Droits et Libertés

En route vers Gaza, la caravane Soumoud poursuit sa traversée de la Libye

Le convoi a franchi la frontière tuniso-libyenne ce mardi 10 juin, avant d’entamer une longue traversée à travers plusieurs villes : Zawiya, Tripoli, Khoms, Zliten. Ce jeudi 12 juin à 13 heures, le convoi se trouvait à Misrata, poursuivant sa route vers l’est.
Par | 12 Juin 2025

Photo de couverture : Yassine Gaidi

Le 9 juin, le convoi Soumoud [ndlr: la résistance] a quitté la capitale tunisienne, rassemblant des participant·es venu·es de plusieurs pays du Maghreb et d’ailleurs. Objectif : briser symboliquement le blocus imposé à Gaza et porter un message de soutien au peuple palestinien.

Cliquez sur ce lien pour suivre l'itinéraire du convoi. 

Après avoir franchi la frontière tuniso-libyenne, la caravane a parcouru Zawiya, Tripoli, Khoms, Zliten, et atteint Misrata ce 12 juin, sous une chaleur écrasante. Partout, elle a été accueillie par des citoyen·nes, des militant·es et des responsables locaux, dans un climat de ferveur et d’entraide.

Mais à mesure que le convoi se rapproche de l’Égypte, l’incertitude grandit : les autorités du Caire imposent des conditions strictes et affichent une réticence croissante à autoriser son passage.

Libye : soutien et mobilisation populaire 

Après le passage de la frontière à Ras Jedir, des membres du convoi ont salué “la réactivité et la générosité” des libyen·nes, qui ont assuré “un passage de frontière sans heurts et une protection constante” depuis leur arrivée. 

Un accueil d’autant plus notable que la Libye reste, encore aujourd’hui, un pays scindé entre deux autorités rivales, l’une basée à Tripoli et l’autre à l’est, à Benghazi. Le Conseil d'état libyen a ainsi salué la caravane comme un “symbole vivant de solidarité arabe et islamique avec la cause Palestinienne”.

D’autre part, le chef du Gouvernement d’union nationale, Abdelhamid Dbeibah, a  exprimé mercredi 11 juin sa “fierté” face à la mobilisation citoyenne autour de ce qu’il qualifie de “caravane de la résistance”. Il a salué les efforts du peuple libyen qui a “accueilli et rejoint” cette action, considérée comme “humanitaire et fraternelle”.

L’arrivée du convoi au poste-frontière de Ras Jedir, Gouvernorat de Zouara, Libye. 10 juin 2025. Crédit Photo : Yassine Gaidi 

Entrée en Égypte : un resserrement 

Côté égyptien, les autorités se montrent beaucoup plus réservées. Dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères, l’Égypte rappelle que toute délégation étrangère souhaitant participer à une marche ou à un convoi vers Gaza doit obtenir une autorisation préalable par l’intermédiaire de ses ambassades respectives. En l’absence de cette procédure, aucune entrée ne sera accordée.

En réponse à ces exigences, Wael Naouar, porte-parole du convoi, a déclaré avoir pris les mesures nécessaires avec les représentant·es de l’ambassade d’Égypte en Tunisie, afin d’obtenir les autorisations requises pour l’entrée du convoi sur le territoire égyptien.

Le présentateur égyptien pro-gouvernemental Ahmed Moussa a relayé une position ferme du Caire : l’entrée du convoi en Égypte ne sera pas autorisée sans procédures officielles strictes. Il accuse la caravane d’être  “infiltrée par les Frères musulmans” et et déclare qu’elle vise à “déstabiliser l’Égypte”.

  • “Qu’ils passent par la mer, ou qu’ils boivent la tasse”, conclut-il dans un message virulent, affirmant que l’État ne cédera à aucune pression.

Quelques jours plus tôt, le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, affirmait qu’Israël, en coordination avec l’Égypte, “empêcherait toute tentative de franchir la frontière de Rafah”.

Tensions au Caire

Pendant ce temps, les délégations déjà présentes au Caire, dans le cadre de la “Marche mondiale vers Gaza”, ont fait face à une intensification des pressions policières. Un article de Blast révèle des tensions croissantes entre les autorités égyptiennes et les délégations européennes, nord-américaines et africaines, certaines ayant été sommées de quitter le territoire dans les 24 heures. 

Toujours au Caire, plusieurs membres du convoi – notamment des ressortissant·es algérien·nes – ont été interpellé·es, convoqué·es ou suivis de près par les services de sécurité égyptiens. Certaines sources sur place évoquent “un climat de plus en plus hostile, avec surveillance constante, convocations arbitraires et confiscation de matériel”.

Du côté du convoi, les organisateur·ices affirment continuer à prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter une confrontation. Alors que la solidarité populaire semble se renforcer à chaque étape, l’avenir de la caravane repose désormais sur l’attitude des autorités égyptiennes. La traversée du poste frontalier de Salloum, point d’entrée crucial pour rejoindre Rafah, demeure incertaine.

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