Esclave en Tunisie

Sophie*, jeune fille originaire d'Afrique subsaharienne, a été victime de servitude domestique en Tunisie. Elle raconte ses six mois de calvaire.
Par | 15 Août 2015 | reading-duration 15 minutes

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En Tunisie, de jeunes femmes originaires d’Afrique subsaharienne, pensant trouver un emploi et des conditions de travail idéales, se retrouvent victimes de traite humaine et réduites à l’esclavage. Privées de liberté, elles travaillent dans des conditions difficiles et sont souvent maltraitées. Sophie*, jeune ivoirienne, ancienne victime de traite, a accepté de témoigner.

Sophie est joviale lors de nos deux premières rencontres. Installée à la terrasse d’un café, elle parle de tout et de rien, hésite entre un thé et un jus de fruit. Elle sourit, parle vite, tourne son expérience en dérision. Mais, toujours, serre fort contre elle son sac à main. Comme si c’était son unique bien.

C’est à notre troisième fois qu’elle racontera, sans sourire, son calvaire de domestique esclave, dans une maison de “bonne famille” tunisienne. Ce jour là elle m’a invitée “chez elle” , un bout de lit dans un appartement vaguement meublé, où elle a trouvé refuge auprès d’autres membres de la communauté subsaharienne. Ce sont des “frères” qui l’hébergent depuis quelques semaines.

Moi je n’osais pas poser de question. Je me disais qu’elle me raconterait bien ce qu’elle voudrait. Des histoires de “bonnes” originaire d’Afrique subsaharienne réduites en esclavage en Tunisie, j’en ai entendues. Certaines plus sordides que d’autres. A chaque fois, une violence morale et verbale, la privation de libertés et la mise en servitude.

Omerta

En Tunisie, c’est la loi du silence qui prime sur ce sujet. Les victimes de traite hésitent à témoigner, effrayées par de possibles représailles et choquées après avoir été maltraitées pendant des mois. Les associations ne veulent pas parler publiquement, pour ne pas rompre le fragile lien de confiance avec les victimes. Les autorités tunisiennes n’ont pas donné suite à nos sollicitations.

Parler d’un sujet tabou, de personnes invisibles, mais de pratiques courantes est délicat.

J’étais assise face à cette jeune fille et je me demandais bien par où commencer. Elle a coupé court à mon hésitation en se lançant seule, encore une fois, dans son récit.

Sophie n’est pas restée longtemps en Tunisie. Les lumières se sont vite éteintes sur ses rêves de vie meilleure. Dès le départ elle a été victime de tromperie.

"On m’a promis un bon emploi, bien payé, avec de bonnes conditions de vie et de travail et la possibilité de rentrer au pays quand je voulais."

La jeune fille doit venir travailler comme domestique en Tunisie, dans une famille aisée. Un poste de “bonne”, ce qu’il y a de plus banal.

Une fois le pied posé à l’aéroport, à la descente de son vol depuis la Côte d’Ivoire, la personne qui vient la récupérer lui prend son passeport. La servitude commence par là.

Les agences

Dessin de Alaeddin Abou Taleb

Au pays, le contact s’est fait par le bouche à oreille explique-t-elle. “Je suis entrée en contact avec une agence qui m’a dit pouvoir m’aider à venir jusqu’à Tunis et à travailler dans de bonnes conditions". L’“agence” dont Sophie parle, n’existe pas. Pas de structure légale ou d’enregistrement auprès des autorités. Il s’agit en fait d’intermédiaires qui ont des contacts dans les deux pays. Souvent il s’agit de locaux qui ont des contacts avec des entremetteurs en Tunisie, qui ont placé des gens auprès d’employeurs. Ou alors de particuliers qui ont eux-mêmes travaillé et ont compris que le système était rentable. Et puis il y a aussi des Tunisiens expatriés qui font du rabattage.

"J’ai payé 250 000 FCAF à l’agence, environ 800 dinars. La moitié de la somme est donnée en avance pour qu’elle fasse les papiers. Une fois les papiers finis, à l’aéroport au départ, tu donnes le reste."

