Depuis l’obtention de son diplôme, Oussama travaille à Sfax, cinq jours par semaine pour un salaire d’environ 1000 dinars par mois. Il bénéficie aussi de primes trimestrielles, d’une moyenne de 120 dinars, et d’avantages grâce à son statut de sous-officier. Il n’a pas non plus besoin de cotiser pour la CNSS car il bénéficie déjà d’une sécurité sociale de l’armée. En plus de cela, il a plusieurs réductions pour son loyer ou les transports.
Voici le résumé des entrées et sorties d’argent de Oussama :
Au quotidien, Oussama profite des avantages fournis par son statut de militaire : il vit dans un logement de fonction qui ne lui coûte que 10 dinars par mois et ses charges ne sont pas comptabilisées. “C’est comme dans un foyer”, décrit Oussama, “c’est une chambre qu’on partage à deux et il n’y a pas de cuisine.”
Pour le reste des courses, “les produits de maison et les affaires personnelles”, Oussama dépense autour de 70 dinars par mois. Il achète essentiellement des produits d’entretien, des objets du quotidien ou encore du gel pour les cheveux.
A cela s’ajoutent les recharges téléphoniques qui lui reviennent à 35 dinars : n’ayant pas d’ordinateur, il utilise aussi son téléphone pour aller sur Internet. Pour ses vêtements, Oussama va faire les magasins environ trois ou quatre fois dans l’année. il estime dépenser “environ 1000 dinars par an”.
Ses plus grosses dépenses concernent un prêt contracté il y a quelques années qui lui revient à 380 dinars par mois. Il avait pour projet, avec deux de ses cousins, d’ouvrir un magasin de vêtements. Après avoir investi dans un fond de commerce, le projet a finalement échoué. Inexpérimentés, les trois hommes n’ont pas réussi à rentabiliser leur affaire. De cette expérience, Oussama a gardé de côté environ 5000 dinars qu’il réserve à un futur mariage et foyer.
Au quotidien, Oussama dépense essentiellement pour les cigarettes et les sorties. Il fume entre un et deux paquets par jour, ce qui lui revient facilement à 100 dinars par mois. Après le travail, il prend généralement un café avec ses collègues. “Tu ne peux pas rester seul à la maison, il faut changer un peu de rythme, oublier le stress…”
Le jeune homme passe peu de weekends à Sfax. La plupart du temps, il part au Kef ou à Tunis rendre visite à sa famille et ses ami·es. Grâce à son statut de militaire, il peut prendre les transports en commun comme le bus ou le train gratuitement. Il va généralement jusqu’à Tunis en train et prend un louage pour 5 dinars jusqu’au Kef quand il veut voir sa famille. Parfois, il préfère rester dans la capitale avec ses ami·es et l’un de ses frères. Pendant ces virées, il dépense environ 40 dinars chaque weekend pour ses sorties, généralement au café ou au bar.
Voici le détail de ses revenus et dépenses mensuels :
La zone grise
Oussama n’arrive pas à épargner, principalement en raison de son prêt, qu’il finira de rembourser dans seulement trois ans. En plus de cela, Il soutient financièrement sa mère pour ses courses ou si elle a des réparations à faire à la maison. “Pendant l’Aïd par exemple, elle doit acheter beaucoup de viande, ce qui lui revient cher. Donc moi et mes frères essayons de l’aider”, détaille Oussama.
En moyenne, il termine les mois avec un découvert d’environ 100 dinars, qu’il compense en économisant sur les sorties ou les vêtements, en délaissant les magasins pour les fripes. “C’est difficile quand même. Même si j’essaie d’économiser, je ne peux rien mettre de côté. Alors que je ne voyage pas, je n’achète pas de vêtements chers…”
Futur
Pour l’instant, Oussama a du mal à se projeter. Il aimerait bien se marier et fonder une famille, mais il considère ne pas être assez stable financièrement parlant. Même s’il possède actuellement 5000 dinars de côté, Oussama estime que ça ne suffirait pas pour débuter une vie de famille. “Ça ne me suffirait même pas pour un mariage !”, commente-t-il, désabusé.
D’un point de vue professionnel, il espère pouvoir évoluer et gagner un meilleur salaire, mais pour l’instant, il est incapable de dire s’il pourra bénéficier d’une promotion bientôt. En attendant, ses revenus lui suffisent plus ou moins.