Le 14 janvier 2011, Malek est enfermé depuis quelques jours dans les geôles du ministère de l’Intérieur pour avoir mené des manifestations à cité Ettadhamen. Il n’a aucune idée qu’une révolution est en cours à l’extérieur. Pendant 8 jours, le jeune étudiant subit violence et tortures de la part de la police. Aujourd’hui encore Malek en garde des séquelles indélébiles. Entre le sous-sol et le 3e étage, il est interrogé pendant des heures, cagoulé et enchaîné. Les forces de l’ordre font en sorte de réunir des preuves à son encontre et lui faire porter la responsabilité “d’organisation de manifestation”. Le jeune étudiant s’était préparé psychologiquement à se faire juger et être emprisonné. Pour le militant de l’UGET, la prison et la torture représentent une étape obligatoire lorsqu’on se bat pour des idées. Coupé du monde, l’enfermement est propice aux interrogations : sera-t-il transféré en prison? L’armée allait-elle prendre les devants et tirer à balles réelles ? Malek n’imaginait pas la fuite de Ben Ali, il ne le saura d’ailleurs que le 18, à sa libération. C’est là qu’il entendra d’ailleurs pour la première fois le mot “révolution”.
À sa sortie, il retrouve un pays méconnaissable : la rue contrôlée par le peuple, le RCD dissout…
Pendant deux ans, Malek évitait de passer devant le ministère de l’Intérieur tant le traumatisme est important. Encore aujourd’hui, il évite de lever la tête entre le troisième et le quatrième étage du bâtiment. Quelques années plus tard, il croise dans un bar l’un de ses bourreaux. Malek témoigne.
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