"L’Afrique du Nord et le Moyen-Orient continuent à faire face à de multiples situations d’urgence complexes, sans précédent. Des urgences qui vont encore être des défis difficiles à surmonter en 2015. Ces régions sont aujourd’hui des lieux de départ, de transit et des destinations d’arrivée pour les migrants et les réfugiés. Beaucoup, lors de leur périlleux voyage, notamment par la mer, sont victimes de trafics et de passage irrégulier."
Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) a rarement été aussi inquiet : selon son dernier rapport, l’année 2014 a connu la plus forte augmentation du nombre de personnes déplacées. Plus de 270 000 migrants seraient entrés de manière irrégulière en Europe en 2014 via la Méditerranée, grâce à des passeurs. Depuis l’an 2000, au moins 29 000 personnes auraient trouvé la mort en essayant de rejoindre l’Europe.
Cette tendance s’est intensifiée de façon significative ces dernières années, du fait des conflits et des conditions de vie difficiles dans de nombreux pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Même si elles sont conscientes de risquer leur vie, des milliers de personnes de tous âges tentent de rejoindre l’Europe en traversant la Méditerranée à bord de bateaux surchargés, aux mains de passeurs peu scrupuleux. Le voyage est périlleux : en 2014 plus de 3 000 personnes ont été portées disparues ou sont mortes lors du passage.
En 2013, un bateau s’est échoué à proximité de l’île italienne de Lampedusa : 366 personnes ont péri dans ce naufrage. Peu après, la Marine italienne commençait une opération de recherche et sauvetage de migrants en mer nommée Mare Nostrum (d’après le nom que les Romains donnaient à la Méditerranée) ; cette opération déployait des bateaux patrouilleurs dans les eaux internationales et non pas seulement dans les eaux italiennes dans le but de prévenir d’autres naufrages et davantage de morts.
Cette opération était menée en coordination avec l’opération Hermes de l’agence Frontex, agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des États, qui vise à sécuriser les frontières extérieures de l’Europe et lutte contre la migration. L’agence est très critiquée pour son travail par les ONG de défense des droits de l’homme comme le montre la campagne Frontexit.
Une année de fonctionnement et 150.000 vies sauvées plus tard, Mare Nostrum s’arrête. L’Italie a dénoncé le coût de l’opération qu’elle payait pratiquement toute seule : estimée à 9 millions d’euros par mois, Mare Nostrum a bénéficié d’un soutien financier limité de la part de la Commission Européenne (à hauteur de 1,8 millions d’euros provenant du Fond d’action extérieure). Malgré les demandes répétées d’aide que l’Italie avait adressées aux autres États membres de l’UE, aucun n’a fourni de contribution financière.
L’Opération Triton est l’héritière de Mare Nostrum. Gérée par Frontex, l’agence de l’UE en charge des frontières extérieures, Triton se focalise avant tout sur la protection des frontières. Fabrice Leggeri, le directeur de Frontex, avait expliqué le mandat de l’opération en déclarant au quotidien britannique The Guardian en avril 2015 :
"Triton ne peut pas être une opération de recherche et de sauvetage. J’entends par là que dans notre plan opérationnel, nous ne pouvons pas prévoir la recherche et le sauvetage de façon pro-active. Cette activité ne fait pas partie du mandat de Frontex et, d’après ma compréhension [des choses], ce n’est pas non plus le mandat de l’Union Européenne."
Cette déclaration a été faite quelques jours à peine après le naufrage en eaux territoriales italiennes d’un bateau transportant des centaines de personnes, causant le décès de 800 d’entre elles ; et alors que l’opinion publique s’indignait en découvrant les chiffres : le taux de décès d’une personne cherchant à rejoindre l’Europe via la Méditerranée a été multiplié par dix entre 2014 et 2015.
Le nombre de morts lors de traversées de la Méditerranée a significativement décru en mai-juin 2015, une conséquence immédiate et positive de la reprise des opérations de recherche et sauvetage, relancées suite à une décision européenne début mai. Cependant, la vigilance ne doit pas se relâcher car, comme le souligne le HCR, "les mois les plus intenses [en termes de traversées] sont à venir".
Qu’est-ce que le rapport du HCR nous dit au sujet des réfugiés et demandeurs d’asile en 2014 ? Que disent les données relatives aux pays de la zone MENA ?
Afrique du Nord
Le HCR présente une situation lugubre : “[…] L’instabilité affectant toujours certaines parties de la région, en particulier la Libye, continue à générer des mouvements irréguliers vers l’Europe. Depuis le début 2014, les bureaux du HCR répartis dans toute l’Afrique du Nord ont constaté une augmentation du nombre des demandeurs d’asile. Les troubles actuels dans certains pays [de la région] ont créé des besoins plus importants de protection liés à l’augmentation du nombre de réfugiés et de demandeurs d’asile ayant été arrêtés ou détenus ; ceci est particulièrement vrai dans le cas des personnes en provenance de l’Afrique subsaharienne. L’activité terroriste dans le Sahel et dans le Sinaï ainsi que les affrontements entre milices rivales en Libye ont également affecté les opérations du HCR, réduisant la capacité d’accès à l’asile.”
