Présidentielles 2014 : Cinq candidats, cinq équipes de campagne et un scrutin historique

Deux favoris, deux challengers et la seule candidate : une journée en images avec cinq machines électorales.
Par | 25 Novembre 2014 | reading-duration 15 minutes

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Le premier tour des élections présidentielles pluralistes libres a eu lieu dimanche 23 novembre, en Tunisie. Les électeurs avaient le choix entre vingt-sept candidats. Les premières estimations donnent les deux candidats attendus, en lice pour le second tour.

Béji Caid Essebsi, le leader du parti Nidaa Tounes obtiendrait la première place devant le Président sortant, Moncef Marzouki. Il est suivi de Hamma Hammami, le candidat du Front Populaire qui arriverait en troisième position, devant le fondateur de l’Union Patriotique Libre Slim Riahi. Toute la journée les équipes se sont activées dans les bureaux de campagne des candidats. La seule candidate serait loin derrière.

La journée a débuté doucement. Les centres de vote quasi déserts ont laissé croire un temps que les électeurs ne se déplaceraient pas.

8H

Contrairement au législatives les bureaux de vote ont ouvert à huit heures. Autre nouveauté des bulletins de vote en braille sont disponibles pour les malvoyants. Ici dans un bureau de vote à L’Aouina. Crédit image : Malek Khadhraoui.

Les candidats eux n’ont pas attendu pour aller voter. Béji Caid Essebsi, leader du parti Nidaa Tounes, était un des premiers candidats à se présenter à un bureau de vote vers 8h30. Il a voté à la Soukra, entouré d’une cohorte d’agents de sécurité, de journalistes et de citoyens.

Le convoi de Béji Caid Essebsi arrive devant un centre de vote de la Soukra. Crédit image : Amine Landoulsi.
Le candidat était entouré d’une foule de journalistes et de citoyens. Crédit image : Amine Landoulsi.
A Menzah 1 trois générations d’une même famille se retrouvent pour un café, après avoir voté. Crédit image : Malek Khadhraoui.

Une vive émotion entourait le vote du candidat du Front Populaire et militant des droits de l’Homme, Hamma Hammami. Il était accompagné de sa femme Radhia Nasraoui, avocate et également militante des droits de l’Homme.

Le candidat du Front Populaire, Hamma Hammami, visiblement ému d’avoir voté. Crédit image : Marieau Palacio.
BCE salue la foule avant de remonter en voiture. Crédit image : Amine Landoulsi.
Pour ce scrutin des personnes ont été mobilisées pour venir en aide aux électeurs porteurs d’un handicap. Mais beaucoup reste à faire : plus de la moitié des centres de vote n’étaient pas accessibles. Crédit image : Meher Hajbi.

Pour Kalthoum Kannou le vote s’est fait en famille. La première et unique candidate de la course à la Présidence s’est rendue aux urnes, entourée d’une garde rapprochée et accompagnée de son mari et de ses enfants, au bureau Karabaka à Montfleury, où elle était attendue par les médias.

La première et unique candidate à la présidentielle, Kalthoum Kannou, quitte son domicile pour aller voter. Crédit image : Salsabil Chellali.
Hamma Hammami et sa femme Radhia Nasraoui acclamés par la foule à leur sortie. Crédit image : Marieau Palacio.
Kalthoum Kannou au moment du vote. Crédit image : Salsabil Chellali.
La candidate brandit fièrement son index encré de violet. Crédit image : Salsabil Chellali.
Hamma Hammami a longuement salué et discuté avec les citoyens et les forces de sécurité présents autour du centre de vote. Crédit image : Ferid Rahali.

Moncef Marzouki, le Président sortant, a voté à Hammam-Sousse en milieu de journée. A sa sortie de bureau une partie de la foule présente l’a hué. Il a ensuite rejoint Tunis pour se retrouver son équipe dans son bureau de campagne à l’Ariana.

Slim Riahi, candidat de l’Union Patriotique Libre n’a pas voté pour le premier tour de l’élection présidentielle. Enregistré à Londres il a préféré rester dans le pays pour observer le processus plutôt que de se déplacer. Il a rapidement rejoint l’équipe de campagne dans le bureau du parti, aux berges du Lac.

Des dizaines de milliers de soldats et policiers ont été mobilisés pour assurer la sécurité du scrutin. Crédit image : Malek Khadhraoui.
La mobilisation citoyenne a été faible durant la matinée du scrutin. Crédit image : Sana Sbouai.

