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Sofia et Tarek, 3500 euros par mois, un budget maîtrisé


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29 Décembre 2024 |
Sofia et Tarek, tous deux âgé·es de 40 ans, ont quitté la Tunisie il y a maintenant plus de six ans. Cette docteure en arts visuels et cet ingénieur réseau ont choisi de s'établir en France pour construire leur vie, malgré leur attachement indéfectible à leur pays d’origine. 
Tarek* se lève tôt les jours où il doit aller travailler en présentiel. Il a en général un trajet de 45 minutes à effectuer pour se rendre en banlieue parisienne dans le siège de l’entreprise où il travaille. Pour Sofia*, la journée démarre plus lentement : ses activités professionnelles sont réalisées depuis le domicile avec des échéances plus ponctuelles.

Le quarantenaire tunisien, originaire de la banlieue de Tunis, est ingénieur réseau dans une grande entreprise française spécialisée dans les technologies de télécommunication. Bien avant sa venue en France, Tarek était déjà employé au sein la même société en Tunisie. “Entre le travail que je faisais à Tunis et celui que je fais à Paris, j’ai maintenant 10 ans de carrière dans la même entreprise. On peut dire, que je fais partie des ‘vieux’ de la boîte”, raconte-t-il. 

Sofia est arrivée en France en 2016, dans un premier temps pour faire des recherches dans le cadre de sa thèse, avant de s’installer définitivement en 2017. Inscrite en cotutelle, elle a opté pour la France pour mener la majeure partie de ses recherches, avec des allers-retours qu’elle effectue périodiquement en Tunisie. En 2021, elle décroche enfin son doctorat en arts visuels.

Le couple vit aujourd’hui avec un seul salaire, celui de Tarek. En effet, son épouse qui continue ses travaux postdoctoraux en tant que chercheuse associée, n’exerce d’activité professionnelle que de manière assez sporadique. 

Voici un aperçu de leurs sorties et entrées d’argent mensuelles :

Malgré une seule rentrée mensuelle d’argent, le couple réussit à vivre convenablement. Aussi bien Tarek que Sofia sont particulièrement attentif·ves aux dépenses et maîtrisent avec réussite le budget du foyer. Les deux tunisien·nes préfèrent mener un train de vie sain et simple, avantageant par exemple de faire les courses et cuisiner des repas à la maison régulièrement, plutôt que de manger à l'extérieur. 

Pour le couple, la charge la plus élevée est son loyer. Les époux ont en effet quitté la banlieue en début d’année pour un appartement de 45 m² dans le 19ᵉ arrondissement de Paris. Ils paient ainsi 1050 euros par mois, sans les charges. 

Même s’il représente plus du tiers de leurs dépenses mensuelles, ce loyer est considéré comme très raisonnable pour un appartement dans Paris. Le couple considère ainsi que c’est une opportunité incroyable d’avoir pu obtenir une telle surface à ce prix. Sofia explique que “c’est beaucoup plus pratique de vivre dans Paris intramuros. On a aussi opté pour un appartement plus spacieux afin d'accueillir la famille et les ami·es qui viennent nous rendre visite”.

Amateur·ices de musique rock, Sofia et Tarek ne manquent pas de prévoir un budget pour aller à des concerts ou des festivals. Depuis maintenant trois ans, ils se rendent chaque été au Hellfest, l’un des plus grands festivals de musique rock et métal dans le monde. “C’est devenu pour nous une dépense annuelle fixe”, explique Tarek en riant.

"Entre les billets du festival, le déplacement de Paris à Clisson, le matériel de camping et les frais d’alimentation sur place, on doit prévoir un budget d’au moins 1 200 euros"

Le couple de quarantenaire ne se prive pas non plus d’activités culturelles et de sorties entre ami·es pendant les week-ends. “Paris offre cet avantage d’être une ville qui vit de culture. Il y a toujours une exposition à visiter ou un concert à aller voir”, livre Sofia.

Voici le détail de leurs revenus et dépenses mensuelles :

Zone grise

Même si Tarek et Sofia apprécient leur vie dans la capitale française et ne se voient pas revenir vivre en Tunisie, ils gardent un lien fort avec leur pays d’origine. Le couple envoie régulièrement de l’argent à la famille et prévoit chaque année des séjours en Tunisie. 

Tarek ne cache pas sa frustration quant au fait de ne pas assez voir sa famille et notamment sa mère. “Je pense que cette culpabilité de ne pas être à ses côtés tous les jours ne me quittera pas”, avoue-t-il. “J’essaye tant bien que mal de m’organiser au mieux pour aller en Tunisie le plus souvent possible, mais ça reste difficile aussi bien financièrement que professionnellement de prévoir ces voyages.” 

Il en est de même pour Sofia, dont la mère habite seule à Sousse depuis le décès de son mari. “Ma mère a l’avantage de pouvoir voyager, elle vient donc à Paris au moins une ou deux fois par an”, explique la quarantenaire.

"On dispose de tout ici, sauf de ce lien familial si précieux."

Futur

Aussi bien pour Tarek que Sofia, les prochaines échéances importantes sont d’ordre professionnel. L’ingénieur qui a failli quitter son entreprise il y a deux ans, s’est laissé convaincre par ses supérieur·es de rester. “Je pense qu’il me faut un nouveau challenge pour être stimulé professionnellement. Quand on passe beaucoup de temps dans la même société, il y a le risque de stagner. Je me sens prêt pour de nouvelles opportunités.” 

Pour Sofia, l’enjeu est de trouver un métier qui puisse lui laisser le temps de poursuivre ses recherches et ses activités artistiques. “Ma carrière artistique est une chose importante pour moi. J’ai déjà réalisé des installations et collaboré sur des festivals d’arts internationaux et je voudrais continuer à le faire, car ça me passionne. Mais je suis consciente qu’il faut aussi que je trouve un certain équilibre pour exercer un métier à côté et contribuer au budget du foyer.”