses achats n’ont pas suffi à sauver ses tomates.
Dans un champ de tomates proche de celui de Chokri, les tomates ont mieux résisté au climat. Les cageots restent sur le champ, après que les ouvrières agricoles ont ramassé les cultures.
LIVRÉ·ES À LEUR SORT
L’utilisation de pesticides à usage agricole doit être encadrée par des représentant·es du ministère de l’Agriculture. Dans chaque Commissariat régional de développement agricole (CRDA), un·e vulgarisateur·trice est chargé·e d’aider les agriculteurs·trices en venant voir leurs cultures pour les conseiller et préconiser des traitements. À Siliana, Chokri affirme qu’il ne voit presque jamais ce vulgarisateur. Pour savoir quels produits acheter, il compte sur son vendeur de pesticides.
À quelques kilomètres de là, Ahmed* qui possède deux hectares de vignes, confirme les propos de Chokri. Il est critique envers ces représentant·es de l’État. “Ils sont complètement absents, ils ne viennent jamais !”, affirme-t-il, désabusé.
Comme lui, il traite directement avec son vendeur de pesticides qui le conseille sur les produits. Mais Ahmed n’est pourtant pas convaincu de cette manière de faire.
Le vendeur est “à la fois le médecin et le pharmacien”, compare-t-il.
Une fois le constat effectué, le vendeur va “prescrire” des pesticides qu’il aura choisi. “Peut-être que tu n’en as pas vraiment besoin. Il peut te donner les produits les plus chers et les plus dangereux”.
Au total, Ahmed dépense un tiers du budget alloué à la culture de ses vignes dans l’achat de pesticides. “J’applique des produits tous les 12 jours pour être protégé en permanence”. Il lui arrive de réduire les doses prescrites pour faire des économies. Mais cela peut être risqué. Une année, il n’a pas assez protégé ses vignes pendant l’hiver et une épidémie a ravagé ses plants.
Comme beaucoup d’agriculteurs·trices, il n’a pas les moyens d’acheter au prix comptant. “Tous les 10 jours, je commande pour 500 dt de pesticides (à crédit)”. Ce n’est qu’une fois ses récoltes vendues, à l’automne, qu’il rembourse ses dettes. Mais ce délai de paiement a un prix : les vendeurs·ses fixent des intérêts pouvant aller jusqu'à 50% du coût de la commande.
Chokri dilue les pesticides dans son pulvérisateur. C'est principalement avec cette machine qu'il traite ses plants de tomates.
Des dégâts parfois irréversibles
Ahmed est conscient des risques sur la santé et l’environnement liés à l’utilisation des pesticides. Il n’applique jamais les produits chimiques sans être équipé de gants et d’un masque. “Dès que j’utilise des insecticides, je le sens… Ma santé elle est partie ici”, dit-il en désignant son champs de vignes de la main.
L’ensemble des agriculteurs·trices ne prennent pas toujours autant de précautions que lui lorsqu’ils et elles manipulent des pesticides. Chokri déverse les produits sur ses cultures en portant uniquement un masque car “les équipements de protection coûtent cher”. Il possède un pulvérisateur à pesticides mais l’utilise sans gants ou tenue de protection, contrairement à ce que recommandent les fabricant·es et vendeur·euses.
Habitant à côté de ses terres, il range les sacs de pesticides et d’engrais dans l’enceinte de sa maison après chaque utilisation, à l’abri du soleil et de la pluie. Il est conseillé de ne pas laisser les produits à l’extérieur car les variations climatiques peuvent leur faire perdre en efficacité ou les faire changer de propriétés, les rendant potentiellement plus dangereux.
Toutes et tous ne procèdent pas de la même manière. Dans plusieurs champs de la région, les bouteilles et emballages de pesticides restent sur place en permanence. Dans une étude* publiée en 2016, l’Agence nationale de contrôle sanitaire et environnemental des produits (Ancsep) détaille les conséquences des pesticides sur la santé humaine.
