L’opération s’est déroulée à environ 115 kilomètres de la bande de Gaza, bien au-delà des eaux territoriales israéliennes. Le navire a ensuite été escorté de force vers le port d’Ashdod.
Les 21 civils à bord ont été arrêté·es. La cargaison, exclusivement composée d’aide humanitaire (lait infantile, nourriture, médicaments), a été saisie.
Hatem Aouini, un Tunisien détenu dans l’attente de son jugement
Hatem Aouini, enseignant, travailleur agricole et membre de La Via Campesina, fait partie des volontaires arrêté·es. Dans une vidéo diffusée après son arrestation, il appelle ses proches, ses camarades et la société civile tunisienne à faire pression sur le gouvernement pour obtenir sa libération.
Le 28 juillet au matin, il a été transféré – comme 11 autres passager·es – vers la prison de Givon, réputée pour ses conditions de détention inhumaines, où ils comparaîtront devant un tribunal dans la journée. Selon Israël, ils sont détenus pour “entrée illégale dans les eaux israéliennes”, alors même que l’opération a eu lieu en eaux internationales.
Hatem Aouini, comme l’ensemble des militant·es, a refusé de signer le formulaire de rapatriement volontaire et demeure incarcéré dans l’attente de son jugement.
En Tunisie, les associations de soutien à la Palestine multiplient les mobilisations depuis trois jours, notamment devant les ambassades des États‑Unis et d’Égypte. Ces actions ont donné lieu à de fortes tensions avec la police, mais aucune réaction officielle des autorités tunisiennes n’a été exprimée à ce jour.
Les autres détenu·es
Parmi les civils à bord, des militant·es, des parlementaires, des journalistes et des défenseur·es des droits humains, venu·es de 12 pays dont : Chris Smalls, fondateur de l’Amazon Labor Union (États‑Unis), Emma Fourreau, députée européenne franco‑suédoise, Gabrielle Cathala, députée française, ou encore Huwaida Arraf, avocate des droits civiques (États‑Unis/Palestine).
Dès le lendemain, 19 des 21 détenu·es ont pu rencontrer une équipe d’avocat·es au port d’Ashdod. Les deux derniers, Bob Suberi et Huwaida Arraf, tous deux citoyens israéliens et américains, ont été transférés à la police.
“Israël n’a aucune autorité légale pour détenir des civils internationaux à bord du Handala”, a déclaré Ann Wright, membre du comité directeur de la Flottille de la Liberté.
Avant l’interception, Huwaida Arraf avait prévenu : si Israël empêchait le navire d’atteindre Gaza, les 21 membres entameraient immédiatement une grève de la faim, en solidarité avec les Gazaoui·es soumis·es au siège.
Briser le blocus à Gaza
Parti le 20 juillet du sud de l’Italie, le voilier Handala – une initiative de la Coalition de la Flottille de la Liberté (FFC) – a mis le cap sur la bande de Gaza, avec un objectif clair : briser le blocus imposé par Israël à Gaza depuis 2007 et maintenir la pression internationale sur la situation humanitaire catastrophique de l’enclave.
Le Handala tient son nom du personnage créé par l’artiste palestinien Naji al‑Ali. L’enfant réfugié, qui tourne le dos au monde jusqu’à ce que la justice soit rétablie, est un symbole de résistance palestinienne et figure également sur le logo du BDS.
Deux mois seulement après l’interception du Madleen – qui transportait notamment Greta Thunberg –, cette nouvelle traversée revêtait une forte portée symbolique.
Une détresse humanitaire sans précédent
Cette interception intervient alors que la situation humanitaire à Gaza atteint un niveau critique. Selon les ONG internationales, 85 % de la population est désormais au cinquième stade de malnutrition, après des semaines sans qu’aucune cargaison d’aide n’ait pu entrer. Les hôpitaux ne fonctionnent plus, les stocks alimentaires sont épuisés et les organisations internationales alertent sur une famine imminente.