Aucun des pays d’Afrique du Nord ne dispose de loi réglementant l’accès à l’asile et aucun de ces pays n’a établi d’institution dédiée à la gestion des demandes d’asile. Ces activités sont donc du ressort du HCR : ses bureaux locaux sont les seules instances chargées de la décision d’attribution du statut de réfugié pour les étrangers qui en font la demande.
Les 100 000 réfugiés et demandeurs d’asile résidant en Algérie n’ont pas accès à une activité salariée et risquent la détention ou la privation de liberté. L’instabilité et l’insécurité en Afrique du Nord plus largement, combinées avec des mesures d’interception plus strictes et des conditions d’accès à l’asile plus restrictives adoptées par les pays de l’UE, ont contribué à augmenter le nombre de demandes d’asile en Algérie, notamment de la part de Syriens.
Le Maroc et la Tunisie ont un nombre de réfugiés et demandeurs d’asile comparable et ce, malgré les différentes tailles de population et des situations politiques différentes.
Comme en Algérie, les Syriens sont les réfugiés les plus nombreux en Égypte. Oum el-Dounia n’est cependant pas un foyer accueillant pour autant : détentions arbitraires, déportations et harcèlement de réfugiés sont des pratiques communes. Tout comme les autres pays de la région, l’Égypte "produit" ses propres réfugiés dont le nombre a augmenté en 2014 pour dépasser les 25.000 individus.
L’instabilité continue en Libye, traduite par les divisions politiques, la défaillance des institutions, les affrontements, les attaques contre les civils et la criminalité galopante, a eu pour conséquence le déplacement interne de 500 000 personnes. La sécurité au sein du pays s’est encore détériorée au début de l’année 2015 : ce conflit est toujours en cours et continue à causer le déracinement d’une partie significative de la population libyenne.
Irak, Syrie et Yémen
L’Irak est dans une situation très difficile avec des Irakiens revenant de la Syrie, des Syriens cherchant refuge en Irak et des Irakiens fuyant les combats et les atrocités dans leur pays. Le problème le plus inquiétant en Irak reste l’actuelle crise des déplacés internes : pour l’année 2014, le HCR a estimé qu’environ 90 % de la population irakienne relevant de la compétence du HCR sont des personnes déplacées internes (PDI).
Les PDI irakiens représentent aujourd’hui presque 17% de la population générale ; cette crise humaine a un impact profond sur divers services parmi lesquels: l’accès aux soins pour tous les types de populations dont les réfugiés.
Le HCR a ainsi constaté de fréquentes pénuries de médicaments essentiels dans les établissements publics de santé. Alors que les hôpitaux se retrouvent à gérer un nombre considérable de patients. Les hébergements et camps pour les déplacés internes sont de plus en plus en surcapacité et incapables d’accueillir les nouveaux venus. Dans ce cadre, il est alarmant de voir que le HCR continue à avoir besoin de 500 millions de dollars US pour prévenir une crise humanitaire encore plus grave en Irak.
Selon le HCR, plus de 11,5 millions Syriens sont dans une situation qui relève de sa compétence. Le nombre de réfugiés syriens enregistrés dans les différents pays d’Afrique du Nord et du Moyen Orient est actuellement estimé à environ 4 millions, et pour la fin 2014, le HCR a estimé qu’il y a prés de 8 millions de déplacés internes.
L’aide fournie aux réfugiés et déplacés internes syriens se verra probablement réduite car le HCR déclare faire actuellement face à " une sévère crise financière". Un rapport récent publié par l’UNICEF et l’ONG Save the Children fait état d’une dégradation des conditions de vie des enfants résultante de l’augmentation brusque du travail des enfants en Syrie et parmi les réfugiés syriens. Ainsi, un nombre significatif d’enfants syriens, dont certains n’ont que 6 ans, travaille pour apporter un revenu supplémentaire à leur famille. Parmi les pires formes de travail des enfants on trouve : la prostitution, les mariages forcés et le recrutement au sein de groupes armés opérant dans des pays environnants.
Le Yémen est le dernier pays de la liste la région MENA en proie à des urgences humanitaires. Ce qui est frappant, c’est qu’à partir de la seconde moitié de l’année 2014, le document de planification des activités du HCR au Yémen projetait que 675.400 personnes relèveraient de la compétence du Haut Commissariat pour la fin 2015. Cette prévision est déjà largement dépassée à cause des combats en cours. Ces derniers sont localisés à différents endroits dans le pays ce qui limite sévèrement l’accès humanitaire et force les gens à fuir leurs foyers.