Les substances actives utilisées dans les pesticides peuvent avoir des effets toxiques sur la santé, tels que des cancers, des perturbations endocriniennes, etc. Les fongicides, produits éliminants les champignons, sont particulièrement visés, surtout que ces derniers sont les plus vendus sur le marché tunisien.
À l’échelle nationale, les pesticides constituent la deuxième cause d’intoxication, après les médicaments.
Le rapport ajoute qu’au niveau environnemental, il y a un risque de contamination de l’air, du sol et de l’eau à cause de ces produits chimiques. Même si l’Ancsep a conscience de ces risques, l’agence reconnaît qu’il est jusqu’à présent impossible de savoir à quel point l’environnement tunisien est impacté par ces pesticides. “Il n’y a pas de mécanisme permettant de mesurer et de suivre l’évolution des taux de pollution” et “aucune étude nationale n’a été faite à ce jour”, est-il indiqué dans le rapport de 2016. Quatre ans après, aucune nouvelle étude n’a été rendue publique et rien n’a changé : le système de vigilance promis n’a toujours pas été mis en place.
Toujours d’après l’agence, ces conséquences nocives sont dues à un manque d’information, de formation et de sensibilisation. Le rapport indique qu’ “une attention particulière devrait être accordée à leur manipulation”.
Les agriculteurs et agricultrices, souvent livré·es à leur sort, doivent se fier aux prescriptions de leurs vendeurs·ses et parfois estimer seul·es les doses nécessaires, sans qu’aucun contrôle ne soit fait. Il se peut qu’un·e agriculteur·trice, habitué·e à un certain dosage de pesticide, ne soit pas au courant des nouvelles recommandations d’usage lorsqu’il ou elle achète un nouveau produit dont le dosage diffère. “Les petits producteurs sont en général des gens qui ne savent pas forcément lire et écrire”, commente Aymen Amayed de l’Observatoire national de la souveraineté alimentaire et de l’environnement (OSAE).
Une ouvrière agricole récupère du raisin des vignes que possède Ahmed.
Des plantations aux assiettes
Les risques liés à l’utilisation des pesticides ne s’arrêtent pas aux agriculteurs·trices et à l’environnement. Les personnes vivant à proximité des cultures peuvent respirer les dégagements des pesticides jusqu’à plusieurs kilomètres alentours. Les produits chimiques peuvent également polluer les nappes phréatiques par infiltration dans le sol. “Et les résidus peuvent aller jusqu’à plusieurs centaines de kilomètres plus loin”, commente Aymen Amayed de l’OSAE.
Les consommateurs·trices ne sont pas non plus épargné·es. Il arrive que des récoltes mises sur le marché soient impropres à la consommation. Par exemple, Chokri est censé arrêter d’utiliser un fongicide, un produit agissant sur les champignons, trois jours avant de récolter ses tomates.
Ce délai avant récolte (DAR) n’est parfois pas respecté par les agriculteurs·trices, soit par méconnaissance, soit parce que certain·es espèrent mieux protéger leurs plants en appliquant le produit jusqu’au bout. D’un point de vue juridique, Emna Mornagui de l’OSAE explique qu’ils et elles ne risquent rien car aucune loi n’exige d’analyser leurs productions avant leur mise en vente.
Mais d’après l’Ancsep, même lorsque les pesticides sont appliqués correctement, ils laissent des résidus. “Ceci est incontestable et bien établi”, indique le rapport. Par ingestion, ces résidus peuvent entraîner des troubles digestifs et neurologiques, pouvant aller jusqu’à des convulsions voire une perte de connaissance.
“Seulement quelques vomissements ou bien quelques maux de tête… ”, minimise Moussa Chebaane de la direction générale de la protection et du contrôle de la qualité des produits agricoles au ministère de l’Agriculture.
