Tunisienne résidente à l’étranger, née à Lyon, cette élue a grandi dans un quartier populaire d’où est parti en 1983 la marche pour l’égalité et contre le racisme. alors qu’elle est âgée de 12 ans. Une marche qui trouve son origine dans les injustices
vécues par une partie de la population, injustices qui marqueront Karima Souid.
"Quand on mène un combat il faut le faire jusqu’au bout. Il faut lutter contre les injustices et revendiquer sa place de citoyen à part entière." Très impliquée dans le milieu associatif c’est naturellement qu’elle trouve sa place dans l’action
politique. Femme de caractère
"qui n’hésite pas à dire ce qu’elle pense et qui s’indigne". Mais ce qui se manifeste dans son combat n’est pas anodin, il y a des événements liés à sa vie privée l’anime.
Pourquoi vous êtes-vous présentée en octobre 2011 ?
Je n’étais pas dans l’action politique, mais plutôt dans le militantisme associatif. Quand la révolution éclate je suis les événements via les réseaux sociaux et via ma famille qui est à Tunis.
Et je découvre des opposants qui ont joué un rôle important et je m’aperçois que ce pays je le connais très mal. C’est un pays dans lequel je n’ai pas manqué de venir chaque année, trois ou quatre fois par an, pour les vacances en famille. Mais aussi
un pays que je fréquente pour le travail puisque je suis spécialiste de la destination Tunisie en tant que directrice de projet pour l’organisation de congrès et de séminaires. Je suis très en lien avec le pays. Je sais que c’est une dictature et un
incident en 2006 interpelle mon attention : une altercation avec un délégué de gouverneur me vaudra des problèmes avec la police. Aujourd’hui je comprends mieux cet incident.
A l’époque je ne connaissais pas les opposants et c’est avec la révolution que je découvre l’histoire politique du pays et que je me rapproche du parti Ettakatol, car nous partageons des valeurs. Et comme je milite dans l’associatif je suis contactée
pour aider à organiser une réunion publique pour Mustapha Ben Jafaar. On me propose alors de m’engager et je refuse. Mais un ami réussit à me convaincre des enjeux pour les Tunisiens à l’étranger. Je me dis que finalement c’est un moyen de me réapproprier
mon pays et de défendre cette catégorie de Tunisiens qui est toujours exclue de l’histoire du pays. C’est comme ça que je m’engage.
Quelle a été votre expérience de ces trois années écoulées ?
Je n’ai jamais cru que je vivrais une telle discrimination. Et finalement ce n’est pas plus mal. Des douleurs pareilles permettent de crever l’abcès. Mes collègues élus se sont rendu compte qu’il s’agissait d’une fracture linguistique dont nous n’étions
pas responsables. Et le fait d’avoir pu imposer nos différences je le vis comme une victoire puisque le fait d’être acceptée est un pas fait pour les Tunisiens de la deuxième génération.
Le fait également d’avoir constitutionnalisé le droit de vote aux élections législatives pour les Tunisiens à l’étranger est important.
Il y aussi la symbolique de la binationalité et le fait de n’avoir à s’en défaire qu’en cas d’élection comme Président de la République. Ceci a été pour moi un moment très émouvant et très dur, parce que de nombreuses insultes ont fusé. Mais depuis j’ai
réussi à me blinder et cela aujourd’hui importe peu. Je n’ai qu’un seul objectif : les droits des Tunisiens à l’étranger.
Pourquoi vous présentez-vous en octobre 2014 ?
Le combat pour les droits des Tunisiens à l’étranger est un combat qui continue. J’ai beaucoup réfléchi à savoir si je devais me représenter dans ce futur parlement. Est-ce la vie que je veux : stressante, fatigante, faite de sacrifices familiaux, financiers ?
Mais je me dis que je n’ai pas le droit d’abandonner. Il y a encore tant de droits à consacrer. C’est aussi un engagement envers mon pays que je me suis réappropriée. Oui aujourd’hui c’est mon pays !
Je veux continuer à lutter contre les discriminations faites aux Tunisiens à l’étranger. Par ailleurs la transition démocratique est fragile et je sais qu’il nous reste du chemin pour pouvoir installer la démocratie. Je mène ce combat pour tous les Tunisiens.
Il va falloir revoir les lois liberticides de Ben Ali, il faut transposer les principes de la Constitution dans la législation, il va y avoir de nombreux projet de lois et le contrôle du nouveau gouvernement… En réalité je considère que nous n’avons
fait qu’un tout petit pas, que le combat continue.
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