Si dans la plupart des cas, “l’agence” s’occupe de faire établir le passeport de la personne il n’y a pas réellement de papier à fournir. En effet, la Côte d’Ivoire fait partie des pays dont les ressortissants n’ont pas besoin de visa et peuvent séjourner 90 jours en Tunisie sans permis de séjour.

Et il n’y a que rarement des contrats de travail établis. Souvent ils sont faux, et n’impliquent de toute façon pas de frais pour « l’agence ».

Arrivée à l’aéroport de Tunis, Sophie est prise en charge et conduite dans un appartement avec d’autres jeunes filles qui ont fait le voyage avec elle. Les voyages sont organisés pour plusieurs filles à la fois.

La jeune fille raconte avoir voyagé avec une dizaine de filles et n’avoir eu aucun problème à passer la police des frontières. Il lui aura suffit de présenter une somme d’argent nécessaire à 15 jours de séjour en Tunisie, 150 dinars, et de prétendre se rendre au mariage d’une amie.

Une fois à l’appartement, les employeurs des jeunes filles viennent les chercher et prennent les passeports avec eux. Une manière de s’assurer que les filles ne s’enfuient pas. Car pour certaines les conditions de travail et de vie sont tellement pénibles que la fuite est la seule solution.

Traitée en esclave

Arrivée chez l’employeur, les libertés sont restreintes.

"Tu es dans la maison, tu n’as plus le droit de sortir. Des fois tu es dans une pièce pendant des jours et tu fais tellement de ménage que tu ne sais même pas quel temps il fait dehors."

A l’ambassade du Sénégal, à Tunis, Monsieur Oussmane Fall, second conseiller politique, en poste depuis 3 ans à Tunis, confirme ce témoignage : “Certaines jeunes filles qui arrivent, ne ressortent jamais de la maison, elles ne savent pas où elles se trouvent.”

Il estime que des centaines de jeunes Sénégalaises seraient en situation difficile en Tunisie et rapporte qu’il ne se passe pas un mois sans qu’une “jeune bonne” , comme on les appelle dans le langage courant, ne se présente à l’ambassade. En 3 ans, il estime en avoir rencontré une cinquantaine.

"Au début c’est difficile à entendre, surtout les premiers témoignages… et petit à petit on découvre un autre univers", raconte-t-il.

L’ambassade de Côte d’Ivoire, particulièrement concernée par le sujet, n’a pas donné suite à la demande d’interview.

Pourtant les chiffres de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) en Tunisie parlent d’eux-mêmes : sur les 45 victimes de traite reçues par le bureau depuis 2012, 38 sont des victimes de traite domestique. Et 23 sont des femmes originaire de Côte d’Ivoire.

Travailler pendant 3 ans pour récupérer son passeport

Dessin de Alaeddin Abou Taleb

“En Côte d’Ivoire, on ne te prévient pas que ton passeport sera confisqué. Et surtout on te dit que si les conditions de travail ne te conviennent pas tu n’auras qu’à renter au pays. Une fois que tu arrives ton employeur te dit que tu viens travailler pour 3 ans et que tu dois travailler pour rembourser les frais qu’il a avancé”, ajoute Sophie.

Seules et sans repère, les jeunes filles ne savent pas vers qui se tourner pour juger de la situation. Sans contact avec l’extérieur, elles se fient à ce que disent leurs employeurs, qui n’hésitent pas à faire pression sur elles.

Ousmane Fall explique que l’ambassade du Sénégal essaie d’entrer en contact avec les employeurs pour récupérer les passeports, mais rares sont les fois où le document a pu être repris :

"Certains employeurs nient connaître la fille, changent de numéro de téléphone, d’autres insultent."

Toutes les employées domestiques ne vivent pas de telles conditions de travail, mais pour celles qui sont victimes de traite, les espoirs de vie meilleure virent au cauchemar.

