“On est à la merci de tout le monde” : Les Subsaharien·nes face aux violences racistes en Tunisie

“On vit dans la peur”. Depuis le communiqué publié par la Présidence contre l’immigration subsaharienne, la situation est intenable pour de nombreux·ses Subsaharien·nes. Terrifié·es, Anna, Pierre, Mélissa et beaucoup d'autres se terrent chez elles. En à peine quelques jours, ils et elles sont des centaines, voire des milliers à avoir perdu leur logement, leur emploi ou à avoir été agressé·es. Témoignages.
Par | 26 Février 2023 | reading-duration 15 minutes

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 Il faut attendre quelques minutes avant que Mélissa ne vienne ouvrir. Même si elle est au courant de notre venue, la jeune femme a un air apeuré lorsqu’elle écarte le battant de sa porte d’entrée. Elle ne peut s’empêcher de craindre une visite de la police, ou pire, des personnes qui voudraient l’agresser.

Melissa est ivoirienne. Depuis la sortie du communiqué de la présidence, elle et son mari vivent dans la peur : il et elle n’ont pas quitté leur domicile depuis mercredi. Le couple passe la journée dans le salon, les rideaux tirés. Leur enfant, un petit garçon d’environ trois ans, ne va plus à la crèche. “D’habitude, sa maîtresse m’appelle s’il ne vient pas, pour vérifier s’il est malade ou s’il a quelque chose”, commente Melissa. “Là, ça fait trois jours qu’il n’y est pas allé et elle ne m’a pas contacté.” 

“Elle sait ce qu’il se passe”, dit simplement Mélissa

La plupart de leurs proches et voisin·es sont dans la même situation. Depuis plusieurs mois, une campagne raciste à l’encontre des Subsaharien·nes en Tunisie prend de plus en plus d’ampleur. Le président a lui-même souscrit à ces théories racistes et complotistes et a pointé du doigt les Subsaharien·nes, les accusant d’être des “hordes” et que l’immigration subsaharienne est une “entreprise criminelle” dont le but serait de “changer la composition démographique de la Tunisie”.  Depuis, les cas d’agressions, d’arrestations et d’expulsions explosent, et des milliers de Subsaharien·nes craignent pour leur vie et leur avenir en Tunisie.

Des expulsions en masse

Dans le même quartier que Melissa, Anna, une jeune femme ivoirienne, accueille ses amis Issa et Pierre. Ce dernier vient de quitter son domicile sur demande de sa propriétaire. Dans un coin du salon, quelques sacs et cabas contenant ses affaires s’entassent.

D’autres n’ont pas la chance d’avoir des proches sur qui compter. Depuis deux jours, Mariam et son mari dorment sous un pont. Quelques sacs en plastique épais bourrés de leurs affaires sont empilés devant l’ambassade de Côte d’Ivoire. “C’est tout ce qu’on a”,  déplore Mariam. 

Le couple a été mis dehors par leur propriétaire, qui craignait des représailles pour avoir hébergé des Subsaharien·nes . “Tout le monde a peur,” confie Patricia Gnahoré, journaliste à RLF (Radio Libre Francophone) en Tunisie depuis quatre ans. Selon la reporter, les expulsions ont commencé vers le 9 février, lorsque des messages alarmistes commencent à se propager sur les réseaux : s’ils et elles hébergent des Subsaharien·nes sans-papiers, les propriétaires seraient passibles d’amendes et de peines de prison*. “Donc tous les bailleurs ont commencé à déloger les gens en deux semaines, comme ça,” continue Patricia.

“Des personnes avec qui on causait, avec qui on s'entendait bien, vous disent du jour au lendemain de quitter leur maison, sans état d'âme.”

