[Cet article a été traduit et lu en tunisien]
19 juillet 1961. Des avions français passent en rase-motte au-dessus de Bizerte. À terre, des soldats et volontaires tunisiens se préparent à attaquer la base militaire, occupée par des soldats français. Dans la ville, les habitant·es ne mesurent pas encore la bataille qui se prépare.
Cinq ans après l'indépendance de la Tunisie, Habib Bourguiba a donné un ultimatum au général de Gaulle : l'armée française a jusqu'à 19 juillet, minuit, pour quitter le territoire tunisien. Mais la France ne l'entend pas de cette oreille et refuse d'abandonner Bizerte, point stratégique en Méditerranée, surtout dans le contexte de la guerre d'Algérie.
Dans la nuit, les hostilités commencent. Mieux formée, mieux équipée, l’armée française prend rapidement le dessus face à la Tunisie qui essuie de lourdes pertes. Abdelhamid Riahi, 22 ans à l'époque. est envoyé pour combattre dans cette ville qui lui est inconnue. Malgré les 60 ans qui se sont écoulés, le souvenir de la bataille reste vif dans son esprit.
“C’était terrifiant, il y avait des blessés partout, les gens hurlaient et pleuraient. Il y avait plus de morts que de vivants. J’ai eu une chance inouïe de survivre à ces combats”, raconte le vétéran.
La défaite est cuisante côté tunisien. Plus de 600 Tunisien·nes - officiellement -, voire des milliers - selon d'autres sources - sont tué·es. En face, toujours d’après les sources officielles, la France dénombre moins de 30 morts. Les soldats français maintiennent leur position dans la base et finissent par partir discrètement de Bizerte le 15 octobre 1963.
Quant à Abdelhamid Riahi, comme beaucoup d'autres, il attend toujours des réparations - tant du côté tunisien que français - et un hommage à la hauteur de la bataille qu'il a mené. "Moi, je me suis battu et tout a été oublié".
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