Mehrez Boussayene, responsable d’un fiasco olympique ?

Mehrez Boussayene, à la tête du Comité national olympique tunisien depuis plus de dix ans, a longtemps été perçu comme une figure du sport national. Il incarne aujourd’hui les dérives d’un système en déclin avec des promesses sans lendemain, des décisions opaques et des résultats décevants... Derrière les trois médailles ramenées de Paris, inkyfada retrace les les contours d’une délégation en chute libre, conséquence d’une gestion contestée.
Par | 04 Mai 2025
15 minutes
Avant les Jeux Olympiques de Paris 2024, Mehrez Boussayene, président du Comité national olympique tunisien (CNOT) avait annoncé un nombre important de médailles pour les athlètes tunisien·nes. Finalement, trois médailles — une en or, une en argent et une en bronze —, ont permis à la Tunisie de faire tout juste figuration lors des Jeux. Un résultat qui n’étonne en réalité personne, tant les ambitions du président du Comité National Olympique semblaient peu partagées. 

Les performances des athlètes tunisiens peuvent difficilement être mises en cause. Beaucoup s'entraînent avec rigueur tout au long de l’année, souvent dans des conditions précaires, parfois à l’étranger. Face à eux, des adversaires issu·es de systèmes de préparation bien plus structurés dès le plus jeune âge. Pour beaucoup, le véritable exploit réside déjà dans le fait d’avoir intégré la délégation tunisienne, réduite à seulement 26 athlètes à Paris 2024. Un effectif en chute libre : ils et elles étaient 61 à Tokyo en 2021, et 83 à Londres en 2012. 

 Mehrez Boussayene a exercé son droit de réponse lors d’un appel téléphonique accordé à inkyfada, au cours duquel il a répondu aux accusations portées contre sa gestion. Ses réponses ont été intégrées tout au long de l’article, en regard des points soulevés.

Une crise interne

Pour expliquer cette diminution drastique du nombre d’athlètes, Mehrez Boussayene a évoqué la situation économique du pays, ainsi que l’absence des tunisien·nes dans les sports collectifs, qui d’évidence auraient fait gonfler leur nombre. Une justification qui, à première vue, tient bon face à ceux qui ont le pouvoir de conforter celui qui, en place depuis 11 ans, n’est au départ pas là par hasard.

Également membre du Comité International Olympique (CIO), l’ancien magistrat a exercé pendant près de 30 ans en contentieux, conseil et arbitrage. Avant de rejoindre le barreau, Boussayene a été rapporteur au Tribunal Immobilier de Tunis et juge d’instruction au Tribunal de première instance de Tunis, consolidant ainsi son expertise dans divers domaines juridiques. 

Homme d'ambition, il a également été candidat à l’élection présidentielle tunisienne de 2014, où il a récolté 0,16% des voix au premier tour. 

Alors qu’il ne s'estime cependant pas responsable de la situation sportive du pays, les déclarations en faveur du travail de Boussayene se font de plus en plus rares. “Monsieur le président”, comme il aime se faire appeler, ne fait plus l’unanimité. 

Selon une source proche de l’ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, “les relations entre Mehrez Boussayene et Kamel Deguiche, en poste au moment des Jeux, étaient loin d’être cordiales.”

C’est un secret de polichinelle, mais pendant plusieurs mois, les deux hommes ne s’adressent plus la parole, rendant la gestion des sportifs compliquée et instaurant un climat malaisant jusqu’au village olympique. Lors de la visite officielle du site par Kamel Deguiche et de l’ambassadeur tunisien en France Khaled Dhia, Mehrez Boussayene a, selon un membre du village olympique tunisien présent sur place, délibérément choisi de ne pas s’y rendre. 

Dans le même registre, le président du CNOT et sa délégation ne se sont pas présentés à l'île-Saint-Denis, ville hôte de la Station Afrique, alors qu’une soirée en l’honneur de la Tunisie y était organisée. Ceux-ci s’étaient pourtant vantés de la mise en place de ce projet, et n’ont pas tenu leurs engagements.

À l’origine de la querelle, un projet de loi porté par Kamel Deguiche, sur les structures sportives. Celui-ci prévoyait en effet de renouveler tous les bureaux des fédérations sportives après les JO, ainsi que celui du CNOT. “La fin des olympiades, c’est aussi la fin du mandat pour les fédérations sportives et le Comité National Olympique Tunisien" déclarait l'ex-ministre des Sports. En coulisse, il n’aurait pas apprécié de voir son siège menacé. 

Mehrez Boussayene défend son bilan à la tête du Comité national olympique tunisien : "Je suis la cible de beaucoup de jalousie. (...) Sous ma présidence, nous avons eu huit médailles olympiques, près de la moitié de notre histoire, 18." Et d’enchaîner : "Nous sommes le Comité national africain ayant obtenu le plus de subventions du CIO grâce à nos programmes."