Ces deux dernières semaines, Patricia reçoit un flux constant d’appels à l’aide, face à la brusque vague d’expulsions de la communauté subsaharienne. “Les bailleurs ouvrent les portes et mettent les bagages dehors. Ceux qui sont un peu plus tolérants viennent discuter avec vous, vous disent simplement de partir de la maison”, soupire-t-elle. Elle accueille les rescapé·es chez elle et tente tant bien que mal de négocier avec leurs propriétaires pour retarder l’évacuation, “jusqu'à la fin du mois, le temps de s'organiser et trouver un endroit”, espère-t-elle.

Anna peut pour l’instant rester chez elle et accueillir ses amis en difficulté. “La propriétaire ne nous a pas causé de problème. Mais il va bien falloir payer le loyer et les factures”, s’inquiète la jeune femme. En effet, à peine quelques heures plus tard, sa propriétaire la contacte : cette dernière exige que la facture d’électricité soit payée d’ici trois jours, sous peine d’expulsion. Grâce à des ami·es et un réseau associatif, Anna va pouvoir régler ce paiement. “Mais que va-t-il se passer pour ceux qui n’ont pas d’aide ?”, s’interroge la jeune femme.

Toutes les personnes interrogées par inkyfada racontent avoir perdu leur emploi. D’habitude, Anna fait régulièrement des ménages mais elle n’ose plus sortir de chez elle, vu les échos d’agressions et d’arrestations. Son colocataire, Dylan, a été renvoyé du restaurant où il travaille, “pour l’instant”

Parmi ses ami·es, il est le seul à ne pas être resté enfermé ce jour-là : il est parti voir son ancien patron, espérant récupérer son salaire. “Ses collègues se sont fait embarquer sur leur lieu de travail [les cuisines d’un restaurant]”, raconte Anna. Heureusement, Dylan n’était pas sur place à l’arrivée des policiers. Par contre, son employeur l’a appelé et lui a dit de ne pas venir travailler en “attendant que les choses se calment”.  

Samia, une autre femme ivoirienne qui vit depuis dix ans en Tunisie, a vu son collègue se faire arrêter sous ses yeux. “Les policiers sont arrivés, ils l’ont vu et ils l’ont emmené, comme ça”. Par miracle, les agents ne semblent pas remarquer Samia, qui reste figée dans un coin, choquée par la scène. Elle rentre directement chez elle ensuite, et s'enferme à double tour avec sa fille. Cette dernière n’est pas allée à l’école depuis. “Pourtant, elle est née ici et parle tunisien”, commente Samia.

“On va tous vous chasser”

Si Melissa, Issa, Samia et des milliers d’autres craignent de sortir, c’est parce qu’ils et elles ont eu vent de nombreuses arrestations et agressions commises contre des Subsaharien·nes au cours des derniers jours. Melissa a elle-même été agressée verbalement dans la rue. 

“Je rentrais chez moi, et dans la rue, une femme est venue vers moi. Elle m’a fait signe d’enlever mes écouteurs. Je pensais qu’elle allait me demander un renseignement”, raconte Melissa. Cette femme lui demande d’abord si elle parle français avant de commencer à l’insulter.

“Elle m’a dit : ‘on va tous vous chasser d’ici, toi et tous les autres ! On ne veut plus de vous ici, c’est la guerre maintenant’”, rapporte Melissa, fortement secouée par cette agression.

“La discrimination, on la vit au quotidien mais c'est cette montée rapide, fulgurante de ce phénomène qui vraiment me surprend,” commente Patricia de la RLF. 

Plusieurs associations rapportent que les agressions vont plus loin et deviennent de la violence physique. Des témoignages de personnes ayant été poursuivies, attaquées, voire blessées à coups de couteau circulent depuis plusieurs jours. En banlieue de Tunis, un groupe de Subsaharien·nes a été agressé par de jeunes Tunisien·nes qui ont défoncé les portes et mis le feu devant leur immeuble. Des maisons ont été saccagées. “Ils ont commencé à encercler les maisons, ont mis le feu sous les immeubles des Noirs et il y en a qui ont vu leur porte forcée, fracassée. Il y avait des femmes très apeurées,” décrit Patricia.

