Limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C
En 2015, l’Accord de Paris fixe l’objectif de ne pas dépasser un réchauffement global de plus de 2°C, au mieux 1,5°C. Les 195 pays signataires, dont la Tunisie, sont tenus de diriger leurs efforts en ce sens. Cet accord ne prévoit néanmoins aucun mécanisme d'application contraignant pour atteindre ce cap, s’en remettant à la bonne volonté des pays signataires. Ceux-ci doivent déterminer leurs propres objectifs en matière d’émissions et mettre en place des plans destinés à les atteindre tous les cinq ans, nommés Contributions Déterminées au niveau National (CDN).
Quels engagements ?
Au 8 novembre 2021, 122 États (121 + l’Union Européenne), ont soumis de nouveaux objectifs via la publication de leurs CDN, selon Climate Action Tracker. De nombreux pays fortement émetteurs tels que l’Australie, le Brésil ou la Russie n’ont pas revu leurs objectifs à la hausse, comme le voudrait l’Accord de Paris, tandis que d’autres comme l’Inde ou l’Arabie Saoudite n’ont pas soumis de nouveaux engagements formels. La Tunisie a, quant à elle, rehaussé ses ambitions, avec la volonté annoncée de réduire son intensité carbone de 41% d’ici 2030*.
Remarque : L’intensité carbone est un indicateur qui rapporte la quantité de gaz à effet de serre émis, mesurée par son équivalent en dioxyde de carbone, au produit intérieur brut.
Où en sommes-nous ?
Une baisse de 30 % des gaz à effet de serre serait nécessaire pour limiter le réchauffement à 1,5 °C. Or, vu l’état actuel des nouvelles promesses, une réduction de seulement 7,5% des émissions est prévue pour 2030.*
Remarque : “The heat is on”, rapport du Programme des Nations unies pour l'Environnement (PNUE), octobre 2021
disponible ici
Avec l’absence d'engagements formalisés d’économies majeures comme la Chine pour 2030, le monde se dirige désormais vers un réchauffement d’au moins + 2,7 °C. À ce jour, la température moyenne sur Terre a augmenté de 1,2°C depuis la période pré-industrielle (fin XIXe siècle), laissant peu de marge de manœuvre pour arrêter le réchauffement planétaire à 1,5 °C.
Ce qui se joue à la COP26
“Pour avoir une chance de limiter le réchauffement de la planète à +1,5°C, nous avons huit ans pour réduire de près de moitié les émissions de gaz à effet de serre”, prévient un récent rapport du Programme des Nations unies pour l'Environnement. Un aspect majeur des négociations à Glasgow sera le renforcement des objectifs de la réduction des émissions, qui doivent être 8 fois plus importants pour être compatibles avec +1,5°C.
Le financement de la lutte contre le dérèglement climatique
Faire face aux conséquences du dérèglement climatique a un prix. Bien qu’ils n’en soient pas historiquement responsables, les pays en développement sont bien souvent en première ligne du dérèglement et manquent de moyens pour s’y adapter.
Quels engagements ?
Lors de la COP15 à Copenhague en 2009, les pays développés se sont engagés à rassembler 100 milliards de dollars (financements publics) par an d’ici 2020, pour aider les pays en développement à faire face au changement climatique. Cet objectif est en partie repris dans l’accord de Paris de 2015, qui le prolonge sur la période 2020-2025.
Où en sommes-nous ?
Dix ans après ces engagements, cette aide n'a atteint que 79,6 milliards de dollars par an, selon les derniers chiffres publiés par l'OCDE. Cette promesse financière ne sera pas atteinte avant 2023, avance le rapport sur la finance climatique commandé par la présidence de la COP26. Le Climate Vulnerable Forum, qui rassemble 48 pays dont la Tunisie, a témoigné de sa vive inquiétude face à ces manquements.
Ce qui se joue à Glasgow
De nombreuses organisations et acteurs estiment que les besoins dépassent les sommes annoncées en 2009, et nécessitent des milliers de milliards de dollars supplémentaires, soit 10 fois plus que prévu. L’enjeu sera de rétablir la confiance des pays du Sud envers ceux du Nord, ainsi que de revoir à la hausse les financements climats pour la période post-2025. Les pays vulnérables se mobilisent aussi pour que ce financement soit sous la forme de dons et non de prêts.
La Tunisie a chiffré ses besoins à près de 20 milliards de dollars entre 2021 et 2030 pour mettre en œuvre son plan d’atténuation des émissions et d’adaptation au changement climatique.
La sortie des énergies fossiles
La sortie des énergies fossiles, responsables de 70 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales, sera au cœur des négociations, avec en premier lieu la question du charbon, qui représente 40% de ces émissions, devant le pétrole et le gaz naturel.
Quels engagements ?
La Chine est actuellement le plus gros producteur d'émissions au monde. Près de 60% de son électricité est produite à partir du charbon. Le pays prévoit d’atteindre le pic de ses émissions carbone en 2030 et d’engager ses actions contre les énergies polluantes après cette date. L’Inde, deuxième pays producteur d’électricité à base de charbon, continue d’investir dans ces installations qui fournissent 70 % de ses besoins nationaux. Le pays a annoncé le 1er novembre 2021 qu’il visait la neutralité carbone pour 2060, bien trop tard pour réduire le réchauffement à 1,5°C.
Où en sommes-nous ?
La production de charbon, pétrole et gaz devrait augmenter de 2% par an entre 2020 et 2030*. Pour espérer une limitation du réchauffement à +1,5°C, une baisse mondiale de 6% par an d'ici 2030 est cependant nécessaire. Les changements engagés par les États du monde entier seraient insuffisants pour atteindre la neutralité carbone en 2050 (équilibre émission/absorption du carbone), selon le dernier rapport annuel de l'Agence internationale de l'énergie.
Remarque : “The heat is on”, rapport du Programme des Nations unies pour l'Environnement (PNUE), octobre 2021
disponible ici
Ce qui se joue à Glasgow
Alors que l’accord de Paris ne fixe aucune limite à la production d’hydrocarbures, des coalitions de gouvernements se sont créées en amont de la COP26 pour aborder la question. L’ONG Greenpeace attend une “décision finale avec un calendrier clair de sortie des énergies fossiles”.