Le cas Hafnaoui, une solitude en or 

Grand espoir de médaille pour les Jeux de 2024, Ayoub Hafnaoui incarne à la fois l’excellence sportive tunisienne et les failles du système olympique national. Médaillé d’or aux Jeux Olympiques de Tokyo en 2021 sur 400 m nage libre, c’est paradoxalement après ce sacre que les difficultés commencent.

En 2022, Hafnaoui se consacre à ses études pour rejoindre les États-Unis. Durant cette période, la Fédération tunisienne de natation (FTN) ne dépense rien pour l’accompagner ; il finance seul son billet pour rejoindre l’université de l’Indiana en août 2022. 

Sans structure solide ni appui institutionnel, il enchaîne les déplacements entre les États-Unis, le Qatar, la Tunisie et la France, évoluant dans une précarité administrative croissante.

En février 2024, Hafnaoui participe aux Championnats du monde de Doha à ses propres frais, réglant également les billets de son entraîneur et de son kinésithérapeute. Ses performances, loin de son meilleur niveau, reflètent un épuisement physique et mental profond. Car malgré son statut de champion olympique, il n’a jamais bénéficié d’une préparation structurée : aucun contrat d’objectifs 2024 n’a été signé, comme pour d’autres athlètes d’élite. Après avoir quitté son premier campus américain, il perd son visa étudiant, n’étant plus inscrit dans aucun programme.

Fin février 2024, à l’approche des Jeux de Paris, Hafnaoui prend une décision cruciale : il fait appel à Philippe Lucas, entraîneur français réputé, pour relancer sa carrière. 

Mais Lucas, après l’avoir évalué, diagnostique une fatigue mentale extrême et un manque de repères. Il lui conseille d’ "oublier les Jeux”, estimant que la saison est déjà compromise pour espérer atteindre son niveau.

Dans ce contexte, Mehrez Boussayene anticipe l’annonce. Début mai 2024, il communique publiquement que le champion ne participera pas aux Jeux en raison d’une blessure, sans en révéler la nature. La presse reprend immédiatement l’information. La Fédération tunisienne de natation, mise devant le fait accompli, tente en vain de clarifier. En réalité, la “blessure” n’est que diplomatique.

Un proche des bassins, contacté par inkyfada, décrit un effondrement psychologique évité de justesse grâce au soutien familial. “Il a clairement été dans une phase d’épuisement mental, tout ça l’a affecté. Le Comité et le ministère étaient pourtant au courant de son état de santé”, confie-t-il.

De son côté, Boussayene défend son rôle avec émotion : “C’était mon fils, je l’aime d’amour. Je l’ai accompagné dès ses débuts.” À ceux qui l’accusent de l’avoir abandonné, il rétorque : “J’ai été et suis toujours son premier soutien.”

Pourtant, derrière cette histoire personnelle, c’est un constat accablant sur la gestion administrative qui se dessine. Malgré sa médaille d’or, Hafnaoui n’a jamais perçu les aides financières qui lui étaient destinées. Une enveloppe de 100 000 dinars, attribuée en mars 2022 pour financer sa préparation, ne lui aurait jamais été versée. 

Derrière ce scandale, la trésorière du bureau sortant dissous de la FTN, soutenue par Mehrez Boussayene dans sa gestion. Pour renflouer les caisses, elle aurait pris l’habitude de se servir dans les subventions, mais aussi dans les primes de médailles prévues pour les athlètes. Selon plusieurs sources internes à la FTN, cet argent aurait été détourné pour rémunérer des entraîneur·ses proches de l’entourage de Boussayene, dont un membre de sa famille.

 “On n’a jamais vécu ça. Jamais un champion olympique, un athlète de cette envergure, n’a été traité de cette manière”, témoigne un proche d’Hafnaoui.

Les dysfonctionnements ne s’arrêtent pas là. En avril 2025, Hafnaoui écope d’une suspension de 21 mois par World Aquatics pour trois “no-show” [ndlr: absences] à des contrôles antidopage.  Une sanction lourde et bien que ses déplacements et sa localisation aient été connus du CNOT, de la FTN, du ministère des Sports et de l’Agence antidopage tunisienne, aucun de ces organismes n’est intervenu, alors que le nageur était bloqué en Tunisie, pour l’aider à mettre à jour ses informations et ainsi éviter un troisième manquement, synonyme de suspension. Privé de visa étudiant, inscrit nulle part, il devient injoignable aux yeux de l’agence antidopage. 

Déboussolé par ses déplacements incessants entre novembre 2023 et avril 2024, entre l’Indiana, la Californie, le Qatar, la Tunisie et Martigues, sans encadrement ni stabilité, il avait négligé de régulariser sa situation. 

