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Habib, 29 ans, rentier immobilier basé au Canada, 9980 dinars par mois


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28 Mai 2023 |
Parti poursuivre ses études de commerce au Canada il y a 10 ans, Habib organise désormais sa vie entre le Canada et la Tunisie. Propriétaire d’un immeuble qu’il a totalement rénové dans le centre de Tunis, il gagne sa vie grâce à ses six appartements, qu’il loue sur la plateforme Airbnb.

Dans un monde où les frontières semblent s’estomper grâce à la technologie, de nombreux·ses entrepreneur·ses ont réussi à saisir les opportunités offertes par les plateformes en ligne pour étendre leurs activités, ou pour travailler dans plusieurs pays à la fois. Habib l’a bien compris. Entrepreneur audacieux de 29 ans, il a décidé il y a 10 ans d’acheter un vieil immeuble et de le rénover complètement. “J’ai dû économiser pendant longtemps, mais quand j’ai acheté cet immeuble, je n’avais pas l’impression d’avoir réussi quelque chose. Tout restait à faire”, se souvient-il.

Avec une passion pour l'immobilier grandissante au fil du temps, Habib a rapidement su qu’il voulait investir. C’est avec l'émergence des plateformes de locations comme Airbnb qu’il a sauté le pas. Convaincu que la demande sera toujours forte en Tunisie, il a décidé de rénover les six appartements de l’immeuble qu’il possède. 

La plupart du temps, il travaille de chez lui, à Montréal, et passe une grande partie de ses journées à gérer les demandes de ses locataires sur Airbnb. En Tunisie, Habib confie certaines tâches comme l'accueil des voyageur·ses, ou l’état des lieux à Kamel, un ami à lui.

Pour Habib, déléguer n’est pas évident. Pour les gros travaux, qui demandent une certaine supervision de sa part, il revient de temps en temps à Tunis.. Récemment, il a fait installer deux climatiseurs dans chacuns de ses appartements. “Tout ça c’est de l'argent bien sûr, mais il faut que mes locataires se sentent comme chez eux. En Tunisie il fait très chaud l’été, la climatisation de base je suis contre, mais là c’est un plus”, estime-t-il. 

Grâce à ses locations, Habib gagne bien sa vie. De par l’emplacement central de son immeuble, ses appartements sont presque toujours occupés.

“J’ai constamment de la demande. Si j’avais d’autres appartements, ils seraient loués aussi. En plein centre-ville comme ça, c’est l’idéal, surtout l’été.” 

Voici un aperçu de ses sorties et entrées d’argent mensuelles :

Malgré de bons revenus, Habib fait face à de nombreuses charges. “L’eau, l'électricité, le gaz.. je dois tout multiplier par six”, dit Habib en riant. “Heureusement pour les gros travaux, ce n’est pas chaque mois.” 

De plus, la plateforme Airbnb lui prend systématiquement 3% du revenu total de ses réservations. “Airbnb, ils prennent 3% au total sur la réservation. Par contre, c’est sécurisé. Mes locataires savent qu’ils sont assurés, et moi aussi. En quelque sorte la plateforme nous rassure tous.  Là par exemple, le micro-onde d’un de mes appartements a lâché. Il est pris en charge partiellement par Airbnb".

Habib n'envisage pas de proposer ses appartements en location sans passer par la plateforme. "Il faudrait demander une caution et les gens y sont de plus en plus réticents. Surtout quand ils voyagent dans un pays étranger. Il y a eu beaucoup d’arnaques”, détaille-t-il.

En plus de la sécurité dont il bénéficie avec Airbnb, Habib gagne son argent en dollars canadiens. Ce qui lui permet, une fois en Tunisie, de vivre plus confortablement grâce au taux de change et de subvenir à ses besoins quotidiens au Canada. Un mode de vie qui lui convient, après plus d’une décennie là-bas, mais qui coûte plus cher qu’en Tunisie.

“Au Canada, tout est plus cher. J’étais ici pour mes études, mais depuis j’ai arrêté. Je suis resté parce que j’aime ce mode de vie, mais une bonne partie de mon budget y passe”, admet-il.

Voici le détail de ses dépenses et revenus mensuel·les :

Zone Grise 

Malgré un business qui fonctionne bien pour Habib, il sait que son salaire dépend aussi de l’attractivité de la Tunisie. S'il n’a jamais eu de problème pour louer ses appartements, il craint toujours un événement qui pourrait faire baisser le tourisme en Tunisie, alors que le secteur, fragilisé par la crise du Covid-19, se redresse progressivement. 

“En 2020 forcément c’était compliqué, j’ai eu moins de locations, mais j’ai souvent des locataires pour une longue durée, qui viennent faire leurs études ou travailler ici. Donc lors du confinement, 4 de mes 6 appartements étaient loués. Quelque part j’ai eu beaucoup de chance oui”, se réjouit-il. 

Futur

Son futur, Habib le voit désormais en Tunisie. Il aimerait quitter le Canada et développer son business à Tunis avant de, pourquoi pas, partir dans un autre pays par la suite. 

“Pour le moment c’est vrai que j’ai envie de rentrer en Tunisie. Ça me manque, je suis loin de ma famille au Canada. L’aspect financier y est aussi pour quelque chose. Pourquoi pas économiser et investir de nouveau, avant de partir dans un autre pays ? J’ai de la chance, vraiment. Je suis très chanceux de pouvoir travailler partout dans le monde avec mon ordinateur. Je sais que ça en fait rêver plus d’un”.