Libération progressive et retour sous haute tension
La libération des membres de la caravane Soumoud s’est faite par étapes. Le 17 juin, huit militant·es, dont des Tunisien·nes, Algérien·nes et Libyen·nes, ont été libéré·es, suivi·es peu après par d’autres détenu·es, suite à des négociations entre coordinateurs et autorités locales. Le lendemain, plus aucun participant n’était officiellement détenu. Cette annonce a marqué la fin d’un blocage de plus de 72 heures par les autorités de l’Est libyen.
Dans la foulée, les membres de la caravane ont entamé leur retour en Tunisie. Après avoir franchi la frontière tuniso-libyenne au poste frontalier de Ras Jedir, le convoi a traversé Médenine, Gabès et Sfax, avant d’être accueilli à Tunis ce jeudi 19 juin au soir.
Sur l’avenue Habib Bourguiba, les militant·es ont été salué·es par des proches, des citoyen·nes et des membres de la société civile, entre slogans de soutien, drapeaux palestiniens et applaudissements.
Un périple entravé et politisé
Partie de Tunis fin mai, la caravane Soumoud visait à acheminer de l’aide humanitaire à Gaza, en passant par le territoire libyen puis égyptien. Elle réunissait une centaine de participant·es, parmi lesquels des militant·es, avocat·es, journalistes et professionnel·les de santé.
Mais à leur arrivée dans l’Est libyen, sous le contrôle du maréchal Khalifa Haftar, les membres du convoi ont été bloqué·es, puis certain·es arrêté·es. Les autorités locales ont évoqué des irrégularités administratives et l’absence d’autorisations officielles. De leur côté, les organisateur·ices affirment avoir entamé toutes les démarches nécessaires en amont et dénoncent des entraves injustifiées.
Jusqu’ici, aucune déclaration officielle ne confirme une éventuelle médiation diplomatique entre la Tunisie et les autorités libyennes.
Après Soumoud 1, la promesse d’un Soumoud 2, voire 3
Au lendemain de leur retour, plusieurs figures de la caravane ont affirmé que l’initiative ne s’arrêterait pas à cette première expédition. Ghassen Henchiri, membre du convoi, a déclaré qu’un Soumoud 2 était déjà en préparation, avec des objectifs humanitaires similaires.
Même ton du côté de Wael Naouar, membre de la caravane : lui aussi a évoqué l’éventualité de plusieurs autres convois, insistant sur le caractère politique, symbolique, mais aussi très concret de ces actions solidaires.
“Nous devons apprendre de nos erreurs, renforcer notre coordination internationale, et envisager de nouvelles routes, terrestres ou maritimes, avec le soutien d’acteurs civils et institutionnels”.
Une initiative populaire qui interpelle les États
Si la caravane a suscité un large élan de soutien populaire en Tunisie et dans la région, elle interroge aussi la capacité des États à garantir la sécurité et le passage de tels convois humanitaires. L’absence d’une coordination officielle entre autorités tunisiennes, libyennes et égyptiennes a sans doute contribué aux tensions sur le terrain.
Plusieurs ONG et collectifs, dont la Coordination d'actions communes pour la Palestine, appellent d’ores et déjà les autorités tunisiennes à clarifier leur position, et à soutenir officiellement de futures initiatives de ce type. Un appel à contribution a été lancé pour financer les prochaines étapes, et une conférence est prévue à Tunis dans les jours à venir pour revenir sur les conditions du périple.