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"Beaucoup d’entre vous ne connaissent pas son visage, mais vous avez sûrement entendu sa voix." Sur les réseaux sociaux, le message de Wael Naouar, porte-parole de la caravane Soumoud, alerte sur la détention de Youssef Ben Younes, l’un des coordinateurs du convoi, détenu depuis plusieurs jours dans l’est de la Libye. Il faisait partie de celles et ceux qui appelaient les participant·es pour “collecter les passeports, organiser les départs”, d’après Naouar.
Aujourd’hui, lui et deux autres ressortissants tunisiens sont retenus à Benghazi, sans accès à un·e avocat·e, sans chef d’accusation clair, et sans perspectives concrètes de libération.
Des arrestations en l’absence de soutien juridique
Selon la dernière mise à jour officielle, 13 personnes sont actuellement détenues, dont trois Tunisiens :
- Youssef Ben Younes
- Sami Ben Belkacem Rekissi
- Alaa Ben Ammar
La liste inclut également trois Algériens, six Libyens et un Soudanais.
Les organisateur·rices affirment avoir repris contact avec les autorités tunisiennes, notamment le ministère des Affaires étrangères, afin d’accélérer la libération des détenu·es.
Face à cette situation, l’avocat Sami Ben Gharbia, appelle à la constitution d’une délégation officielle pour se rendre en Libye et réclamer la libération des détenus.
"Ces Tunisiens sont partis avec leurs convictions. Aujourd’hui, ils sont détenus sans avocat, sans cadre légal, sans perspective claire", dénonce-t-il.
Il exhorte les instances professionnelles, dont l’Ordre des jeunes avocats, à organiser une réponse collective rapide.
Pour l’heure, aucune information officielle n’a été communiquée par les autorités libyennes à ce sujet et les personnes concernées n’ont toujours pas accès à une défense juridique.
Une caravane entravée des deux côtés de la Libye
Depuis son entrée en Libye, la caravane Soumoud a été confrontée à de nombreux blocages administratifs et sécuritaires. Si elle a été temporairement ralentie à l’ouest du pays (sous contrôle du GUN, reconnu par l’ONU), c’est à l’est, sous autorité de Khalifa Haftar, que la situation s’est considérablement dégradée.
Depuis le 13 juin, les forces pro-Haftar soumettent le convoi à des contrôles stricts, des fouilles, des détentions et bloquent l’accès à la communication. Cette entrave pourrait s’inscrire dans une dynamique politique régionale : Haftar, allié potentiel de pays normalisant avec Israël, adopte une position ambiguë vis-à-vis des initiatives pro-palestiniennes non contrôlées.
Les organisateur·rices dénoncent également le refus par l’Égypte de leur accorder les autorisations nécessaires, malgré plusieurs démarches officielles via la représentation diplomatique en Tunisie. Devant l’impasse sur les routes terrestre et maritime, la Coordination a annoncé le retour du convoi vers la Tunisie, tout en conditionnant ce départ à la libération complète des détenu·es.
"Notre caravane est et restera pacifique. Nous attendrons leur libération sur place, pacifiquement", affirme l’organisation.
Une mobilisation populaire qui dénonce le silence diplomatique
À ce jour, aucune réaction officielle des autorités tunisiennes n’a été rendue publique et aucun consulat n’a pu intervenir directement, selon les organisateur·rices. Mais la pression citoyenne et associative continue de croître.
Le samedi 15 juin, un rassemblement a été organisé à Tunis devant le Théâtre municipal, à l’initiative de plusieurs collectifs de soutien à la Palestine. Les manifestant·es ont réclamé la libération immédiate des détenu·es et dénoncé le silence diplomatique.
La Coordination d'actions communes pour la Palestine appelle les proches à signaler toute perte de contact via ses canaux officiels, et met en garde contre les campagnes de désinformation visant à semer la discorde.
"Les jeux sionistes cherchent à saboter notre unité et à étouffer nos efforts", alerte l’organisation.
Un affrontement géopolitique
Initiée comme une action civile pacifique, la caravane Soumoud est devenue un révélateur des tensions régionales et des impasses diplomatiques. Elle témoigne des fragilités politiques entre la Tunisie, la Libye et l’Égypte, et de la difficulté de mener une action indépendante de solidarité avec Gaza.
En Tunisie, les soutiens continuent d’affluer. Certain·es participant·es ont choisi de rentrer à partir du mardi 17 juin au matin, selon un départ coordonné par les organisateur·rices. D’autres ont affirmé rester sur place jusqu’à la libération complète de leurs camarades.