À l’entrée du Cap Bon, dans la ville de Menzel Bouzelfa, à une quarantaine de kilomètres de Tunis, tout paraissait paisible ce mercredi 5 septembre 2018.
L’entrée de la ville, elle, est quasiment déserte, quelques voitures passent à intervalles irréguliers. Ici se trouve le commissariat principal : petite façade blanche, petite porte d’entrée. En entrant, un guichet sombre à droite, le bureau du commissaire, plus lumineux, à gauche, quelques bureaux plus loin quand on s’enfonce dans le couloir. Face au commissariat, un café, presque vide. Quelques habitué·es seulement ce jour-là, des commerçant·es qui travaillent à proximité, dont un garagiste et un jeune vendeur de fruits à la sauvette.
Ce 5 septembre 2018 donc, Mohamed Dhia Arab, bientôt 30 ans, sort de la demeure familiale, une petite maison modeste cachée au fond d’une rue étroite, marche un court kilomètre et se poste devant le commissariat à l’entrée de la ville. Personne ne lui prête attention.
Il dévisse le bouchon d’un bidon d’essence, s’asperge lentement, sort un briquet, et s’immole. Hébétés, les clients du café en face l’observent marcher calmement, sans trace d’agitation. Les jeunes policiers en faction devant le poste, terrorisés, rentrent précipitamment dans le commissariat.
L’ambulance arrive deux heures plus tard. Deux longues heures d’agonie. Mohamed Dhia Arab décédera le lendemain à l’hôpital de la Rabta des suites de ses blessures. L'événement est passé sous silence. Pas une censure non, mais un oubli. Sept ans après la révolution, une immolation, ça n’intéresse plus personne. Et encore moins quand il s’agit d’un jeune homme portant comme un tatouage invisible la mention infamante “S17”.
inkyfada podcast est la première plateforme entièrement dédiée aux podcasts natifs en Tunisie. Elle a été réalisée par le média inkyfada, avec le support d’inkyLab, son laboratoire de recherche et développement. Avec l’explosion des podcasts - créations sonores à la demande - à travers le monde, inkyfada s’est lancée dans l’aventure depuis 2017, lorsque l’équipe a réalisé le premier documentaire sonore en Tunisie, en plongeant au coeur de la lutte d’El Kamour, en plein désert. Depuis, inkyfada podcast réalise de nombreux documentaires, enquêtes, séries de podcasts, articles audios mis en musique et d’autres récits sur des sujets qui soulèvent des problématiques contemporaines, pour une plus grande immersion et une expérience différente. Tout en proposant des contenus originaux qui diffèrent de par le médium - exclusivement audios - l’équipe d’inkyfada podcast véhicule les valeurs et principes généraux d’inkyfada.com. Elle défend une production engagée, rigoureuse, esthétique et de qualité. En plus de l’équipe permanente, inkyfada podcast collabore étroitement avec des journalistes, artistes, illustrateur·trices, musicien·nes et autres créateur·trices de contenus, afin de diversifier son offre mais aussi de soutenir la création artistique. Ces podcasts se différencient des contenus radiophoniques traditionnels par le travail de réalisation et de montage, qui se rapproche plus des techniques cinématographiques, en plus d’être destinés au web, téléchargeables et accessibles à la demande. Les créations d’inkyfada podcast ont aussi l’originalité de proposer le sous-titrage en français, arabe et anglais de ses contenus audios, qui sont majoritairement en tunisien ou dans la langue privilégiée par les intervenant·es.