Depuis plusieurs années, ce tunisois de naissance est technicien de maintenance au ministère des Équipements. “Je travaille depuis mes 18 ans, à l’époque, j’aidais dans un magasin de la médina en parallèle de la fac”, souligne-t-il. “C’était difficile et je gagnais à peine 40 dinars par semaine mais ça m'a appris à être à l’aise avec les gens.”
Désormais diplômé d’un master en génie civil d’une université de la capitale, il surveille la conduite des chantiers, “du matériel à l'exécution, pour des routes, des ponts, etc..”, détaille-t-il. Pour son emploi de fonctionnaire, Ismail gagne 1270 dinars par mois.
En parallèle, il gère l’appartement familial situé dans une ruelle de la capitale. Toute l’année, il organise la location des chambres vacantes sur le site Airbnb. Un complément de revenu non négligeable, d’environ 400 dinars par mois, qui lui permet de payer une partie de son crédit contracté pour l’achat d’un appartement personnel et de verser le loyer de l’appartement familial à ses parents.
"Mais entre les annulations, les choses à réparer ou à racheter ou les charges parfois élevées, c’est vraiment très aléatoire", avoue-t-il. " En hiver par exemple, les gens mettent parfois le chauffage à fond et je me retrouve à payer très cher l'électricité."
Voici un aperçu de ses sorties et entrées d’argent mensuelles :
Si les finances d’Ismail sont sur le fil, il réussit à profiter du quotidien : “je vais manger dehors de temps en temps ou je sors un peu avec mes amis le week-end”, explique le technicien, “donc mes dépenses de sorties sont assez aléatoires, ça dépend de ce qu’il y a à faire”. Pour faire des économies, Ismail dépense peu en vêtement ou téléphonie. “Là dessus j’arrive à m’en sortir, je vais beaucoup dans les fripes et je dépense moins de 10 dinars par mois pour mon téléphone”, dit-il.
Malgré son master en génie civil, Ismail ne peut pas prétendre au poste d’ingénieur dans le secteur public.
"Si j’étais considéré comme un ingénieur, je gagnerais 800 dinars de plus juste pour le statut", précise-t-il. "Entre un ingénieur et moi, on a presque les mêmes tâches mais je gagne beaucoup moins".
Pour régler cette situation et obtenir la certification, il a décidé de reprendre des cours du soir, dispensés du lundi au samedi. “Mais ça fait plus de dix ans que j’ai fini l’université, alors au début, c’était hyper dur à suivre”, raconte Ismail.
Pour faire face à ce projet, l’emploi du temps de Ismail est plus qu’organisé autour de ses activités : “entre le travail la journée, la location de l’appartement à gérer et les cours du soir… c’est dur de trouver des moments”, raconte-il.
Voici le détail de ses dépenses et revenus mensuels :
Zone grise
Les frais d’inscriptions de la formation qu'Ismail suit sont trop lourds à payer pour son budget. Le jeune homme a donc fait un choix : repousser le paiement des échéances du centre de formation. "J’ai décidé de tout payer à la fin, à l'automne prochain, si je vais au bout de la formation", explique-t-il.
D'autre part, Ismail est en couple avec une étrangère, et pour lui rendre visite en Europe, il se heurte à de nombreuses difficultés. Il dépose chaque année une demande de visa pour aller la voir. “Mais pour avoir le visa, il faut réserver un hôtel, payer les billets d’avion à l’avance, prouver qu’on a la somme nécessaire…”, liste-t-il. Une somme importante pour ses finances. À cela s’ajoute la vie sur place, dont la différence de prix est conséquente.
"J’aimerai pouvoir profiter des vacances et je ne veux pas dépendre de ma copine, mais malgré mes économies, quand j’arrive en Europe, les dinars sont trop faibles par rapport à l’euro", détaille Ismail.
Futur
À l’avenir, Ismail aimerait voyager davantage. “J’adore ça, je voudrais pouvoir le faire plus simplement”, explique-t-il. “Mais je veux surtout réussir à mettre de l’argent de côté, pouvoir rembourser mon crédit et vivre correctement.”
Ismail envisage également de partir travailler à Paris dans les mois prochains, “j’aimerais essayer de travailler dans des entreprises à l’étranger, peut-être pour un temps”.