D’après les témoignages, l’attitude des policiers ne permet pas d’endiguer ces violences. “La police vient mais dès qu’elle repart, les jeunes reviennent attaquer l’immeuble où logent nos étudiants et y mettent le feu”, rapporte ainsi la page Facebook de l’AESAT (Association des Étudiants et Stagiaires Africains en Tunisie).

La menace policière

La police apparaît aussi comme une menace. Les arrestations sont de plus en plus nombreuses et sur les réseaux sociaux, de nombreuses photos de personnes “disparues” circulent. L’une aurait disparu à la banque, l’autre serait partie au commissariat renouveler ses papiers et ne serait pas revenue… Pierre est sans nouvelles de sa sœur, arrêtée sur son lieu de travail.

D’après les témoignages et les informations collectées par les associations, plusieurs centaines* de personnes auraient été arrêtées en à peine deux semaines,  avant même la sortie du communiqué présidentiel. 

Marc témoigne qu’il a été arrêté dès le mois de décembre 2022. Le 18 décembre, lors d’un contrôle de police place de Barcelone, des agents l’accostent et lui demandent ses papiers. Marc possède une carte de séjour, mais ce jour-là, il n’a que sa carte consulaire sur lui. “C'est celle que l'ambassade nous donne. J'ai essayé de la présenter, ils m'ont dit qu'ils ne connaissaient pas ça.” Marc est arrêté immédiatement, puis emmené dans un poste de police.

Là-bas, il n’est pas seul : “On était 56 personnes, dont des femmes, certaines avec des bébés,” se souvient-t-il . Tou·tes sont d’origine subsaharienne. Ils et elles sont embarqué·es dans un véhicule. Le jeune homme est déboussolé. “ Vous êtes à l’intérieur, vous ne savez pas où vous allez, tout est noir”, décrit-il. Le fourgon les emmène vers un autre poste de police, dans lequel les agent·es leur prélèvent leurs empreintes digitales.

Cette opération prend des heures. Marc garde son calme malgré l’humiliation des policiers. 

“Ils nous ont donné de la nourriture et quand on mangeait, ils ont commencé à nous filmer, pour se moquer de nous. J'ai passé une journée sans manger à cause de ça. Je me suis dit ‘il vaut mieux que je meurs de faim que d’être filmé pendant que je mange. Je ne peux pas”. 

Avec les autres, il est finalement amené à Bouchoucha. En tout, Marc passe trois jours dans ce centre de détention, sans savoir ce qu’il va advenir de lui. Le jeune homme se rappelle que cette arrestation est survenue en pleine Coupe du monde. “Pendant la finale de la Coupe du monde, j'étais là-bas. Je ne l’ai pas regardé cette finale”, rit-il. 

Au bout du troisième jour, Marc trouve finalement un avocat francophone pour passer devant le juge. Il obtient une liberté provisoire, le temps de rentrer chez lui et récupérer les documents nécessaires pour prouver sa présence légale en Tunisie, grâce à sa carte de séjour. Le calvaire est terminé, mais l’expérience lui laisse un goût amer. De ses quatre années en Tunisie, c’est la première fois qu’il est confronté à un traitement pareil.

“Des contrôles oui, il y a des fois où on te contrôle, mais être arrêté, même si tu as des papiers ? Je n'ai jamais vu ça ici”.

Avec les agressions actuelles, Marc considère que son ambassade est le seul endroit où il se sent “en sécurité”, malgré son statut légal. Depuis qu’il a parlé de son expérience sur les réseaux, il dit recevoir des menaces. Avec les vagues d’arrestations en masse et les violences arbitraires, il n’ose plus sortir au-delà de son quartier, et seulement pour s’acheter à manger. 

Il est, de plus, persuadé que s’il lui arrivait quelque chose, les autorités ne feraient rien pour lui.

“Avant, c'était [déjà] comme ça, mais on se sentait un peu sécurisé parce qu'il y avait l'État, il y avait la police. Maintenant, c'est l'État qui vous largue, comme ça. On est à la merci de tout le monde.”

