Ghazi Mrabet : Candidat sur la liste Union Pour la Tunisie

“En 2011 les jeunes étaient révoltés, depuis ils doutent”
Par | 15 Octobre 2014 | reading-duration 5 minutes

Ce jeune avocat a été de tous les combats pour les libertés individuelles depuis la révolution. Il s’est ainsi retrouvé en charge de dossiers pour la défense de la liberté d’expression d’artistes et d’activistes et a également pris parti pour la dépénalisation de la consommation de cannabis.

Pourquoi ne vous êtes-vous pas présenté en octobre 2011 ?

La politique n’était pas loin de mon univers, ce n’était pas le cas de l’action politique. Je me suis toujours intéressé à la chose publique, mes études vont dans ce sens là. J’ai fait du droit public et administratif à Tunis et à Paris, car je crois que la politique peut faire changer les choses.

En 2011 je ne me suis pas présenté car je voulais me concentrer sur les procès d’opinion. Et il y en a eu beaucoup. Beaucoup ont été gagnés, c’est une bonne chose.

Quelle est votre impression quant aux trois années écoulées ?

Le processus démocratique fonctionne, mais pendant 3 ans la transition démocratique n’a pas complètement eu lieu. Il y a certes eu une Constitution, avec des qualités et beaucoup de défauts, mais qui peut être améliorée lors des prochaines législatures. Il y a de nombreuses choses à revoir, notamment concernant la jeunesse. Nous ne sommes pas encore un pays démocratique et le plus important pour moi c’est de changer le système qui est toujours en place : la corruption, le pantouflage qui continuent dans l’administration. A un moment donné il faut qu’il y ait de vrais  changements dans le système.

Les politiciens tunisiens, de tous bords, n’ont pas été à la hauteur, même si il y a eu quelques exceptions. Reste que les Tunisiens  ont fait preuve de combat et de lutte de manière continue. La société civile aussi a été très présente. C’est vrai qu’il y a deux visions différentes de la Tunisie : une qui tend plutôt vers un état religieux, avec une certaine interprétation de l’Islam et une autre, plutôt laïque . Pendant ces trois années ont a senti ce face-à-face.

Pourquoi vous présentez-vous en octobre 2014 ?

Après avoir travaillé sur les procès d’opinion depuis 2011 j’ai envie en 2014 de faire vivre ces idées, qui se trouvent largement partagées par le parti avec lequel je m’engage.

Je ne cherche pas forcément à être député, mais plutôt à contribuer à faire vivre les idées de la démocratie. Je veux aider et si je ne suis pas élu maintenant, je me présenterai peut-être aux municipales. La politique, je pense, fera toujours partie de ma vie.

Fadhel Moussa m’a proposé un soir , d’être sur sa liste. Il m’a dit qu’il restait l’avant dernière place, ce qui n’est pas un problème pour moi car je veux aider avant tout et donc j’ai accepté de me porter candidat de manière indépendante. Fadhel Moussa m’a dit avoir pensé à moi du fait des valeurs auxquels il croit telles que les libertés publiques et la place de la jeunesse dans notre pays. Je suis honoré de pouvoir participer à cette élection. J’espère en tirer une bonne expérience. D’ores et déjà, et quel que soit le résultat des élections, je continuerai à être dans l’action publique.

Si je suis candidat c’est pour porter une nouvelle réforme relative à la jeunesse. En 2011 les jeunes étaient révoltés, depuis ils doutent. Je voudrais en 2014 que la révolte ne se transforme pas en pessimisme. Il faut apporter des espoirs, trouver des solutions au chômage, mettre en place des formations et des diplômes qui ont des débouchés. Il faut parler d’éducation, de sport, mais aussi de l’incarcération et de la loi 52 relative à la consommation de stupéfiants, qui est à réformer rapidement.