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Rima, 24 ans, étudiante en science politique, 680 dinars par mois


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19 Avril 2024 |
Étudiante en sciences politiques et passionnée d'art, Rima jongle entre ses études, la recherche et ses créations artistiques. Avec un emploi du temps aussi chargé, elle a du mal à trouver le temps nécessaire pour chercher un emploi et améliorer sa situation financière. Pour l'instant, elle se contente de l'argent de poche de ses parents qui ne peuvent pas continuer à la "soutenir financièrement pendant longtemps.” 

Comme chaque matin, Rima se rend dans une cafétéria de son quartier. A dix heures, pour se réveiller, elle boit son petit café habituel accompagné de quelques cigarettes. "J'aimerais arrêter de fumer", se désespère-t-elle tous les jours. Rima sort ensuite pour héler un taxi et se rendre à l'université assister à ses cours et retrouver ses ami·es.

Titulaire d’une licence en droit public, Rima est actuellement inscrite en master en science politique et de gouvernance démocratique dans une université de la capitale. Elle s'intéresse particulièrement à l'économie politique et aux mouvements féministes. Active au sein de mouvements luttant pour les droits socio-économiques des femmes, elle écrit régulièrement des articles engagés, explorant les intersections entre les théories économiques et féministes.

Plutôt que de chercher un emploi après l’obtention de sa licence, Rima décide de poursuivre ses études et de se dévouer à la recherche scientifique. "Tous les emplois que j'ai trouvé sont épuisants et très exigeants. Je ne pourrais pas travailler et étudier en même temps", affirme-t-elle.

La jeune femme doit donc se contenter de l'argent de poche que lui envoient ses parents. Issue d'une famille modeste, sa mère est secrétaire et son père propriétaire d'un commerce. "Mes parents ne peuvent pas me donner beaucoup d'argent parce qu'ils ont mes deux frères au lycée, qui nécessitent pas mal de dépenses".

“Je dois trouver comment gagner de l’argent, mes parents ne peuvent plus continuer à me soutenir financièrement pendant longtemps.” 

Chaque mois, Rima reçoit 680 dinars d'argent de poche de la part de ses parents et s'efforce de les gérer de manière réfléchie. 

  Voici un aperçu de ses entrées et sorties d’argent mensuelles :    

Rima partage un appartement avec trois autres filles, chacune contribuant à hauteur de 200 dinars par mois pour le loyer. Étant donné son emploi du temps chargé entre les cours, les rencontres avec ses ami·es et les courses, Rima rentre généralement tard chez elle. “J’ai l’impression que plus je me déplace, plus je dépense de l’argent sans m’en rendre compte”, déclare-t-elle. 

Une fois de retour chez elle, Rima s'adonne à ses passe-temps favoris : la lecture, le dessin, le maquillage artistique ou jouer avec son chat. “J’aime le dessin, l’écriture, la peinture, le maquillage artistique et même le design. J’ai de la chance d’avoir du talent”, se réjouit-elle. 

Alors qu’elle aimerait se consacrer à son art à plein temps, ce choix est risqué. “L’art est un domaine de plus en plus restreint et renfermé”, explique Rima. “Je n’ai actuellement pas assez de temps pour exercer ma passion, je dois gérer plusieurs choses dans ma vie en plus de mes études”, poursuit-elle. 

Pour Rima, le week-end est généralement une période stressante, car ses finances commencent à s'épuiser. Elle se retrouve alors confrontée à deux choix : emprunter de l'argent à des ami·es ou rester chez elle pour réduire les dépenses. 

En général, pour se détendre, la jeune femme fréquente un bar du centre-ville. Passionnée de musique électronique, elle profite des soirées dansantes pour porter un maquillage artistique et des tenues originales.

Voici le détail de ses entrées et sorties d’argent mensuelles :

Zone grise

L'art occupe une place importante dans la vie de Rima. Cependant, la jeune femme n’arrive pas toujours à se procurer le materiel qu’il faut. “Je cherche des moyens de financer ma passion et de la développer. C’est toujours une question d’argent”, se plaint-elle. 

Pour l'instant, Rima ne dépense pas beaucoup d'argent pour les outils dont elle a besoin. L'essentiel de son équipement provient de cadeaux offerts par ses proches. Entre ses études, ses recherches et ses obligations quotidiennes, elle se trouve à court tant de temps que d'argent. Les fournitures artistiques sont très chères : "Un simple pinceau peut coûter jusqu’à une dizaine de dinars, j'ai un budget limité, je ne peux pas me le permettre."

La jeune artiste envisage d'acquérir un téléphone portable doté d'un meilleur appareil photo pour exposer et promouvoir ses créations sur les réseaux sociaux. Toutefois, ce projet est actuellement en suspens, car elle doit d'abord économiser les fonds nécessaires pour le concrétiser.

Futur

Rima doute qu'elle puisse un jour réaliser son rêve de se consacrer entièrement à l'art. Elle se tourne plutôt vers une passion qu'elle considère comme plus "réaliste" : l'écriture et l'analyse politique et économique.

"Qui sait ? Peut-être que ce rêve restera-t-il simplement hors de portée", conclut-elle ironiquement.