Ce jour-là, Nedra Ben Smail, psychanalyste, annule toutes ses séances de la journée. Un appel “intuitif” la pousse à se rendre sur l’avenue Habib Bourguiba, comme des milliers d’autres manifestant·es.
Elle se retrouve avec une poignée d’ami·es devant l’hôtel Carlton, dont elle est propriétaire. Elle décrit ces premiers moments de manifestations comme festifs, mais aussi inconscients. Leurs présences en révolte devant le ministère de l’Intérieur lui semblaient oniriques. Le cortège de l’enterrement passe sur l’Avenue et le festif s’atténue pour laisser place à l’inquiétant. Quelques minutes après, la police commence la répression, à coups de matraques et de gaz lacrymogène. Plus d’une centaine de personnes se réfugie dans son hôtel, situé juste en face du ministère de l’Intérieur.
Apeurées, des familles entières appellent à l’aide. Nedra tente d’apaiser la situation. Elle réunit tout le monde au premier étage de l'hôtel, pensant que ce serait temporaire et que les personnes pourraient rentrer chez elle quand tout sera calmé.
C’était sans compter l’annonce à la télévision d’un couvre-feu jusqu’au lendemain matin, suivie d’une autre annonce, encore plus improbable, de la fuite de Ben Ali. L’inquiétude grandit. Nedra et son équipe commencent à répartir les dizaines personnes présentes, notamment dans les chambres disponibles, quand des policiers s’introduisent soudainement et violemment au sein de l’hôtel.
La panique s’installe et Nedra devra gérer les intrusions policières et les tentatives d’intimidations qui auront lieu ce soir-là, non seulement envers les personnes qui sont réfugiées dans son hôtel mais également envers les journalistes y résidant.
Partagée entre la crainte de l’inconnu et sa volonté d’aider et de protéger, Nedra se questionne sur son rapport à la violence, qui l’a profondément marquée, encore aujourd’hui. Elle raconte cette soirée où elle est à la fois témoin et protagoniste de moments qui feront “effraction” dans sa vie et qui marqueront un bouleversement à la fois collectif et individuel. Récit sonore d’une nuit à l’hôtel.
14 janvier 2020. L'état de santé de Lina Ben Mhenni s'aggrave. Ses ami·es se retrouvent au local de l’ATFD pour lui rendre hommage.
Elle disparaîtra quelques jours plus tard, un 27 janvier 2020. Dans ce podcast, Sadek Ben Mhenni, Hana Trabelsi, Faten Abdelkefi et Haythem El Mekki nous parlent d’elle. Ils et elles racontent son militantisme, avant et après le 14 janvier, sa lutte contre la maladie et les impressions gardées d’elle. Une sélection de ses textes sont lus par Henda Chennaoui et Mariem Mechti.
"Sur les traces de Lina": Un hors-série de “Tu étais où le 14 janvier ?”. Un épisode qui raconte, à travers l’histoire de Lina, des fragments de l’Histoire contemporaine de la Tunisie.
Fondé en 2014 par une équipe de journalistes, développeur·ses et graphistes, Inkyfada est un média indépendant à but non lucratif basé à Tunis. Il s’inscrit au service de l’intérêt public et collectif. Inkyfada se donne pour objectif de révéler, donner à voir et rendre accessible ce qui est caché, participant à une meilleure compréhension du monde grâce à l’investigation, au datajournalisme et à la réalisation de reportages au long cours, de portraits, d’articles explicatifs et de contextualisation. Inkyfada assume pleinement son rôle de contre-pouvoir, avec un réel impact sur le débat public, luttant contre l’impunité et l’opacité des pouvoirs en place et contre toute forme d’injustices qui en découlent. Engagée, l’équipe d’Inkyfada défend un journalisme de qualité, face à un flot d’informations toujours en expansion où la contextualisation fait défaut. Au sein d’une rédaction où les journalistes collaborent étroitement avec les développeur·ses et les graphistes, elle s’inscrit dans un ensemble plus large de médias alternatifs, innovants et résolument tournés vers l’avenir. Elle donnera régulièrement à ses lecteur·trices une idée de ce qui se fait de mieux en matière de narration journalistique, d’expérience visuelle ou de développement de nouveaux outils. La rédaction intègre également une réflexion sur le langage, adoptant pour la première fois en Tunisie une grammaire sensible au genre dans sa version française - dans un premier temps -, car l’accès à l’information passe aussi par un langage inclusif, compréhensible et porteur de sens. Que ce soit par le traitement de milliers de données ou à travers une histoire individuelle, la révélation d’un scandale ou l’explication d’un sujet complexe, Inkyfada se donne les moyens d’utiliser tous les médiums, outils et technologies à sa disposition pour transmettre l’information, la rendre accessible, compréhensible et humaine.
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