En tout vingt femmes ont posé pour parler de leur histoire. Des femmes originaires de différentes villes de Tunisie qui attendent, depuis des années, de savoir si leurs fils, petit-fils ou maris, sont morts en voulant rejoindre l’autre rive, ou si ils
ont réussi à passer. Que sont devenus ces hommes? C’est la question qu’elles posent sans fin à des autorités qui restent muettes.
Pour le Forum Tunisien des Droits Economiques et Sociaux et la fondation Rosa Luxembourg, le photographe Aymen Omrani est parti à la rencontre de ces femmes pour les photographier et essayer de montrer leur attente. Un travail qui donne lieu à une exposition,
qui débute vendredi 12 juin à 18h au siège de la fondation Rosa Luxembourg à Tunis et qui se poursuivra pendant 5 jours.
Cette action, lancée par le FTDES, se fait dans le cadre de la coalition Boats4People, qui réunit des associations européennes et africaines, qui défendent les droits des migrants en mer et plaident pour la liberté de circulation de tous.
Monter une exposition de photo de femmes dont, pour la plupart, les enfants ont disparu, c’est solliciter la société civile et les autorités, pour ne pas fermer les yeux sur la situation et mettre en place une politique migratoire respectueuse des Droits
humains.
Inkyfada a choisi de s’associer à cette initiative. En avant-première nous diffusons douze photos de huit de ces femmes, avant l’exposition qui aura lieu pendant 5 jours et durant laquelle soixante photos seront présentées.
Om el Khir Ouirtatani est une mère de trois enfants, dont Ritej la cadette de sa fratrie, née quelques mois après le départ de son père, Nabil Ghuizaoui et le 29 mars 2011. Co-fondatrice de l’association “Terre pour tous”, Om el Khir travaille en tant qu’institutrice auprès des enfants de cité El Nour et milite au quotidien pour subvenir aux besoins de sa famille et raviver la mémoire de son mari. Crédit image : Aymen Omrani.
Om el Khir Ouirtatani, la photo de son mari et le diplôme de sa fille. Crédit image : Aymen Omrani.
Rebeh Bouthouri est une femme au foyer et mère de six enfants dont Ibrahim Bouthouri, âgé de 19 ans quand il a quitté la Tunisie le 29 mars 2011. Ayant subit une opération chirurgicale au niveau du dos, la mère d’Ibrahim souffre de troubles psychologiques depuis sa disparition. Dans sa lutte quotidienne pour survivre, la famille reçoit une allocation mensuelle de 100 dinars. Le père travaille dans la collecte et le recyclage des bouteilles en plastique. Crédit image : Aymen Omrani.
Rebeh Bouthouri dans la chambre de son fils. Crédit image : Aymen Omrani.
Mbarka Rhimi est la mère de Arbi Ferchichi, un jeune de 16 ans ayant quitté la Tunisie le 29 mars 2011 depuis les rives sfaxiennes de Sidi Mansour. La vulnérabilité psychologique de cette mère, confrontée à la disparition de son fils, s’accentue quand son autre fils, âgé de 15 ans, parle de son envie de rejoindre l’Italie. Crédit image : Aymen Omrani.
Mbarka Rhimi a gardé les médailles des compétitions de sport de son fils, Arbi Ferchichi. Crédit image : Aymen Omrani.
Fathi Hadagi voulait rejoindre son frère qui s’est installé en Italie. La situation stable de son frère l’a poussée à tenter la traversée, malgré le fait qu’il avait un emploi au sein de la municipalité de Hammam Lif. Fathi a pris la mer en laissant derrière lui sa mère Saghira el Bkakri. Crédit image : Aymen Omrani.
Latifa Chouikh recherche toujours son fils, Sabri Souli, disparu le 29 mars 2011. Elle passe ses journées à prendre soin de sa fille ainée, chez elle à Hammam Lif. Crédit image : Aymen Omrani.
Aziza Bouthouri est une femme dont le dur vécu a marqué le visage. Depuis le départ de son fils, Maher Bouthouri, le 29 mars 2011, Aziza ne retrouve plus le sommeil. Crédit image : Aymen Omrani.
Après avoir été rejeté par l’épouse de son fils, Sahra Bel Rais, du haut de ses 62 ans, entame la construction d’un abri modeste entre deux visites à son mari, hospitalisé à l’hôpital de Bizerte à la suite d’une attaque cardiaque provoquée par le départ de leur fils Aymen Drihmi. Crédit image : Aymen Omrani.
Sahra Bel Rais, vit grâce au ramassage de bouteilles en plastique. Crédit image : Aymen Omrani.
Fajera vit avec son mari et son fils dans le quartier Zayatine à Jbel Lahmar dans la banlieue de Tunis. Deux de ces enfants ont émigré et vivent en Italie, alors qu’elle continue à chercher son fils Ali Ayari, qui a quitté le pays le 29 mars 2011 à l’âge de 24 ans et qui a disparu depuis. Crédit image : Aymen Omrani.