Au Yémen plus de 500 000 personnes seraient des déplacés internes au Yémen. Les rares statistiques disponibles concernent majoritairement les personnes ayant pu quitter le pays. Elles montrent que seulement une personne sur trois a choisi un pays voisin de la région MENA comme refuge. Le 1 juillet 2015, l’envoyé spécial des Nations Unies pour le Yémen a déclaré que le pays de la région le plus pauvre était aussi à "un pas" de la famine.
L’Irak, la Syrie et le Yémen sont trois des quatre pays au monde que les Nations Unies ont placé au plus haut niveau d’urgence humanitaire, le "Niveau 3".
L’accueil (et son absence)
Comme mentionné plus haut, le nombre de réfugiés et de demandeurs d’asile arrivant à la frontière sud de l’Europe a considérablement augmenté ces quelques dernières années. Un changement de routes s’est également produit : les arrivées maritimes les plus massives se font maintenant via l’Est de la Méditerranée (la Turquie vers la Grèce), route qui a maintenant dépassé en termes de nombre d’arrivées celle du centre de la Méditerranée (de l’Afrique du Nord vers l’Italie).
Le HCR a également constaté qu’en 2014, les demandes d’asile en provenance de l’Afrique du Nord sont beaucoup plus souvent rejetées, barrant ainsi la route vers l’attribution de statut de réfugié (voir carte ci-dessous). Le HCR a constaté des taux de rejet de 43% pour les demandeurs d’asile irakiens et de 14,4% pour ceux en provenance de la Syrie.
Ces changements et évolutions ont pour conséquence l’émergence de trois déséquilibres principaux.
Le premier concerne les arrivées : l’Italie et la Grèce accueillent la large majorité de toutes les arrivées par voie maritime.
Le deuxième déséquilibre est la destination. Selon le HCR, en 2014, l’Allemagne et la Suède ont reçu 43% de toutes les demandes d’asile au sein de l’UE. La Suède est aussi le pays de l’UE avec la densité de réfugiés la plus élevée (15 pour 1000 habitants).
Le troisième déséquilibre concerne le niveau de développement du pays d’accueil. En réalité, les pays occidentaux n’accueillent qu’une proportion relativement petite du nombre toujours croissant de réfugiés et ce, malgré leur richesse tandis que des pays moins développés en accueillent la majorité. Le HCR met en exergue le problème structurel de la crise des réfugiés qui est ce troisième déséquilibre, à savoir que des pays plus pauvres, ceux du Sud, portent le fardeau de la crise. Pour mesurer cette incohérence, le HCR utilise, dans son rapport, le produit intérieur brut à parité de pouvoir d’achat (PIB PPA) par habitant :
“En 2014, les 30 pays avec le nombre le plus élevé de réfugiés par dollar US de PIB PPA par personne étaient tous des pays membres de régions en voie de développement ; 18 de ces 30 pays font partie des pays les moins développés. Plus de 5,9 millions de réfugiés, représentant 42 % des réfugiés au monde, étaient résidents de pays où le PIB PPA est en-dessous de 5 000 dollars US.”
Cette mesure n’est pas simple à comprendre, alors prenons un exemple avec l’Italie et l’Égypte. A la fin 2014, l’Italie accueillait 93 000 réfugiés ; lorsque mis en correspondance avec le PIB du pays, l’Italie accueille un réfugié pour 2,69 dollars de PIB PPA par personne. En contraste, l’Égypte accueillait presque 240 000 réfugiés en 2014. Davantage que l’Italie, évidemment, mais d’autres pays de l’a région MENA en accueillent bien davantage. Cependant, pour l’Égypte, ce nombre signifie un réfugié pour 20,87 dollars US de PIB PPA par personne. La carte « Réfugiés et PIB PPA » est un instantané de la dynamique en Europe en 2014. Ainsi, le fardeau financier apparaît très bas pour les pays de l’UE. De plus, le nombre de réfugiés comme proportion de la population locale est également bas : le ratio de réfugiés par 1 000 habitants y est de 0,29 pour la Hongrie et atteinte 15 pour la Suède.
En comparaison, la Jordanie et le Liban ont des indicateurs très différents. Ainsi, le ratio de nombre de réfugiés par PIB PPA par habitant est au moins décuplé alors que le nombre de réfugiés en tant que proportion de la population locale est largement au-delà du décuplé. La Jordanie accueille un réfugié par 61,67 dollars, la densité étant de 87 réfugiés pour 1000 habitants. Dans le cas du Liban, on est dans un cas de un réfugié par 70,76 dollars, tout en accueillant 232 réfugiés pour 1000 habitants.