Si une personne souhaite connaître le taux de résidus dans ses produits, elle peut se tourner vers un laboratoire rattaché et situé dans l’enceinte du ministère de l’Agriculture. Pour 200 dinars, il est possible de réaliser des analyses sur chaque lot d’aliment.
Dans ce contexte et compte tenu du prix élevé, les aliments consommés ne subissent quasiment jamais de tests et sont vendus sans que leur teneur en pesticides ne soient vérifiée.
Seul·es les exportateurs·trices de fruits et légumes payent ce service, tout comme quelques grandes surfaces, assure Moussa Chebaane, principalement pour savoir si leurs produits correspondent aux normes internationales et peuvent être vendus à l’étranger.
Pour la culture de ses tomates, Chokri n'utilise pas moins de cinq pesticides, en plus d'autres engrais et stimulateurs de croissance.
Des pesticides venus d’ailleurs
L’ensemble des produits achetés par Chokri, Ahmed et les autres agriculteurs·trices sont fabriqués par des multinationales, telles que Bayer, Dow Chemical, BASF, etc. Importés en masse, ils sont mis en bouteilles et vendus par des entreprises partenaires tunisiennes. Au total, environ 700 pesticides à usage agricole sont disponibles en Tunisie, ce qui constitue un “petit marché”, assure Moussa Chebaane du ministère de l’Agriculture.
Étant tous importés, ces produits coûtent cher. Mais Ahmed et Chokri affirment qu’ils n’ont “pas le choix” et sont obligés d’en acheter. Sans pesticides, leurs cultures ne survivraient pas, car comme la majorité des agriculteurs·trices, ils utilisent des semences hybrides. Ces dernières, fabriquées par les mêmes multinationales, ne se reproduisent pas et ne sont pas toujours adaptées aux différents climats. Fragiles, elles ont du mal à résister aux variations climatiques, maladies, contrairement aux semences paysannes qui étaient utilisées quelques dizaines d’années auparavant. Ahmed se souvient que ces dernières n’avaient pas besoin de pesticides ou d’engrais pour pousser et qu’il n’était pas nécessaire d’en racheter d’une année à l’autre.
Lors de leur arrivée sur le marché dans les années 1960, les semences hybrides et leur lot de pesticides étaient fournies à moindre coût aux agriculteurs·trices dans le cadre du Programme d’aide alimentaire mondial (PAM).
Mais après quelques années de distribution, le prix des produits a augmenté. Entretemps, les semences paysannes avaient été délaissées par beaucoup d’agriculteurs·trices qui n’ont plus eu d’autre choix que d’acheter les semences importées et les pesticides qui allaient avec, devenus indispensables.
Ahmed arrache régulièrement des morceaux d'écorce de ses plans de vignes pour vérifier qu'ils ne sont pas atteints par des ravageurs.
Une procédure d'homologation Bâclée
Pour qu’un pesticide soit mis sur le marché, le ministère de l’Agriculture est censé soumettre le produit à plusieurs tests pour vérifier sa conformité, son efficacité, son impact sur l’environnement et la santé humaine. Un échantillon est prélevé pour effectuer différents examens techniques en laboratoire et en conditions réelles sur des cultures ‘test’ afin de vérifier leur composition et leurs effets.
Dans les faits, la moitié de ces examens, notamment celui pour vérifier la toxicité, n'est pas réalisée.
Actuellement, le seul test effectué par le laboratoire du ministère de l’Agriculture est l’examen analysant la concentration de la substance active du pesticide mais “les autres composants ne sont pas analysés”, détaille le rapport de l’Ancsep, alors que ces éléments peuvent également présenter des risques pour la santé.
Le ministère est également censé vérifier l’efficacité du produit à travers un “test d’efficacité”. Les substances doivent être appliquées sur des cultures ‘test’ pour observer les effets du pesticide. Mais au ministère de l’Agriculture, on avoue ne pas faire ce test par manque de moyens. “Avec les départs à la retraites, on n’a plus l’effectif nécessaire pour le faire”, explique Moussa Chebaane.