“À chaque fois le récit est le même…”

Le témoignage de Sophie peut sembler irréel, car le phénomène, invisible, est difficilement quantifiable. Mais les témoignages des associations, des organisations internationales, tout comme celui de M. Fall, à l’ambassade du Sénégal, corroborent le fait que la servitude domestique existe en Tunisie, pour les étrangères, et aussi, comme on le voit souvent, pour de jeunes tunisiennes.

“A chaque fois c’est le même récit : les filles sont cooptées depuis le Sénégal. Souvent les gens s’engagent à acheter le billet d’avion, à payer les frais pour le passeport… puis à l’aéroport on les récupère et on les amènent à la maison”, témoigne M. Fall.

"Tu vis là et tu ne te reposes que quand tu vas dormir. Il n’y a pas d’horaires de travail. Tant qu’on a besoin de toi tu es là… Le matin tu te lèves avant les autres, pour tout préparer avant eux : le petit-déjeuner, t’assurer que la maison est propre…",  se souvient Sophie.

Dessin de Alaeddin Abou Taleb

“Quand ma patronne sortait, il fallait que je m’occupe de sa fille qui ne travaillait pas et qui était en dépression, qui passait son temps enfermée dans sa chambre et qui me demandait café sur café, en fumant des cigarettes. Et quand la fille sortait c’est la mère qui restait, et il fallait toujours que je sois disponible si l’ une d’elles avait besoin de moi.”

Les associations de défense des droits de l’homme reçoivent de plus en plus de témoignages de jeunes domestiques “prises au piège” qui racontent être victimes de violences verbales, physiques, de mauvais traitements. Les jours de congés sont rares “le dimanche, souvent pour aller à la messe” , les filles se lèvent avant la famille, se couchent après elle, sont souvent contraintes à se nourrir des restes, ne reçoivent pas de soins médicaux si elles sont malades.

Coupée du monde

Alors que Sophie est employée depuis quatre mois, son employeur tombe malade et des imams viennent à la maison. : “L’un des cheikhs a demandé à ma patronne si je me reposais. Il lui a dit que c’était haram de me faire travailler tout le temps et de ne pas me laisser sortir, c’est comme ça que j’ai eu un jour de congé de temps en temps” , se souvient-elle.

Retenue et coupée du monde, elle a passé 4 mois sans voir un membre de la communauté. Et la communication avec ses amis et sa famille lui était également interdite. “Moi je me cachais pour communiquer, j’avais un petit téléphone et j’appelais les filles avec qui j’étais venue dans l’avion, j’appelais ma famille…”

Quand elle a voulu quitter son emploi, la situation s’est empirée.

"Si tu veux partir on te dit que l’on va appeler la police et dire que tu as volé quelque chose. Tu n’as pas tes papiers, tu ne peux trouver d’aide nulle part, alors tu as peur."

Une semaine après son arrivée, Sophie a réclamé son passeport à sa patronne, déçue par les conditions de travail elle voulait déjà partir. La maîtresse de maison lui a alors expliqué que selon le “contrat” elle devait travailler six mois pour rembourser les frais avancés par son employeur, puis trois ans durant lesquels elle serait rémunérée et après lesquels, elle récupérerait son passeport.

“J’ai donc fini de payer mes dettes au bout de 6 mois et je lui ai expliqué que je voulais partir. Et là elle m’a dit que je n’avais pas d’argent pour payer une pénalité. Mais moi je ne savais pas de quoi il s’agissait.”

Les jeunes filles qui viennent de l’étranger sont rarement au fait des conditions légales à remplir pour le séjour sur le territoire tunisien, et comme les employeurs ne les déclarent pas, aucune demande de permis de séjour n’est faite. Une fois les trois mois ne nécessitant pas de visa dépassés, les filles se retrouvent en situation irrégulière sur le territoire tunisien et les pénalités commencent à courir, à hauteur de 100 dinars par mois.

