Depuis 2021, Ilyes évolue en tant qu'ailier fort dans l'équipe de basket-ball senior de l'Etoile Sportive du Sahel. Tous les matins, le jeune homme se lève tôt, quitte son appartement à Monastir et se rend à Sousse pour suivre les entraînements. S'il a des examens et qu’il ne peut pas aller à Sousse, il passe du temps à la salle de sport et pratique seul, avant de se rendre à l'université pour suivre ses cours. "Si je manque un entraînement à Sousse, je le rattrape à Monastir. Je veux toujours être en tête, ne laisser personne me devancer", dit Ilyes, déterminé.

Avec deux sœurs capitaines dans l'équipe nationale de basket-ball, la passion d'Ilyes pour le sport est une affaire de famille. De la natation au handball, en passant par le football, Ilyes a touché à tout avant de suivre les pas de ses aînées. Sur les conseils de sa mère, il commence ses entraînements de basket à l'âge de 15 ans. Malgré quelques hésitations, dès qu'il a mis les pieds sur un terrain de basket, il a réalisé "qu'aucun autre sport ne me conviendrait aussi bien."

"Le basket est un moyen de soulager le stress. Je suis dans mon élément, et je sais que je peux réussir".

Pendant sa dernière année de lycée, Ilyes se consacre entièrement au basket-ball et à la préparation de son baccalauréat. "C'était une étape déterminante de ma vie, où j'ai beaucoup appris”, se souvient le jeune homme. Avec un petit terrain aménagé dans l'arrière-cour de la maison familiale, il partage son temps entre les études et le sport, selon “une routine très rigoureuse”.  Après l'obtention de son baccalauréat, Ilyes a l'opportunité de poursuivre ses études au Canada grâce à sa double nationalité. Cependant, il choisit de rester en Tunisie et de poursuivre ses études en médecine dentaire.

Entre-temps, sa carrière de joueur professionnel décolle. Lors de sa première année à Monastir, il joue pour l'Union sportive monastirienne, prêté par son équipe d'origine, le Bardo. Dans cette équipe, le niveau est plus élevé et Ilyes n’a pas beaucoup de temps de jeu. Malgré tout, il réussit à attirer l'attention de l'Etoile du Sahel grâce aux compétitions des équipes juniors. 

Recruté l’été suivant, Ilyes est quelque peu inquiet par la distance quotidienne à faire entre Monastir, où il vit et étudie, et Sousse où il s’entraîne. “Parfois je n’arrive pas à assister à certains entraînements à cause de mes études”, déplore-t-il, “mais le club est très compréhensif”.

Depuis quelque temps, son activité sportive lui rapporte un salaire. Auparavant, quand Ilyes continuait d’évoluer avec l’Étoile, prêté par l’équipe du Bardo, il n‘avait pas de contrat professionnel. “Donc pas de salaire”, résume-t-il. Alors que ses dépenses devenaient de plus en plus importantes, Ilyes a besoin d’un soutien financier supplémentaire.

"Le Président de la section de basketball m'a convoqué et m'a proposé une indemnité de 600 dinars, tout en me félicitant pour mes progrès”, rapporte Ilyes. “C'était un moment particulièrement significatif de mes débuts".

L'année précédente, Ilyes a franchi une étape majeure en signant son tout premier contrat professionnel d'une durée de trois ans avec l'Étoile du Sahel. Ce contrat prévoit des salaires en progression pour chaque saison : 900 dt pour la première saison, 1200 dt pour la deuxième saison en cours, et une augmentation à 1500 dt pour la troisième saison à venir.

Voici un aperçu de ses sorties et entrées d’argent mensuelles :

Ilyes dépense 300 dinars pour son loyer. Le reste - 425 dinars - est pris en charge par ses parents, comme ses factures et ses courses. Même si sa famille, qui réside à La Manouba, à Tunis, est loin, elle soutient Ilyes, psychologiquement et financièrement.

Le salaire d’Ilyes lui sert à couvrir les frais d'essence pour ses déplacements entre Monastir et Sousse, estimés à environ 260 dinars, ainsi que les frais d'abonnement à la salle de sport. Le jeune athlète se permet également quelques sorties avec ses amis malgré son emploi du temps chargé.

Voici le détail de ses dépenses et revenus mensuels :

Zone grise

Cette saison, Ilyes a été confronté à une blessure aux ligaments croisés, le laissant sans salaire. Son équipe a contribué à couvrir les frais médicaux de l'opération et de la kinésithérapie, et sa famille l'a également soutenu financièrement pour pallier le manque de revenus. 

"Un joueur blessé ne peut pas être rémunéré. Pendant cette période, ma famille m'a donné 300 dinars supplémentaires en plus des 400 habituels. Mais j’ai l'intention de rembourser dès mon retour sur le terrain".

Futur 

Ilyes se remet actuellement de sa blessure et espère revenir sur le terrain le plus rapidement possible. Concilier ses études en médecine, déjà exigeantes, avec une carrière de basketteur est un défi qu’Ilyes se sent prêt à relever. "Une fois diplômé, je compte répartir mon temps entre le sport et la médecine. Pour le moment, le sport demande une discipline et un rythme constant, les études s’intensifient considérablement à l'approche des examens”.

En parallèle, le jeune homme nourrit d’autres projets. Cet été, il a travaillé temporairement dans un festival de musique au Canada. Il a réussi à récolter quelques dollars qu'il compte investir à l’avenir. Malgré son rythme soutenu, Ilyes est satisfait de sa carrière et de ses choix professionnels. “Cette double vie est un défi certain, mais les résultats valent tous ces tracas à 100%”, résume Ilyes en souriant.