Le drame survient le 1er juin, lorsqu’Hichem Miraoui est mortellement touché par trois balles tirées au fusil de chasse, selon le récit rapporté par Le Monde. Le suspect, interpellé sur place, est décrit comme un homme d’une cinquantaine d’années. Son mobile est clairement raciste : il aurait agi par haine des “Arabes et des musulmans”, selon les éléments recueillis par les enquêteur·ices.
Une attaque ciblée : un mobile xénophobe
- Des vidéos à connotation raciste ont été retrouvées à son domicile, révélant une idéologie haineuse qui a motivé cet acte. Le suspect a notamment assuré “prêter allégeance au drapeau français” et appelé les Français à “tirer” sur les personnes d’origine étrangère.
Cette attaque n’est pas un fait isolé, mais s’inscrit dans un “contexte de montée des violences d’extrême droite en France”, rappelle l’association Citoyens des deux rives dans un communiqué publié le 2 juin.
Une menace prise au sérieux par le Parquet antiterroriste
Depuis plusieurs années, les services de renseignement alertent sur la montée de l’ultradroite violente en France. Plusieurs projets d’attentats visant des minorités, des élu·es ou des lieux de culte ont été déjoués.
- En 2023, le ministère de l'Intérieur a enregistré près de 15 000 infractions à caractère raciste, xénophobe ou antireligieux, dont 8 500 crimes ou délits et 6 400 contraventions, soit une hausse de 32 % par rapport à 2022.
L’affaire de Puget-sur-Argens vient confirmer un glissement que dénoncent depuis longtemps des associations antiracistes : la banalisation des discours haineux et leur passage à l’acte.
Ainsi, le 3 juin, le Parquet national antiterroriste (PNAT) a annoncé se saisir de l’enquête. C’est une première en France : un homicide à caractère raciste est désormais traité sous l’angle du terrorisme d’ultradroite. Les chefs d’inculpation évoqués incluent “assassinat en relation avec une entreprise terroriste commis en raison de la race ou la religion”. Cette qualification s’appuie sur l’article 421-1 du Code pénal, qui inclut les homicides motivés par une idéologie violente parmi les actes terroristes.
Cette décision marque une inflexion majeure, dans un contexte de recrudescence des violences liées à l’ultradroite, et permet d’élargir l’enquête à de potentielles complicités ou liens avec des groupuscules organisés.
Réactions et mobilisation
Dénonçant un “crime de haine”, l’association Citoyens des Deux Rives souligne qu’il ne s’agit pas d’un fait divers isolé, mais d’un symptôme d’un climat raciste plus large. Elle appelle à une mobilisation contre “les violences idéologiques dirigées contre les personnes issues de l’immigration”. En soutien à la victime, une marche blanche est prévue pour ce dimanche 8 juin à Puget-sur-Argens.
La classe politique française réagit avec émotion, mais aussi prudence. Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, affirme que “chaque crime raciste est un crime anti-français” et reconnaît le caractère raciste de l’attaque. De leur côté, plusieurs élu·es de gauche dénoncent un climat de violence alimenté par les discours anti-immigration.
Infâme meurtre raciste dans le Var. Ne laissons pas l'officialité attiser la haine raciste en la légitimant. Ceci est le message de compassion pour la famille agressée. Tous les français informés pensent de même et constatent la faillite dangereuse de Bruno Retailleau. https://t.co/sdBmRoVmf8
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) June 1, 2025
Du côté tunisien, le ministre de l’Intérieur, Khaled Nouri a fermement condamné l’assassinat, le qualifiant de “crime terroriste” et “odieux”. Il a convoqué l’ambassadeur de France et demandé à Paris de mettre en place des mesures concrètes de protection pour les ressortissant·es tunisien·es en France.
Cette exigence a été confirmée dans un communiqué officiel publié le 2 juin, où il souligne “la nécessité d’assurer la protection de la communauté tunisienne sur le territoire français”.