Pour pallier le manque de personnel, le ministère a effectué une quinzaine de conventions avec les instituts de recherche en agronomie. Les étudiant·es se voient désormais proposer de mettre en pratique ces tests - qui peuvent durer plus d’un an - comme projet de fin d’étude.
En théorie, d’autres analyses relatives à la toxicité des pesticides sur l’environnement et la faune devraient également être effectuées. Faute de moyens, elles ne sont pas faites.
“Le ministère demande aux entreprises de faire ces tests dans le pays d’origine”, explique Emna Mornagui de l’OSAE, “sauf que ce n’est pas le même climat, pas la même terre, pas les mêmes variétés de plantes… Donc ça n’a pas de sens !”.
En plus de tous ces tests manquants sur les pesticides, l’Etat n’effectue plus d’analyse sur les résidus sur les cultures depuis 1999, affirme l’ANCSEP dans son rapport. Ce test est censé déterminer le délai avant récolte (DAR) pendant lequel l’agriculteur·trice ne doit plus utiliser de pesticide sur ses cultures, afin de limiter la concentration de produits chimiques dans les aliments prêts à être consommés.
Ces manquements n’empêchent pas la commission d’homologation de valider la mise sur le marché des pesticides, sans que cette dernière n’ait à justifier ces lacunes. Cette commission d’homologation est composée de plusieurs membres permanent·es issu·es de ministères en lien avec la gestion des pesticides, mais aussi d’observateurs·trices de diverses associations, pour vérifier son bon déroulement et défendre les intérêts des consommateur·trices.
Mais parmi ces représentant·es, Emna Mornagui accuse certain·es de conflits d’intérêts évidents. Par exemple, le vice-président de l’association tunisienne de protection des plantes (ATPP), Naceur Chouikh possède plusieurs casquettes.
En plus d’assister à la commission d’homologation des pesticides en tant que membre observateur, il est, le reste du temps, gérant d’une entreprise de revente de pesticides. Depuis plusieurs années, il est aussi un des représentant·es de Bayer en Tunisie.
Cette multinationale, productrice de pesticides et de semences hybrides, a racheté l’entreprise Monsanto, notamment pointée du doigt pour sa commercialisation du glyphosate. Un herbicide controversé, régulièrement accusé d’être “probablement cancérigène” par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) mais qui reste toujours commercialisé.
l'immobilisme de l'état
Une fois qu’un pesticide est mis sur le marché, le ministère de l’Agriculture est censé également procéder à des contrôles auprès des vendeur·ses, notamment pour vérifier que les produits vendus aux agriculteurs·trices ne sont pas périmés ou stables.
Pourtant, l’un des produits que Chokri applique sur ses plants de tomates tous les 15 jours, l’insecticide Appolo 50SC, a été fabriqué en 2015. En théorie, ce produit aurait dû subir un test afin de vérifier sa stabilité en 2017, soit deux ans après sa mise sur le marché. Mais dans les faits, le vendeur de Chokri, basé à Siliana, dans une zone reculée, échappe au contrôle de l’État. “On ne peut pas tout surveiller”, défend l’employé du ministère Moussa Chebaane. Seuls les vendeurs·ses ayant de grands entrepôts reçoivent la visite des contrôleurs·ses, à conditions que leurs locaux soient accessibles et que les quantités soient suffisantes. “Un produit chimique, tant qu'il est stocké dans son emballage d'origine dans de bonnes conditions, peut être conservé une dizaine d'années”, minimise-t-il.
Si le test de contrôle montre qu’un produit n’est plus stable, celui-ci devrait faire l’objet d’un signalement ou être retiré. Mais les retraits émanants des autorités tunisiennes sont très rares, toujours selon le responsable du ministère. Tous les pesticides étant importés, le ministère de l’Agriculture fait seulement écho aux signalements émis à l’étranger.