Prise au piège en Tunisie

Dessin de Alaeddin Abou Taleb

Sophie fait part de son envie de partir en pensant que sa patronne prendra en charge son billet de retour. Elle se rend compte qu’elle doit encore travailler pour payer son billet et les pénalités de séjour. Son futur salaire lui demanderait des mois pour rassembler la somme. Mais même sans argent elle souhaite quitter la maison, quitte à errer dans la rue.

"On a commencé à se disputer et elle m’a enfermée dans une pièce au sous-sol."

Deux jours plus tard elle est libérée et reprend le travail. Mais ne tenant plus, une fin d’après-midi, elle demande à nouveau à quitter la maison.

La maîtresse de maison se fâche à nouveau, commence à frapper la jeune fille qui essaye de rassembler ses affaires et prend la fuite à l’extérieur de la maison.

“C’était l’hiver j’étais en débardeur, avec un jean et des sandales. Je suis sortie dans le jardin. Elle voulait que je rentre dans la maison. J’ai refusé. Elle m’a dit que si je voulais partir il fallait que je parte comme ça : sans mes affaires et sans mon passeport. Je suis partie. Je me suis retrouvée au Belvédère, la nuit tombée.”

Elle reçoit alors un appel de Côte d’Ivoire et est prise en charge par des gens de la communauté subsaharienne résidant à Tunis.

Un temps, remontée contre son employeur, la jeune fille a voulu porter plainte. Mais ses amis l’en ont dissuadée “Ah quoi bon : une étrangère sans papiers, va aller voir la police?” . Elle se rend vers son ambassade, mais ne trouve aucune aide, rapporte-t-elle. Contactée par Inkyfada, l’ambassade de Côte d’Ivoire n’a pas donné suite.

Si de nombreuses Ivoiriennes arrivent à entrer en contact avec le monde extérieur ou leur ambassade, lors de leur jour de repos ou en se rendant à l’église, la situation est plus difficile pour les jeunes Sénégalaises, de confession musulmane, qui n’ont aucun “prétexte” pour sortir de la maison.

“Certaines entrent dans les maisons et n’en ressortent plus jamais. C’est en appelant au pays ou via quelqu’un qu’elles connaissent ici qu’il y a un contact avec l’ambassade” , explique M. Fall.

Difficile pour ces jeunes filles de se tourner vers les autorités tunisiennes. Dans les maisons, quand elle souhaitent partir, les employeurs menacent de les accuser de vol. Et pour les policiers elles sont avant tout des étrangères en situation irrégulière et non des victimes à protéger.

La solidarité s’organise au grè des situations, une fois les filles ayant quitté leur employeur : “L’ambassade du Sénégal ne dispose pas de fonds pour les actions sociales, nous faisons des demandes à Dakar et nous comptons sur la solidarité des associations de Sénégalais en Tunisie ou sur celle des confréries, pour héberger les jeunes filles” explique M. Fall. S’ensuit, pour tous les étrangers souhaitant rentrer dans leur pays, la longue attente et la débrouille pour trouver l’argent nécessaire au règlement des pénalités de séjour irrégulier.

Une situation ubuesque qui poussent les migrants à se rapprocher de réseaux ou à tomber dans l’illégalité, toute situation régulière leur étant fermée.

Pour récupérer son passeport, Sophie a du travailler un mois chez la sœur de sa première employeur, sans toucher de salaire. A la suite de quoi, elle est tombée malade. “J’ai appelé pour avoir de l’aide, je n’avais pas d’argent. Elle m’a encore proposée de travailler chez elle gratuitement pour qu’elle me paie mes soins.”

Un cercle infini de chantage, une prise en otage des jeunes filles.

Quand elle finit par être soignée elle quitte à nouveau cette maison et trouve un emploi à l’Ariana.

"Il y avait deux garçons et l’un deux a essayé d’abuser de moi. Et quand j’en ai parlé, la mère m’a demandée de quitter la maison. J’ai donc encore perdu mon emploi."

Fatiguée de travailler sans être rémunérée , ne sachant plus quoi faire pour obtenir la somme nécessaire pour payer son billet d’avion, Sophie décide de poster une annonce sur Internet pour se prostituer. Elle trouvera de l’aide avant.