14H

Une citoyenne déçue s’est assise parterre. Elle explique avoir voté pour le candidat Mohamed Frikha car son équipe de campagne lui a promis de l’aider. Mais a sa sortie du bureau de vote elle n’a trouvé personne. Crédit image : Malek Khadhraoui.

Slim Riahi est arrivé en début d’après-midi dans le local de l’UPL. Le candidat s’est enquis des observations recueillies par son équipe. Sur le terrain il a délégué plus de onze mille observateurs. Dans le QG une trentaine de militants, en grand partie des femmes, se sont occupés toute la journée de la communication. Le candidat se déclarait optimiste et déclarait qu’il trouverait honorable d’arriver en troisième position.

Drapeau du parti de l’UPL à côté de celui de la Tunisie dans le QG de campagne de Slim Riahi, dans un immeuble luxueux au Lac II. Crédit image : Walid Mejri.
Slim Riahi arrive dans le bureau de son parti, où il a installé son QG de campagne. Crédit image : Walid Mejri.
Salle de collecte d’informations des onze milles observateurs mobilisés par le candidat Slim Riahi. Crédit image : Walid Mejri.

Les bureaux du QG de campagne de Béji Caïd Essebsi, étaient installés dans deux étages d’un immeuble cossu du Lac. Une équipe de jeunes militants s’est activée toute la journée. Eux aussi étaient répartis en équipe : juridique, communication, vote à l’étranger.

On comptait beaucoup de femmes parmi les militants. Dans l’après-midi Mohsen Marzouk et Hafed Essebsi s’inquiétaient du faible taux de participation en fin de matinée et appelaient les militants à intensifier les messages pour que leurs sympathisants aillent voter. Les premières estimations sortie des urnes placent le candidat en tête mais le passage au premier tour est impossible.

Un peu plus loin dans le quartier du Lac, l’équipe de communication digitale de Béji Caïd Essebsi, où une quinzaine de jeunes assure l’animation de la campagne sur les réseaux sociaux. Crédit image : Malek Khadhraoui.
Dans le QG de campagne de Béji Caïd Essebsi une salle est dédiée au suivi des formations destinées aux militants. Crédit image : Malek Khadhraoui.

Dans le bureau de campagne de Hamma Hammami, installé dans une salle de l’hôtel Africa, au centre ville de Tunis, les jeunes militants, très nombreux, travaillaient en équipe. Une partie d’entre eux s’affaire à recueillir les infractions constatées par les observateurs sur le terrain, par circonscriptions. L’équipe juridique ainsi que l’équipe de communication ont travaillé toute la journée. Le candidat les a rejoint dans la soirée.

Dans le hall de l’hôtel Africa, une affiche indique la salle où se trouve l’équipe de campagne de Hamma Hammami. Crédit image : Sana Sbouai.
L’équipe de communication de la campagne de Hamma Hammami. Crédit image : Ferid Rahali.

A l’Ariana, l’équipe de campagne s’est activée toute la journée dans le bureau de Moncef Marzouki. Les membres du staff étaient confiants, « le président sortant affrontera le candidat de Nidaa Tounès au second tour », d’après eux.

La porte de l’immeuble où se trouve le bureau de campagne du candidat Moncef Marzouki. Crédit image : Malek Khadhraoui.
La cellule de communication est installée au premier étage de l’immeuble. Crédit image : Salsabil Chellali.
Ici l’équipe de militants est relativement restreinte. Crédit image : Salsabil Chellali.

La candidate Kalthoum Kannou s’est rendue dans l’après-midi à son QG de campagne, un appartement offert par un bénévole. « Tout est gratuit dans cette campagne », assure la chargée de communication de la candidate. L’équipe restreinte se tenait informée de la participation et du déroulement du processus en appelant des contacts sur le terrain.

La campagne de la seule candidate de ces élections a été menée avec très peu de moyens et c’est faite principalement sur les réseaux. La blogueuse et journaliste Olfa Riahi s’est particulièrement investie auprès de la magistrate. Crédit image : Salsabil Chellali.
Kalthoum Kannou était entourée d’un comité restreint. Crédit image : Salsabil Chellali.
Slim Riahi fait le tour de l’équipe de campagne. Crédit image : Walid Mejri.
Au QG de Béji Caïd Essebsi : réunion entre Hafedh Caïd Essebsi, le fils du candidat, Mohsen Marzouk, directeur de la campagne et Slim Azzabi, qui s’inquiètent du taux de participation. Crédit image : Malek Khadhraoui.
Slim Riahi suit les premières estimations depuis son bureau et découvre, inquiet, les premières tendances le plaçant en quatrième position. Crédit image : Walid Mejri.

