Sans aucun antécédent de radicalisation, Abdelkader Dhibi présentait toutefois des antécédents judiciaires et des difficultés personnelles. Il avait été condamné en 2023 à La Rochelle pour violences avec arme contre un proche, et était connu pour sa consommation de cocaïne et d'alcool. Selon le parquet français, des troubles psychologiques auraient également pu influencer son comportement. Selon le procureur de Marseille Nicolas Bessone, ces éléments amènent à considérer l'incident sous un angle strictement sécuritaire, plutôt que terroriste.
Colère et indignation en Tunisie
À Kasserine, la ville natale de Dhibi, la mort de l'homme suscite colère et indignation. Des manifestations au quartier Ezouhour, ont rassemblé des habitants exigeant l'ouverture d'une enquête indépendante et dénonçant ce qu'ils perçoivent comme une " exécution sommaire". La famille de Dhibi conteste aussi la version policière et accuse la police française d'avoir eu recours à une force disproportionnée. Dans une vidéo publiée par Diwan FM, le frère du défunt, Abderrahmen Dhibi, affirme que Abdelkader aurait pu être maîtrisé sans être tué, par exemple au moyen de gaz lacrymogène ou de tirs ciblant les jambes.
Sur les réseaux sociaux en Tunisie, la mort d'Abdelkader Dhibi a aussi provoqué de vives réactions. La diffusion de la vidéo montrant l'instant où il est abattu par les forces de l'ordre a alimenté les débats et les accusations. De nombreux internautes y voient un acte de violence disproportionnée, voire un comportement raciste de la part de la police française. Pour plusieurs observateurs et proches de la victime, Abdelkader Dhibi se serait trouvé dans une situation de défense après une altercation, ce qui, selon eux, aurait rendu la riposte létale de la police injustifiée.
Un drame qui prend une tournure diplomatique
Au lendemain du drame, le ministère tunisien des Affaires Étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l'Etranger a convoqué le chargé d'affaires par intérim de l'ambassade de France à Tunis pour lui adresser une protestation officielle. Selon le communiqué du ministère, la Tunisie considère la mort d'Abdelkader Dhibi comme un " meurtre injustifié" et exige que les autorités françaises mènent une enquête exhaustive, rapide et transparente afin d'identifier clairement les responsabilités.
La présidence de la république tunisienne a aussi réagi suite à cette affaire. Le président Kaïs Saïed a ordonné à l’ambassade de Tunisie à Paris de relayer la position officielle auprès des autorités françaises et de coordonner avec le consulat général à Marseille pour organiser le rapatriement du corps dans les plus brefs délais.
L'affaire dépasse désormais le cadre d'un simple fait divers pour devenir un enjeu diplomatique. La position des autorités tunisiennes, qui contestent fermement l'intervention policière et réclame des éclaircissements rapides, s'oppose directement à celle des autorités françaises, qui justifient l'intervention par la nécessité de neutraliser une menace immédiate. Au-delà de cette divergence d’interprétation, ce désaccord met également en lumière des tensions plus profondes entre Paris et Tunis, liées aux questions de migration, de sécurité et de coopération judiciaire.