Traite en Tunisie : Les aveux d’une trafiquante

Dans un café de la banlieue de Tunis, Laurence a été enregistrée à son insu. Originaire de Côte d’Ivoire, elle décide de faire venir d'autres jeunes filles, de les placer au sein de familles tunisiennes et de prendre leur argent. Priscille est une victime parmi d'autres de ce type de traite. Si les deux personnages ne se connaissent pas, leurs témoignages se recoupent. Le récit a été monté de façon à créer ce face-à-face sonore.
Par | 15 Décembre 2017 | reading-duration 10 minutes

Les ressortissant·es étranger·es peuvent séjourner légalement en Tunisie pour une durée de trois mois successifs. Pour les ressortissant·es de certains pays, un visa d'entrée est nécessaire. 

Au-delà de cette période et en l’absence de titre de séjour, ils et elles devront payer des pénalités à la sortie du territoire. Ces pénalités s’élèvent à 20 dinars par semaine.

Au moment de la réalisation de ce reportage, Priscille était déjà en Tunisie depuis un an et cinq mois. Elle avait ainsi accumulé plus de 1000 dinars de pénalités, dont elle était censée s’acquitter à la sortie du territoire tunisien.

56 % des victimes de traite rentrent dans leur pays d’origine après s’être libérées de leurs exploitant·es, tandis qu’une minorité parvient à trouver du travail en Tunisie ou est prise en charge par des Organismes d’aides aux migrants.

Pour certain·es, la Tunisie n’est qu’un pays de transit, avant de tenter une dangereuse traversée vers l’Europe.

En Tunisie, les victimes de traite sont principalement des femmes subsahariennes. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) elles seraient en grande majorité originaires de Côte d’Ivoire et auraient en moyenne 31 ans.

Une victime sur cinq a choisi la Tunisie pour aider financièrement sa famille restée au pays.

La très grande majorité des réseaux d’exploitation appâtent les victimes afin de les faire travailler comme aides ménagères chez des familles tunisiennes.

Les trafiquant·es, parfois avec la complicité de représentant·es officiel·les des pays concernés, gardent un contrôle sur leurs victimes en leur confisquant leurs documents d’identité. Ils et elles profitent également de leur ignorance et du peu de connaissances qu’elles ont du pays d’accueil pour les maintenir dans un état de vulnérabilité.