Le faux argument de l’illégalité

Le 25 février, trois jours après la sortie du communiqué présidentiel, le ministre des Affaires étrangères de la Migration et des Tunisiens, Nabil Ammar, a affirmé que la Tunisie luttait avant tout contre “la migration illégale, qui pose problème dans tous les pays”.

Sauf que dans le cas de la Tunisie, cette distinction entre migration légale et illégale est “artificielle”, argumente Camille Cassarini, chercheur sur les migrations africaines en Tunisie à l’université de Gênes. “L’État tunisien n’a jamais mis en place les conditions à la fois juridiques, techniques et administratives pour fournir des cartes de séjour aux personnes originaires de pays d’Afrique subsaharienne. C’est une réalité depuis toujours, depuis l’époque Ben Ali”, détaille-t-il. 

“On n’est pas face à des personnes qui se mettent en situation irrégulière, on est face à un État qui irrégularise”.

Camille Cassarini ajoute que ces pratiques sont avant tout réservées aux personnes subsahariennes, et que les Européen·nes sont beaucoup moins concernées par ces difficultés. “Même les Subsaharien·nes qui disposent de tous les documents nécessaires ne se voient jamais décerner de carte de séjour définitive”, affirme-t-il.

Ces informations ne sont pas toujours connues du grand public, comme en témoigne Anna. Il y a quelques jours, elle s’est rendue chez son épicier habituel, pour faire quelques courses . “Au bout d’un moment, il m’a regardé et m’a demandé si j’avais une carte de séjour”.

Anna répond par la négative. “Il faut que tu en fasses une alors !”, lui répond-t-il d’un ton méprisant. Pourtant, comme de nombreux·ses autres Subsaharien·nes, elle a longtemps essayé de légaliser sa situation sur le territoire, depuis son arrivée, en 2016. Mais elle a été rapidement découragée par l’impossibilité d’avoir des papiers, et donc de travailler légalement et de voyager. Depuis, elle est paralysée par les pénalités qu'elle doit payer, qui ont atteint le plafond fixé à 3000 dinars. Elle n'a pas pu voir ses filles, restées en Côte d'Ivoire depuis six ans.  

“Ils ne connaissent rien à nos vies”, regrette Anna.

“Pour avoir une carte de séjour, j’ai besoin d’un emploi et d’un logement. Pour avoir un emploi et un logement, j’ai besoin d’une carte de séjour”, résume Pierre. “A quoi ça rime ?”. Pierre travaille plusieurs jours par semaine sur un chantier, en tant que ferrailleur. Face aux pressions, son employeur lui a dit qu’il devait amener sa carte de séjour pour continuer à travailler. “Si j’avais une carte de séjour, vous pensez vraiment que j’irai travailler sur un chantier ?”, ironise Pierre. “On sait très bien qu’on est moins bien payés que les Tunisiens mais on n’a pas le choix”, ajoute Issa.

Une campagne violente

Dans la salle d’attente de l’ambassade de Côte d’Ivoire, l’atmosphère est lourde. Malgré la présence de dizaines de personnes, la salle est plutôt silencieuse. Un courant continu d’Ivoirien·nes défile pour s’inscrire sur des listes de recensement, dans l’espoir d’être rapatrié·es le plus vite possible. À l’extérieur, des groupes entiers attendent leur tour devant le bâtiment ou se hâtent dans les librairies de quartier pour photocopier leurs papiers d’identité.

Pour Jean-Bedel Gnablé, président de l' ASSIVAT (Association des Ivoiriens Actifs de Tunisie), la psychose actuelle est le résultat orchestré d’une campagne raciste du parti nationaliste tunisien : “ça fait trois ou quatre mois qu'il y a de cyberactivistes tunisiens qui sont lanceurs de discours de haine et de propagande pour pouvoir chasser les subsahariens de la Tunisie,” explique-t-il.