Ce manquement administratif, fruit d’une chaîne de négligence, entraîne une suspension qui s’ajoute à une préparation déjà compromise et à son retrait des Jeux décidé plus tôt en 2024, sur les conseils de Philippe Lucas.

Face à ces critiques, Mehrez Boussayene dément : “Je lui ai permis d’obtenir des financements et accordé la plus grosse prime individuelle pour un athlète tunisien.” Tout en reconnaissant que cette affaire ressemble “au plus grand gâchis du sport tunisien”, il refuse toute mise en cause personnelle.

Pourtant, alors que Hafnaoui peinait à toucher les aides auxquelles il avait droit, des fonds beaucoup plus importants, destinés au développement du sport en Tunisie, étaient pourtant alloués par des programmes internationaux sous l’égide du Comité International Olympique (CIO).

Des sommes colossales au cœur des ambitions

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : entre 2017 et 2021, la Tunisie a reçu 1 668 468,08 dollars via le programme Solidarité Olympique, financé par les revenus du CIO. Destiné à soutenir le développement du sport, notamment dans les pays aux ressources limitées, cet argent devait théoriquement servir à former les athlètes, soutenir les entraîneurs et mettre en place des programmes structurants. Mais derrière ces principes, c’est une autre réalité qui se dessine.

"Boussayene a pris l’habitude de placer une partie de ces sommes plutôt que de les investir pleinement dans les programmes sportifs locaux", confie un proche du Comité à inkyfada. Selon cette même source, les financements auraient parfois servi à des fins personnelles ou clientélistes, distribués par "courtoisie" plutôt que sur des "critères objectifs".

Ces pratiques ont fini par attirer l’attention des autorités. Mehrez Boussayene a été convoqué par la police pour s’expliquer sur sa gestion de ces fonds, même si cette audition n’a débouché sur aucune conséquence institutionnelle directe. Car malgré l’affectation de ces sommes au développement sportif, leur origine privée – le CIO – limite la possibilité d’un contrôle public. Un entre-deux juridique qui semble favoriser l’opacité.

Ces zones d’ombre se sont particulièrement cristallisées autour des Jeux Africains de Plage à Hammamet en 2023, événement phare dont la gestion financière soulève aujourd’hui de nombreuses interrogations. Sur les trois millions de dinars mobilisés, plus de deux millions provenaient de l’Association des comités nationaux olympiques d’Afrique (ACNOA) et du CIO, et un million a été versé par le ministère tunisien des Sports. 

C’est ce dernier montant qui intrigue : plusieurs factures présentent, selon des témoins interrogés par inkyfada, des anomalies flagrantes comme des doublons ou des montants excessifs. Une enquête a été ouverte pour en vérifier la traçabilité.

Face à ces accusations, Mehrez Boussayene se défend inlassablement. "Vous pouvez venir auditer le CNOT, vous verrez qu’à la fin, vous ne pourrez que dire : Mehrez avait raison !", affirme-t-il. L’ancien juge d’instruction met en avant son engagement personnel : "J’ai donné de mon temps et de mon argent pour le sport tunisien et africain." Se positionnant comme défenseur de l’éthique, il ajoute : "Je suis le premier défenseur de l’intégrité ! S’il y a un dossier compromettant, sur quiconque, je le jure, je m’en saisirai."

Pourtant, cette posture de probité contraste fortement avec les nombreux témoignages recueillis par inkyfada, qui mettent en lumière un système dans lequel les financements servent moins le sport que le maintien d’un pouvoir personnel. Boussayene, lui, insiste et revendique sa transparence : "Venez auditer le CNOT, tout est accessible, et vous pourrez juger."

Des alliances “au milieu des étoiles” 

Au‑delà de la gestion des budgets, c’est sur le terrain diplomatique et politique que le président du CNOT affine son influence. En jugeant comme acquis son ancrage national, il a très rapidement tourné ses regards vers les structures continentales : trois mois après son élection à la tête du CNOT en 2013, Mehrez Boussayene accède au Comité exécutif de l’Association des comités nationaux olympiques d’Afrique (ACNOA). 

Cette ascension en appelle d’autres : il devient président de la Zone 1 de l’ACNOA, puis président de la Commission juridique de l’organisation. Ses relations privilégiées avec l’intendant général Lassana Palenfo, alors président de l’ACNOA, renforcent sa position et accroissent son influence.

Fidèle allié de Palenfo, Boussayene se dresse face à la tentative de putsch menée notamment par l’Algérien Mustapha Berraf et le Camerounais Kalkaba Malboum. En 2017, ce dernier est écarté de la course à la présidence de l’ACNOA et saisit le Tribunal arbitral du sport (TAS) pour contester cette décision, qui permet à Palenfo d’être réélu sans opposition. La crise qui s’ensuit, sans précédent pour l’organisation, conduit à la suspension provisoire de Palenfo par un vote de défiance (47 votants sur 51), ce dernier faisant également appel devant le TAS.