Les déséquilibres mentionnés plus haut créent une pression toujours croissante sur les pays d’accueil aussi bien que sur les personnes vulnérables y cherchant un refuge. Une telle situation n’est pas viable.
Alors y a-t-il une solution à la crise des “migrants en Méditerranée”, comme on appelle habituellement cette situation humanitaire ? Un éclaircissement sémantique s’impose ici. Un migrant peut-être compris, pour l’Unesco, comme : “toute personne qui vit de façon temporaire ou permanente dans un pays dans lequel il n’est pas né et qui a acquis d’importants liens sociaux avec ce pays. Cependant, cette définition est peut être trop restrictive lorsque l’on sait que certains pays considèrent comme migrants des personnes nées dans le pays.”
Un réfugié, selon la Convention de Genève, est : “une personne qui se trouve hors du pays dont elle a la nationalité ou dans lequel elle a sa résidence habituelle, et qui du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un groupe social déterminé ou de ses opinions politiques craint avec raison d’être persécutée et ne peut se réclamer de la protection de ce pays ou en raison de ladite crainte ne peut y retourner.”
Un demandeur d’asile est un personne dont la demande pour être réfugié est en cours d’examen. Cette personne ne bénéficie pas encore du statut de réfugié. Enfin un débouté est une personne qui s’est vu refusé le statut de réfugié.
Le terme de migrant est parfois utilisé à la place de celui de réfugié ou demandeur d’asile. L’utilisation du mot "migrant" altère la perception que l’on peut avoir des demandeurs d’asile, refuse à ces personnes le droit de chercher la sécurité et dégrade l’essence et le but de la Convention des Nations Unies pour les Réfugiés de 1951. Cette dernière a été créée après la Seconde Guerre mondiale afin d’encadrer légalement les déplacements massifs qui en résultaient.
La crise humanitaire dépasse largement la dimension légale et institutionnelle : "La majorité des personnes arrivant en Europe par la mer sont des réfugiés, cherchant protection de la guerre et de la persécution", dit António Guterres, le Haut Commissaire aux Réfugiés des Nations Unies.
Sur les deux dernières années, l’approche de l’UE vis-à-vis des demandeurs d’asile a fondamentalement changé : de recherche et sauvetage (Opération Mare Nostrum) par patrouille des frontières (Opération Triton) à mesures répressives contre les passeurs et trafiquants d’êtres humains (via une nouvelle opération nommée EU NAVFOR Med). Le démantèlement de canaux de trafic d’êtres humains est important mais il ne devrait pas se substituer à un programme de sécurité pour les demandeurs d’asile. Comme António Guterres le dit :
“Le trafic et la traite d’êtres humains sont des choses horribles. Les personnes sont exploitées, leurs droits bafoués et les gens meurent en tombant de bateaux qui ne sont pas en état de naviguer. Alors, quoi qu’il puisse être fait pour démanteler ces réseaux de trafic est une chose positive, mais avec des condition essentielles : que la protection des victimes et l’accès au territoire européen soient garantis.”
Les nombres et graphiques ci-dessus sont saisissants. Et il est difficile d’ignorer l’étendue de cette catastrophe humaine, dont une des raisons vient des politiques migratoires misent en place.
“La migration est un problème humanitaire et politique complexe. Le débat qui l’entoure est caractérisé par des positions politiques très fortes fondées sur un ensemble de preuves faibles et des analyses médiocres. La tendance des politiciens à penser avec leurs tripes et non pas avec leurs têtes a créé des positions idéologiques polarisées lesquelles ne sont pas saines et mènent à un développement médiocre de politiques publiques", pouvait-on lire dans un éditorial d’avril 2015 du site Times of Malta.
Le but de cet article de données est d’illustrer comment l’utilisation des données et des faits peut permettre la prise de décision et la formulation de politiques publiques.
A la lecture de ces chiffres des pistes se dessinent. Une action collective au sein de l’UE est nécessaire. Comme on le voit d’après les données présentées ci-dessus, les déséquilibres structurels entre pays d’arrivée et de destination doivent être abordés de toute urgence. Encore une fois, au niveau de l’élaboration de politiques publiques, le régime d’asile européen commun doit être réformé pour permettre des programmes d’installation facilitée auxquels tous les États membres de l’UE doivent participer.
Les crises que vivent actuellement les pays de la zone MENA mettent en exergue la question du soutien financier nécessaire dans ce genre de situation. Les pays de transit et de destination sont principalement des pays de la région MENA qui prennent le plus en charge les populations déplacées. Or l’appui financier fourni pour porter l’essentiel des grandes opérations humanitaires est loin d’être suffisant.
Les conditions d’accueil pourraient être repensées, puisqu’elles varient d’un pays à l’autre et que ces conditions peuvent créer des tensions avec les communautés locales, alimentant la rhétorique extrémiste des politiques.