Alors qu’à 11h le taux de participation annonçait par l’ISIE est de 11,85%, il passe à 53,73% en Tunisie à 16h30.

18H

La conférence organisée par l’équipe de campagne du candidat Béji Caid Essebsi a eu lieu au siège du parti Nidaa Tounes. C'est le directeur de campagne qui s'est exprimé pour annoncer que le candidat était en tête du scrutin.

Peu de temps avant, Béji Caïd Essebsi a fait un bref passage au QG de campagne pour remercier et encourager ses équipe et leur demander de “travailler pour le deuxième tour dès ce soir”. Le candidat n’a, par ailleurs, fait aucune déclaration aux médias.

A 18h30 les journalistes se pressent pour assister à la conférence de presse organisée par Moncef Marzouk, au siège du parti Nidaa Tounes. Il annonce que son candidat est en tête du premier tour, loin devant Marzouki. Béji Caïd Essebsi quant à lui, s’est brièvement entretenu avec son équipe de campagne et lui a demandé de commencer à se mobiliser pour le deuxième tour. Crédit image : Malek Khadhraoui.

Adnen Mnasser, attendu pour intervenir à 19h annonce le candidat Moncef Marzouki deuxième à l’issu du premier tour, avec un écart de 2 à 4 points avec Béji Caid Essebsi.

Tout en annonçant la victoire de l’homme du CPR, il accuse le camp adverse de diverses infractions et appelle ses observateurs à être vigilants. Il parle même de fraude, à Sousse notamment.

Le porte-parole quitte la salle en laissant planer le doute quant à la transparence du scrutin, alors même que ses résultats se basent sur des sondages effectués à la sortie des urnes et dont la publication est interdite par la loi électorale. Il tempéra ensuite ses accusations lors d’un passage sur la chaîne El Hiwar Tounssi.

Vers 19h Adnen Mnaser tient une conférence de presse, lors de laquelle il a fustigé les estimations faites par les agences de sondage, appellant ses observateurs à ne pas quitter les urnes des yeux pour éviter tout risque de falsifications. Crédit image : Salsabil Chellali.

Moncef Marzouki interviendra pour appeler au consensus et pour inviter son adversaire Béji Caid Essebsi, à un face à face pour discuter de leurs programmes.

Arrivée de Moncef Marzouki à son QG de campagne. Forte présence policière et quelques dizaine de sympatisants. Crédit image : Salsabil Chellali.
Aux alentours de 20h Moncef Marzouki tient une conférence. Il invite Béji Caid Essebsi à un débat télévisé face à face. Crédit image : Salsabil Chellali.
Moncef Marzouki intervient sourire aux lèvres et appelle au consensus : « Pour que les Tunisiens se reconnaissent dans l’unité nationale », scande-t-il du haut de son balcon aux militants attroupés en bas du QG. Crédit image : Salsabil Chellali.

Hamma Hammami, candidat du Front Populaire créera la surprise en arrivant selon les premiers sondages sortie des urnes.en troisième position avec 9.5% des voix exprimées selon les sondages Sigma. Vers 22h il prononce une allocution lors d’une conférence de presse.

Slim Riahi, fondateur de l’UPL serait en quatrième position selon certains sondages. Youssef Jouini porte parole de l’Union Patriotique Libre, a déclaré pendant la soirée que le candidat du parti Slim Riahi est arrivé en troisième place, tout en se basant sur les résultats d’une étude réalisée par une société privée spécialisée en sondage d’opinion qui a été engagée par l’UPL.

Hamma Hammami, le troisième homme du scrutin a annoncé une conférence de presse à 22h. Crédit image : Ferid Rahali.
Un peu avant 22h Hamma Hammami prépare son discours, avant son allocution lors de sa conférence de presse très attendue. Crédit image : Ferid Rahali.

Après le dépouillement des deux tiers des bulletins de vote Béji Caid Essebsi, le leader du parti Nidaa Tounes serait en première place. Il est suivi par le Président sortant, Moncef Marzouki. Hamma Hammami, le candidat du Front Populaire arriverait en troisième position, suivi par le fondateur de l’Union Patriotique Libre Slim Riahi.

L’ISIE a annoncé un taux de participation de 64,4% en Tunisie et 29,8% à l’étranger. Avec le taux le plus élevé dans la circonscription de Tataouine, avec 73,21% de votants parmi les inscrits et le taux le plus bas dans la circonscription de Jendouba avec 52,81%. Le taux de participation des législatives qui s’élevait à 69% n’a pas été atteint.