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Anas, 29 ans, ingénieur d’application sur site en allemagne, 4500 euros


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04 Septembre 2022 |
Installé en Allemagne depuis dix ans, Anas est aujourd'hui ingénieur d’application sur site dans une entreprise de production de semi-conducteurs. Bien que son salaire lui permette de vivre confortablement, il dépense son argent de manière réfléchie pour économiser et investir dans son pays natal.

Chaque matin, en prenant son petit-déjeuner, Anas consulte une application sur son téléphone qui le tient informé des réductions offertes dans la région. Puis il rejoint son lieu de travail en métro, ce qui lui prend environ 40 minutes. Pendant ce temps, il parcourt les médias tunisiens, cherchant à se tenir au courant des dernières nouvelles de la Tunisie. 

Originaire d'une des villes côtières, Anas est issu d'une famille de salarié·es. Pendant ses années d’études au lycée, le jeune homme a conclu un marché avec ses parents. Il devait obtenir une bonne moyenne au baccalauréat afin de pouvoir étudier en Allemagne. Un rêve qu'il a toujours voulu réaliser.  

"Mes parents nous ont toujours appris que pour obtenir quelque chose, il faut le mériter. C'est un principe que j'ai toujours gardé à cœur", déclare-t-il.  

Après le bac, Anas est admis à la faculté de médecine de Sousse dans laquelle il n’étudie qu’un mois. Il a immédiatement commencé à préparer ses papiers pour partir en Allemagne. Ne voulant pas passer par une agence pour minimiser les dépenses, il rencontre de nombreuses difficultés. "Je suis allé à l'ambassade à trois reprises au moins, et comme je ne suis affilié à aucune agence, la sécurité ne me laisse pas entrer. Même si tous mes papiers étaient en règle" , raconte-t-il.  

Une fois en Allemagne, ne connaissant pas le pays, Anas s'est démené pour trouver un appartement pendant ses premières années à l'université. "Je dormais souvent chez plusieurs de mes amis. Je me levais tous les matins avant eux, pour ne pas les déranger, et j'allais dormir à l'université", raconte-t-il.   

Pendant ses années d'université, il partage un appartement de 20 m² avec deux colocataires. Il cherchait souvent des réductions lui permettant de joindre les deux bouts avec l'argent envoyé par ses parents. Parallèlement à ses études, comme beaucoup d'étudiant·es à Munich, il travaille comme assistant de direction et comme ingénieur. "En Allemagne, pendant les études d'ingénieur, il est possible d'avoir un emploi dans ce domaine. Bien sûr, c'est différent après l'obtention du diplôme, mais ils n'hésitent pas à donner aux étudiants des tâches et des responsabilités importantes", raconte Anas. 

Aujourd'hui, Anas est ingénieur dans une entreprise à Munich. En plus de son salaire fixe, il bénéficie d'une rémunération par objectif. Son salaire atteint en moyenne 4500 euros (plus de 14000 dinars en 2022). Cependant, bien que sa situation financière se soit améliorée, son style de vie n'a pas beaucoup changé. Il prend soin d'économiser de l'argent pour ses projets d'avenir.  

  Voici un aperçu de ses entrées et sorties d’argent mensuelles :    

 Dans sa vie quotidienne, Anas préfère économiser sans pour autant se priver de ses passions, à savoir la cuisine, le cinéma, les jeux vidéo et les livres. "Je consacre une partie de mon budget aux appareils électroménagers, aux épices et aux livres de cuisine parce que j'aime cuisiner". 

Le travail d'Anas et ses revenus lui permettent de voyager beaucoup en Europe. Mais même durant ces vacances, le jeune homme surveille ses dépenses. Il refuse d'acheter une voiture, il voyage donc en train. "Les transports publics sont propres et organisés, je ne vois pas l'utilité d'une voiture, d'autant plus qu'elle me coûterait très cher", explique-t-il.  

De plus, il séjourne rarement à l'hôtel, préférant les auberges de jeunesse et les logements à petit prix. Pour profiter au maximum de l’expérience, il mange dans des restaurants locaux, savourant l’expérience culinaire, plutôt que dans des établissements de luxe.  

Les seuls moments ou Anas se relâche par rapport à ses dépenses, c’est quand il retourne dans son pays natal. Anas va en Tunisie quatre fois par an, pour une durée moyenne d'un mois à chaque fois. Ses dépenses s'élèvent à environ 800 euros à chaque visite. Il explique qu’en Tunisie, il n’aime pas contrôler ses dépenses. “Quand je suis en Tunisie, j’aime faire plaisir aux gens que j’aime. Étant donné que je peux me le permettre, je profite de mes vacances sans penser à l’argent. Quand un proche a un problème financier, je n'hésite pas à essayer de l'aider autant que je le peux.” 

Voici le détail de ses entrées et sorties d’argent mensuelles :

 Zone grise 

En Allemagne, Anas a de nombreux avantages. Son travail lui offre une vie confortable, des horaires flexibles et un bon salaire. Néanmoins, il envisage de s'installer ailleurs.  

En effet, le jeune homme prévoit de se marier dans quelques mois et de vivre avec sa fiancée, qui vit actuellement en Tunisie. "Ma fiancée préfère trouver un emploi ailleurs en Europe, je vais essayer de la rejoindre et si ça ne marche pas, il sera toujours temps de jouer la carte du mariage pour qu'elle vienne s'installer ici." 

Futur

Anas a du mal à imaginer son avenir en dehors de la Tunisie. Il économise chaque mois une somme d'argent, qu'il compte investir dans son pays natal. "Même après 10 ans à l'étranger, je n'ai jamais pu me détacher de la Tunisie", dit-il.  

Il cherche à réaliser son rêve d'enfant : ouvrir un restaurant avec un espace culturel. Bien que cela n'ait aucun rapport avec ses études et son emploi actuel, c'est un objectif qu'il veut concrétiser. "Je n'ai pas encore de plan défini. Mais c'est un projet auquel je pense souvent. Je veux revenir et investir en Tunisie."  

Anas envisage également d'investir dans l'immobilier mais ne sait pas comment s'y prendre. " J'ai peur de prendre le risque, surtout que je ne sais pas par où commencer". 

Outre ces deux projets, il veut investir dans l'amélioration de l'environnement carcéral en Tunisie pour créer des espaces de réhabilitation pour les détenus. "Théoriquement, la prison est un espace où l'on doit réhabiliter et pas seulement punir. Mais en Tunisie, il n'y a pas de suivi, pas d'entretien. Je tiens à au moins essayer de remédier à ce problème." déclare Anas.