Profitant de cette suspension, Mustapha Berraf préside la 53ᵉ session ordinaire du Comité exécutif de l’ACNOA, organisée à Abuja en janvier 2018. Non invité, Palenfo se présente malgré tout, accompagné de son fidèle conseiller juridique : Mehrez Boussayene.

“Boussayene a expliqué qu’il agissait en tant que conseiller de Palenfo et que ce dernier avait le droit d’assister à la réunion”, raconte un témoin de la scène. “Berraf l’a chassé de la salle presque comme un chien : Monsieur, vous n’avez rien à faire ici ! Ils se sont engueulés, il y a eu des gestes. C’était très chaud.”

À huis clos, il n’aurait jamais caché ses ambitions. “Je veux être président de l’ACNOA”, confiait-il. Conscient de la menace, Berraf s’emploie alors à se réconcilier progressivement, non seulement avec Boussayene, mais aussi avec les proches de Palenfo qui lui étaient hostiles.

“Un système de promotion a rapidement été mis en place”, explique une autre source interne. “On vous nomme dans telle commission, on vous fait voyager, on vous accorde quelques privilèges ou on ferme les yeux sur certains contrats. C’était facile pour vous acheter.”

Dans cette dynamique de rapprochement, Berraf devient peu à peu le mentor de Boussayene, l’accompagnant dans sa quête d’un titre prestigieux : celui de membre actif du CIO. Ce statut, réservé à une élite de 110 membres se cooptant entre eux — parmi lesquels l’émir du Qatar, le prince Albert de Monaco, la princesse Nora du Liechtenstein ou encore l’Allemand Thomas Bach, président du CIO de 2013 à 2025 — représente un Graal pour l’avocat tunisien. Grâce à l’influence croissante de Berraf, il l’obtient en 2023, devenant ainsi le deuxième Tunisien de l’histoire à intégrer ce cercle fermé, après feu Mohamed Mzali.

“Mehrez est désormais au milieu des étoiles”, confie un proche, évoquant les photos souvenirs qu’il enchaîne désormais avec les grandes figures de l’olympisme mondial. Mais derrière les apparences, certains s’interrogent. “Ce n’est plus le même”, soupire une connaissance de longue date. 

Courtisé, Boussayene se rapproche aussi de la délégation qatarie, soucieuse de séduire les membres votants en vue de l’attribution des Jeux olympiques 2036. Tandis que l’Inde mise sur une stratégie agressive, pilotée en coulisses par les frères milliardaires Ambani, Doha s’appuie sur sa diplomatie arabophone et sur la figure de l’émir Tamim ben Hamad Al-Thani, lui-même membre actif du CIO depuis 2002, qui a eu des entretiens directs avec Boussayene.

Mehrez Boussayene et Tamim ben Hamad Al Than, émir du Qatar, lors de la 142ᵉ session du CIO à Paris le 23 juillet 2024. Source : inkyfada.

Une chute annoncée ?

En Tunisie, la perception de Mehrez Boussayene est désormais de plus en plus ternie. Tandis qu’il grimpe les échelons au sein de l’olympisme mondial, son implication dans les affaires sportives nationales s’efface progressivement. Sur le terrain, il laisse derrière lui un climat de méfiance et de désillusion. Alors que des financements importants ont transité par le CNOT, censés profiter aux athlètes et à la structuration du sport, plusieurs fédérations dénoncent un fonctionnement opaque, peu tourné vers leurs besoins réels.

Une défiance telle que le ministère tunisien des Sports de l’époque, Kamel Deguiche, a fini par diligenter une enquête administrative sur le Comité national olympique tunisien. Mécontent de la gestion de Boussayene et de ses manœuvres d’influence, il a également lancé un processus de renouvellement des bureaux de toutes les fédérations sportives, ainsi que celui du CNOT. Une inspection initialement rejetée par Boussayene.

Critiqué de toutes parts, ce dernier tente de se défendre en invoquant le chaos ambiant : "J’ai déjà connu 14 ministres des Sports différents", affirme-t-il, dénonçant également "des fédérations avec un fonctionnement problématique, comme au football". Avant de s’exaspérer : "On rejette la faute sur le CNOT et Boussayene, mais qu’est-ce que je peux y faire ? Je ne peux pas diriger les autres fédérations !"

En misant sur son ascension au sein du Comité International Olympique, Mehrez Boussayene a peut-être joué sa carte maîtresse. Mais son soutien local reste incertain, dans un paysage sportif tunisien marqué par des équilibres fragiles et des rapports de force mouvants. 


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