“#EnaZeda, au-delà des témoignages, un acte politique” est le deuxième documentaire sonore produit par inkyfada Podcast après “ El Kamour, un sit-in en plein désert”. Il suit de près le mouvement spontané de libération de la parole contre les harcèlements et abus sexuels : “Ena Zeda” ("moi aussi", en tunisien).
Octobre 2019, les photos d’un député qui se masturbe dans sa voiture, tout en suivant une fille devant son lycée ont largement circulé sur les réseaux sociaux. Dans la lancée, plusieurs femmes en Tunisie ont décidé de ne plus se taire sur le harcèlement et les abus sexuels qu’elles ont subis, tentant ainsi de casser le mur du silence.
Le mouvement #EnaZeda est né et les langues ont commencé à se délier. Petit à petit, les témoignages se sont multipliés. Ces témoignages ne traitaient plus seulement de cas de harcèlement sexuel vécus dans l’espace public, mais aussi dans les sphères privées : au travail, à l’école et surtout, au sein d’une même famille.
Pour la première fois, les voix des femmes se sont emparées de l’espace public virtuel pour se faire écouter et tenter d'inverser les mécanismes de peur et de honte imposés aux victimes.
L’équipe d’inkyfada a suivi de près la genèse de ce mouvement, son essor et sa transformation.
Afin de réaliser ce documentaire sonore, une trentaine de femmes - assignées à la naissance ou qui s'identifient comme telles - et quelques hommes se sont réuni·es dans les locaux d’inkyfada pour se livrer à une discussion participative sur le mouvement. Certaines d’entre elles y ont participé activement, en tant que modératrices des groupes ou encore membres d’associations qui soutenaient la victime du député, d’autres ont témoigné des abus qu’elles ont vécus. Toutes ont questionné les moyens de lutte traditionnels ou innovants et fait part de leurs craintes d'un éventuel essoufflement de ce type de mouvement ou du risque de récupération.
Les problématiques soulevées sont liées à l'impact de la libération de la parole - sur les victimes et les coupables -, aux systèmes de justice et de police défaillants, mais aussi aux limites du fonctionnement institutionnel des organisations de la société civile pour mener à bien ce type de luttes.
Ce documentaire se base sur cette rencontre, qui traite de la naissance, des idées et principes du mouvement, ainsi que des espoirs et questionnements pour la suite. Il est entrecoupé de différents témoignages, certains anonymes, d’autres non, ainsi que des témoignages existant sur les pages et groupes d’Ena Zeda, lus par des membres de l'équipe d’inkyfada.
Profondément engagée dans les luttes féministes, inkyfada s’est aussi prêtée au jeu, par les témoignages, analyses, positionnements ou doutes de ses membres. C'est l’occasion de remercier et saluer particulièrement les femmes (assignées ou qui s’identifient comme telles) parmi elles et eux : Bochra, Chayma, Haïfa, Hathemi, Hayfa, Hazar, Hortense, Khookha, Monia, Nedra, Raouaa, Yasmin et Zouhour.
Inkyfada Podcast remercie particulièrement les personnes qui ont participé à la production de ce podcast et toutes celles qui ont partagé leurs expériences, leurs connaissances ou leurs interrogations.
inkyfada podcast est la première plateforme entièrement dédiée aux podcasts natifs en Tunisie. Elle a été réalisée par le média inkyfada, avec le support d’inkyLab, son laboratoire de recherche et développement. Avec l’explosion des podcasts - créations sonores à la demande - à travers le monde, inkyfada s’est lancée dans l’aventure depuis 2017, lorsque l’équipe a réalisé le premier documentaire sonore en Tunisie, en plongeant au coeur de la lutte d’El Kamour, en plein désert. Depuis, inkyfada podcast réalise de nombreux documentaires, enquêtes, séries de podcasts, articles audios mis en musique et d’autres récits sur des sujets qui soulèvent des problématiques contemporaines, pour une plus grande immersion et une expérience différente. Tout en proposant des contenus originaux qui diffèrent de par le médium - exclusivement audios - l’équipe d’inkyfada podcast véhicule les valeurs et principes généraux d’inkyfada.com. Elle défend une production engagée, rigoureuse, esthétique et de qualité. En plus de l’équipe permanente, inkyfada podcast collabore étroitement avec des journalistes, artistes, illustrateur·trices, musicien·nes et autres créateur·trices de contenus, afin de diversifier son offre mais aussi de soutenir la création artistique. Ces podcasts se différencient des contenus radiophoniques traditionnels par le travail de réalisation et de montage, qui se rapproche plus des techniques cinématographiques, en plus d’être destinés au web, téléchargeables et accessibles à la demande. Les créations d’inkyfada podcast ont aussi l’originalité de proposer le sous-titrage en français, arabe et anglais de ses contenus audios, qui sont majoritairement en tunisien ou dans la langue privilégiée par les intervenant·es.