Chaque matin, Youssef* fait 15 kilomètres pour se rendre au travail. Sur le chemin, il dépose Hana*, sa femme, à sa faculté de finance, pour lui éviter des dépenses car “le taxi de chez nous à la fac coûte 7 dinars !”.
Youssef est conseiller juridique depuis plusieurs années. Il gagne environ 3000 dinars par mois. Sa stabilité financière fait de son salaire, “le squelette” de leurs revenus. Hana passe, depuis quelques mois, la majeure partie de son temps à la maison pour préparer son mémoire de master. Elle tire également partie de cette flexibilité pour travailler à temps partiel à domicile pour un centre d’appels, ce qui lui permet de “contribuer” aux revenus du foyer avec un apport de 1000 dinars.
Comme revenu complémentaire, les parents de Hana leur envoient mensuellement environ 1000 dinars pour leur permettre plus de tranquillité. Malgré ces différentes sources de revenus, le couple “ne laisse rien à la fin du mois”.
“On n’a absolument jamais rien laissé à la fin du mois, et généralement, on est à -300 dinars, -400 dinars”.
Voici un aperçu de leurs sorties et entrées d’argent mensuelles :
Youssef et Hana se sont mariés, il y a quelques mois. L’organisation de leur mariage a ajouté une dépense conséquente dans leur quotidien. À cette occasion, Youssef a fait le choix de contracter un prêt de 10.000 dinars, qu’il rembourse chaque mois. Leurs parents les ont aidés, “pas avec de l’argent liquide, mais en se chargeant des cérémonies”.
Originaires de Tunis, les parents de Hana ont organisé la cérémonie dans la capitale, tandis que les parents de Youssef se sont occupés de la cérémonie à Bizerte. Ils se sont ensuite partagés les dépenses : “j’ai payé tout ce qui est en rapport avec l’équipement de la maison et Hana a apporté toutes les fournitures”, explique Youssef.
Pour leur nouvelle vie à deux, Youssef et Hana ont choisi de ne pas avoir de comptes séparés. Partageant la même manière de gérer leur argent, ils utilisent “la même carte et le même compte où tous les revenus sont dessus”. Mais ils avouent qu’ils ne sont “pas très organisés” et que leurs “dépenses ne sont pas très segmentées”.
Voici le détail de leurs dépenses et revenus mensuels :
“On aime bien dépenser notre argent, on veut que ce mariage soit amusant !”
Ils s’accordent à se présenter comme de “bons vivants” en consacrant une grande partie de leurs revenus à leurs loisirs. Ils aiment sortir et s’échapper le week-end en dehors de Tunis. Musicien, Youssef apprécie participer à des concerts en petit comité, organisés entre ami·es “avec qui on aime expérimenter avec la musique”, raconte-t-il. Parfois chez leurs ami·es, parfois chez eux ou en pleine nature, ils organisent régulièrement des weekends prolongés durant lesquels ils peuvent dépenser jusqu’à 300 dinars pour profiter de leur passe-temps.
“On vagabonde beaucoup, et dans le vagabondage, on dépense beaucoup !”
Ainsi, après avoir réglé leurs dépenses fixes, le couple consacre le reste de leur budget à leurs loisirs et autres dépenses diverses. Épargner n’est pas une priorité pour eux : “on n’est pas très sage sincèrement avec l’argent !” confessent-ils en chœur. Il y a peu, ils ont adopté un petit chien qui “a besoin d’un peu de médicaments et des visites régulières chez le vétérinaire”, précise Youssef. Mais cette dépense supplémentaire “reste très abordable” pour eux.
Zone grise
Si le couple mène un train de vie confortable, Youssef avoue qu’ils ont eu “beaucoup de difficultés financières”, principalement dues à l’inflation. “Je ne sais pas comment les gens font !”, s’exclame-t-il.
“C’est devenu hors de prix de manger, même chez soi !”.
Chaque mois, leurs dépenses alimentaires varient, il et elle n’y consacrent pas un budget fixe. “Il y a des mois où on cuisine beaucoup et d’autres où on mange dehors”, explique le couple. Occasionnellement, les parents de Youssef leur envoient des fruits, des légumes et d’autres produits congelés de Bizerte, sa ville d’origine.
Par ailleurs, le couple consacre près de 800 dinars pour leur consommation de tabac et de cannabis. “C’est une dépense considérable”, avoue Youssef, mais elle lui est nécessaire pour calmer son anxiété.
Futur
À peine marié, le couple n’a pas encore de projets définis pour les mois et années à venir. Et cela leur convient : “on vit dans le présent, on n’a aucun projet” explique Youssef. Après avoir organisé leur mariage, il y a cinq mois, ils préfèrent profiter du moment présent plutôt que de se projeter.
Si Youssef “voudrait bien faire rentrer un peu plus d’argent”, ce serait surtout pour que Hana “ait une meilleure formation professionnelle”. Hana est encore au début de sa carrière professionnelle, tandis que Youssef travaille depuis déjà 20 ans. Son “intérêt professionnel va plutôt vers ce que Hana va faire”, explique-t-il.