De la traite en Tunisie

Dessin de Alaeddin Abou Taleb

Sophie a été victime de servitude domestique, victime de traite. A l’OIM, Lorena Lando, chef de mission explique: “Les gens arrivent avec leurs papiers et pour certains, n’ont pas besoin de visa pour 90 jours, certains avec un contrat… il y a donc une stratégie, le système est pensé, c’est un processus organisé.”

"Certaines filles viennent avec de faux contrats, sont récupérées à l’aéroport, privées de leurs papiers, de liberté, elles découvrent qu’elles ont des dettes à rembourser et découvrent sur place une autre réalité, c’est tout le processus de la traite ici : avec des personnes maltraitées, physiquement et moralement, travaillant trop, qui, quand elles sont malades ne bénéficient pas de soins", explique Imen Naija assistante principale de projet Lutte contre la traite des personnes à l’OIM.

Défini par l’article 3 du Protocole visant à Prévenir, Réprimer et Punir la Traite des Personnes, additionnel à la Convention des Nations Unies contre la Criminalité Transnationale Organisée (2000) la traite est entendue comme :

“L’expression “traite des personnes” désigne le recrutement, le transport, le transfert, l’hébergement ou l’accueil de personnes, par la menace de recours ou le recours à la force ou à d’autres formes de contrainte, par enlèvement, fraude, tromperie, abus d’autorité ou d’une situation de vulnérabilité, ou par l’offre ou l’acceptation de paiements ou d’avantages pour obtenir le consentement d’une personne ayant autorité sur une autre aux fins d’exploitation.

L’exploitation comprend, au minimum, l’exploitation de la prostitution d’autrui ou d’autres formes d’exploitation sexuelle, le travail ou les services forcés, l’esclavage ou les pratiques analogues à l’esclavage, la servitude ou le prélèvement d’organes.”

La Tunisie, qui a ratifié le Protocole, travaille, depuis 2009, à un projet de loi national, adopté en Conseil interministériel en mai 2015 et qui doit maintenant être voté par l’ARP.

Dessin de Alaeddin Abou Taleb

Quand en 2011, l’OIM a commencé à parler de ce phénomène en Tunisie, alors qu’elle lançait une étude du phénomène de la traite, il y avait beaucoup d’étonnement de la part des autorités et des intervenants tunisiens. Il ne s’agissait pas de déni, mais plutôt de méconnaissance de la définition du terme de traite, pour Hélène Le Goff, qui a coordonné l’étude exploratoire sur la traite des personnes en Tunisie, publiée en 2013.

Pourtant le phénomène de traite en Tunisie fait déjà l’objet d’observation. Chaque année, le Bureau de contrôle et de lutte contre la traite des personnes du Département d’Etat des Etats-Unis réalise un classement des pays. Depuis 2009 la Tunisie est classée.

Selon cette étude, le pays est un lieu de départ de personnes victimes de traite, mais également un pays de transit et de destination pour les hommes, femmes et enfants victimes de travail forcé et de prostitution.

Un phénomène qui a besoin d’une existence juridiqUE

"La traite est un phénomène nouveau dans l’approche institutionnelle en Tunisie", explique Lorena Lando, chef de mission de l’OIM.

Pour elle une loi permet de mettre un nom sur un phénomène, de lui donner une existence juridique à un crime ou un délit et donc de mettre en place un processus pour venir en aide aux victimes. Le phénomène des bonnes migrantes n’a pas encore eu de versant judiciaire. Une seule jeune fille a voulu porter plainte mais l’affaire a été classée sans suite. La plupart des victimes préfèrent rentrer chez elles “et oublier le mauvais moment passé sur place” explique Helène Le Goff.

Sophie n’a pas voulu porter plainte. Elle a préféré rentrer chez elle, en Côte d’Ivoire et se reposer avant de recommencer sa vie. En partant elle avait encore du mal à réaliser l’expérience par laquelle elle était passée. Naïve elle m’a demandée : “Pourquoi les gens sont-ils si méchants?”