Pendant des mois, le Parti nationaliste Tunisien, dont l’organisation interne reste très opaque, déverse un déluge de propos racistes contre les migrant·es subsaharien·nes en Tunisie sur les réseaux sociaux - principalement Facebook et Tiktok -. Le groupe a même lancé une pétition en ligne pour abroger la loi 50, votée la même année pour punir toute forme de racisme et de discrimination dans le pays. Le communiqué de la présidence fait fortement écho à la rhétorique raciste du Parti nationaliste et semble exacerber la vague de violence en Tunisie. 

“Depuis toujours, il y a eu des arrestations arbitraires (...). Ça a toujours existé en Tunisie”, commente le chercheur Camille Cassarini.

“Mais cette fois-ci, elles ont atteint la parole de l’Etat, le politique et font l’objet d’une politisation. Ca c’est nouveau”.

“Le discours politique est un peu une excuse pour que les Tunisiens puissent commettre certaines actions criminelles et on l'a constaté au sein de la communauté, parce qu'on a certains de nos compatriotes qui se sont fait agresser,” déplore Jean-Bedel, “on a fait le rapprochement entre ce discours haineux et le communiqué de la présidence.”

Pour toutes les personnes interrogées, il ne faut aucun doute que cette campagne et le discours officiel du président ont entraîné un racisme décomplexé. Même dans le cas où des propriétaires n’envisagent pas de les expulser, beaucoup craignent la délation des voisins. “La police est venue parler à ma propriétaire”, raconte Melissa, “ce sont les voisins qui leur ont dit qu’elle hébergeait des Subsahariens. La propriétaire a été gentille, elle a tenu bon”. 

Une jeune femme témoigne qu’elle a hébergé une femme subsaharienne expulsée de son logement. A peine une heure après l’arrivée de cette dernière, elle reçoit un appel de son propriétaire qui exige des explications. “Je suis sûre que ce sont les voisins. J’ai dû négocier avec lui et il a finalement accepté que je l’héberge une nuit”, raconte-t-elle.

Les arrestations et les violences arbitraires mettent en danger également les Noir·es tunisien·nes qui deviennent de plus en plus prudent·es. Plusieurs personnes ont notamment dénoncé l’agression subie par une militante noire tunisienne, en plein centre-ville de Tunis.

“Ce problème existe depuis longtemps”, commente Chiheb, un jeune Tunisien noir. "Tu te fais insulter dans la rue à tout moment, et lorsque tu réponds en tunisien, on te dit : "Ah tu es tunisien ! On n'a pas de Tunisiens noirs, donc je t'ai pris pour un Subsaharien". 

Avec l'augmentation des violences, Chiheb avoue avoir peur et tout faire pour qu’on évite de le prendre pour un Subsaharien. “Parfois, je fais semblant d'appeler quelqu'un pour que les gens m'entendent parler en tunisien. Quand je suis dans un café, je parle fort intentionnellement aussi”, donne-t-il en guise d’exemple. “En général, quand je me fais contrôler par des policiers et que je montre mes papiers, ça passe.” 

“Le problème ici, c'est les citoyens, ils ne vont pas me demander mes papiers, ils vont m'attaquer”.

“Nous on a vraiment peur que la population tunisienne s’y mette”, craint Issa, tout en reconnaissant que “ça a déjà commencé”. 

En ligne, un appel à manifester contre l'immigration le dimanche 26 février 2023  a été diffusé en ligne. Pour certain·es, qui commentent les publications sur les réseaux sociaux, l’objectif est de “faire en sorte que plus jamais, les Noirs ne se sentent en sécurité dans ce pays [en Tunisie]”. Depuis vendredi 24 février, le parti aurait appelé à annuler cette manifestation.  

Mais pour Melissa, Samia, Anna et les autres, le mal est fait. “On attend. On ne sait pas ce qui nous attend dimanche, on a peur. Mais que faire d’autre à part attendre ?”, résume Melissa.