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Hédi, 24 ans, étudiant et tuteur, 1495 euros par mois


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08 Décembre 2024 |
 Installé à Paris depuis plusieurs années, Hédi partage son temps entre son master de philosophie, les heures de tutorat qu’il dispense et de nombreuses activités extra-scolaires. Derrière cette routine bien rodée, des défis financiers persistent et des projets d’avenir se dessinent. Plongée dans son porte-monnaie. 
La nuit tombe petit à petit sur Paris lorsque Hédi* rentre enfin chez lui, un mercredi de novembre. Après une longue journée de cours et un court trajet en métro, il retrouve la chaleur tranquille de son appartement, à l’abri du tumulte de la ville.

Hédi est installé dans la capitale depuis plusieurs années. Après l’obtention de son baccalauréat français en Tunisie, il a suivi un parcours exigeant : classes préparatoires, licence de droit, avant de trouver sa voie en master de philosophie. Aujourd’hui, il est étudiant en deuxième année de Master de philosophie, métaphysique et phénoménologie. 

Voici un aperçu de ses sorties et entrées d’argent mensuelles :

Son emploi du temps, relativement léger, se limite à des cours le mercredi et le vendredi matin. Il consacre néanmoins plusieurs heures par semaine à du tutorat à l’université, une activité qui le passionne. Lors de ses permanences, Hédi accompagne des étudiant·es, en difficulté ou désireux·ses d’approfondir leurs compétences.  

“Je les aide à améliorer leur méthodologie, que ce soit pour des dissertations ou des commentaires de texte”, explique-t-il. Ce choix, motivé par sa passion pour la philosophie, lui a révélé une véritable vocation pour l’enseignement. 

"C’est un travail sur le long terme. Les résultats ne sont pas immédiats, mais c’est ce que j’aime : l’idée de construire quelque chose ensemble."

Cette activité lui rapporte une centaine d’euros par mois en moyenne. Grâce à cela, à l’envoi d’argent régulier de ses parents, à une bourse et aux aides sociales auxquelles il a droit, la majorité des charges fixes du jeune homme sont couvertes, lui permettant de gérer son quotidien sans trop de difficultés financières.

Voici le détail de ses rentrées et sorties d’argent mensuelles :

Les soirs de semaine, il alterne entre préparer à manger chez lui, commander un repas ou sortir avec des amis. “Je peux aussi bien rester à la maison pour regarder une série ou travailler mes cours sur mon ordinateur, que sortir en terrasse ou aller chez des amis”, raconte-t-il.

Dans son temps libre, s’il n’est pas à la bibliothèque en train d’étudier, Hédi se consacre à des activités sportives, comme le rugby. Il suit également des cours d'arabe, bien qu'il ait un peu perdu le rythme dernièrement : “Là, depuis la rentrée, parce que j'ai un mémoire, je suis assez occupé, j'y vais beaucoup moins.” 

"Mes journées suivent une certaine routine, mais je les structure toujours autour d’activités épanouissantes", confie Hédi. 

Hédi accorde en effet une grande place aux activités culturelles, particulièrement le week-end. Ces moments, plus libres, sont l’occasion de diversifier ses occupations. Il aime visiter des musées, souvent à l’affût d'expositions temporaires ou d’événements gratuits pour les étudiants. “Chaque exposition est une opportunité d’apprendre quelque chose de nouveau ou de voir le monde autrement”, livre-t-il.

Les soirées de week-end, elles, se partagent entre le cinéma, les rendez-vous avec ses amis, ou des dîners improvisés.

"Le cinéma reste un rituel. J’essaie d’y aller une fois par semaine, le dimanche soir par exemple, pour bien finir la semaine."

Ces activités, rendues accessibles grâce à son statut d’étudiant bénéficiant de réductions, lui permettent de gérer son budget de manière équilibrée. Conscient de ses finances, Hédi réussit à économiser chaque mois, ce qui lui permet de se permettre des voyages ou des escapades en weekends, tout en restant stable financièrement. Le jeune homme incarne la vie étudiante parisienne : rythmée par des moments de culture et de plaisir et des études exigeantes, mais aussi des contraintes financières.

Zone grise

Les périodes de dépenses accrues, comme la rentrée universitaire, génèrent du stress chez Hédi, qui doit parfois repousser des achats non urgents, comme l’achat de vêtements. Bien qu’il se décrive comme relativement économe, l’argent reste une source de préoccupation. “C’est pendant ces moments que je dois vraiment surveiller mes dépenses”, explique-t-il.

L’étudiant pointe aussi les difficultés liées à la bourse française, qui ne prend pas en compte la réalité des familles binationales vivant à l’étranger : “Comme mes parents sont en Tunisie, c’est le Consulat de France qui évalue leurs revenus. Ils considèrent tous les actifs, même les propriétés, mais sans intégrer les restrictions imposées par l’État tunisien sur les devises”, déplore-t-il. En effet, un plafond strict limite les transferts à l’étranger, rendant le soutien financier parental parfois difficile. À cela s’ajoute la dépréciation du dinar tunisien face à l’euro.

"Trois dinars valent à peine un euro. Cela complique tout, surtout dans une ville chère comme Paris."

Futur

Malgré tout, Hédi reste optimiste. Il envisage de passer son permis de conduire, un projet qu’il repousse pour l’instant, faute de moyens financiers suffisants. “Je sais que ce sera utile à long terme, mais c’est un investissement important.”

Professionnellement, il aspire à devenir enseignant, en poursuivant ses études avec un doctorat. “J’aimerais obtenir un financement doctoral pour continuer mes recherches en philosophie”, explique-t-il. Plus tard, il rêve de quitter Paris pour une ville plus abordable, avec “davantage de soleil et de nature.”