Au regard de sa situation financière, Taoufik s’estime heureux de vivre encore dans la maison familiale. Il ne paye pas de loyer et tous les frais du logement sont pris en charge par ses parents. Il dîne à la maison, est logé et aidé financièrement, lorsqu’il en a besoin et qu’il ne peut pas faire autrement.
Depuis 5 ans, le salaire de Taoufik a augmenté, mais son niveau de vie et son pouvoir d’achat n’ont pas changé, estime-t-il. Alors qu’il gagnait 350 dinars par mois, au départ, il touche désormais 435 dinars de salaire mensuel. Avant d’être embauché par son actuel employeur, Taoufik était chômeur.
« Je travaillais dans mon quartier en faisant toute sorte de choses, du “dépannage”, juste pour avoir de l’argent de poche.»
Son salaire de serveur est son unique revenu. Même s’il aimerait gagner d’avantage, avec 48h de travail par semaine, Taoufik n’a pas le temps pour un second job. Et lorsqu’il fait le service, il ne reçoit aucun pourboire. “Les boissons sont déjà à un prix assez élevé et nous avons une clientèle étudiante”, explique-t-il.
«Je travaille juste pour la journée pas plus», dit Taoufik.
Taoufik ne peut rien se permettre, même en étant le plus économe possible. Il habite près du centre de Tunis et emprunte les transports publics pour se rendre au travail, mais ne voyage jamais en dehors de la capitale, car ses finances ne le lui permettent pas. Mises à part les dépenses pour son téléphone personnel, les autres factures sont prises en charge par ses parents. Son argent passe surtout dans la nourriture et les cigarettes (plus d’un paquet par jour). “ J’aime manger, alors parfois je me fais plaisir et je dépense jusqu’à 10 dinars pour un repas.”
Ses soeurs et ses amis l’aident à leur manière. Dans sa famille, on lui ramène souvent des vêtements et lorsqu’il sort pour se divertir, ce sont ses amis qui l’invitent.
« J’ai surtout de la chance de ne pas avoir été malade ces dernières années et de ne pas être allé à l’hôpital. Lorsqu’on gagne si peu, c’est le genre événements que l’on redoute », Taoufik.
Voici le résumé de ses entrées et sorties d’argent mensuelles.
Zone grise
Environ trois ou quatre fois par an, Taoufik emprunte de l’argent à des amis, en cas d’urgence ou de problèmes familiaux. Il estime que la somme qu’il emprunte durant l’année est équivalente à 40 dinars par mois en moyenne. Cet argent est dépensé, mais Taoufik ne le rembourse que rarement, car ses amis, par gentillesse, refusent qu’il s’acquitte de ses dettes auprès d’eux.
Taoufik ne dépense rien pour ses loisirs. Il n’a pas le temps et surtout pas l’argent pour se divertir. Il n’a aucune épargne et sait bien qu’avec ce travail, il ne pourra jamais rien mettre de côté.
Futur
A la question “marié ou célibataire ?”, il répond “avec ce salaire, il ne faut pas penser une seconde au mariage”. Au-delà du mariage, c’est surtout de d’engager sa responsabilité pour un logement qui l’effraie. Il est soulagé que la question ne se pose pas pour l’instant.
Taoufik n’a pas de projets à court terme. Il aimerait pouvoir gagner plus, peut-être en trouvant un autre emploi. Même s’il n’a pas le temps de chercher, il en parle autour de lui, en espérant trouver une occasion de changer de travail.
Dans l’idéal il aimerait gagner 750 dinars par mois, ce qui lui permettrait de dépenser 550 dinars par mois pour être à l’aise et d’épargner 200 dinars. Une somme qui lui permettrait de vivre confortablement et se projeter dans l’avenir, pense-t-il.