Lorsqu’un produit est retiré du marché de son pays d’origine, son importation est généralement stoppée. Mais si le pesticide retiré n’a pas d’équivalent commercialisé en Tunisie, il arrive qu’il soit maintenu sur le marché. "On ne peut pas retirer un produit sans qu'il y ait un substituant", justifie l'employé du ministère, tout en soulignant que la Tunisie n'est pas le seul pays à agir de la sorte. Il n'a cependant pas donné d'exemple de produits maintenus faute d'équivalent. Les pays proscrivant l’utilisation d’un produit sur le territoire n’en interdisent pas toujours sa fabrication et peuvent continuer à l’exporter.
Si le produit est effectivement retiré, les vendeurs·ses possédant plusieurs lots du pesticide en question doivent trouver un moyen de se débarrasser de leurs stocks. “Il y a un délai d’attente pour liquider le produit”, explique Moussa Chebaane. Selon la loi, le pesticide doit être retiré en moins d’un an.
Mais pour l’employé du ministère, il est parfois mieux de continuer d’utiliser le produit jusqu’à écoulement des stocks. “Le retirer ? Qu’est ce qu’on va en faire ?”, ironise-t-il. Si le pesticide est commercialisé en petite quantité chez un·e vendeur·se, il estime qu’il est plus simple de vendre les lots restants.
Une autre raison pousse Moussa Chebaane à préconiser l’écoulement du produit. En théorie, les pesticides retirés doivent être récupérés afin d’être détruits selon les normes de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture.
“On n’a pas la technique”, concède l’employé du ministère. Quelques sociétés agréées par l’Association nationale de gestion des déchets (ANGED), sous la tutelle du ministère de l’Agriculture, sont habilitées pour récupérer les stocks et les détruire dans d’autres pays. Les vendeurs·ses ont la possibilité de demander aux fabricant·es de récupérer leurs stocks, mais ce service est payant.
Le même problème se pose pour les emballages des pesticides. Étant contaminés, ils doivent suivre le même processus. Mais selon les différents témoignages, les agriculteurs·trices jettent les bouteilles et emballages en bordure de leurs champs ou les brûlent. Sans forcément le savoir, ils et elles polluent les sols et nappes phréatiques alentours.
Dans un champ, une bouteille vide de pesticides est laissée sur place. Les emballages de ces produits chimiques sont considérés comme contaminés et devraient être détruits selon des normes strictes.
En 2002, le gouvernement avait reçu un soutien financier en adhérant au Programme africain relatif aux stocks de pesticides obsolètes (PASP - Tunisie). Ce programme visait à réduire les quantités de pesticides périmés tout en trouvant des solutions pour se débarrasser des produits non conformes. Il a donné lieu à la création d’un système national de vigilance afin de maîtriser les risques liés aux pesticides en Tunisie (SNVP). Malgré les sollicitations, aucune information n’a été fournie pour connaître l’avancement de ce projet.
En plus du manque de moyens, une nouvelle législation liée au secteur tarde à être mise en application. Une Instance nationale pour la sécurité sanitaire et la qualité des produits alimentaires devrait être créée prochainement afin de superviser le secteur des pesticides, “et peut-être créer un département qui contrôle les résidus de pesticides et qui fait des analyses systématiques”, espère Moussa Chebaane.
La loi relative à sa création a été adoptée en février 2019 par l’Assemblée des représentants du peuple. “Ça va être fait”, affirme l’employé du ministère avant d’ajouter avec sarcasme, “mais il faudra encore attendre deux ou trois ans pour sa création”.
Au marché de Siliana, où Ahmed vend ses raisins, les consommateurs·trices ne se doutent pas de toutes ces problématiques et des risques liés à la consommation des produits qu’ils et elles achètent. "Les pesticides rendent les fruits meilleurs", assure une cliente.