Écrit Par

Disponible en arabe

Rayen, traducteur, 1800 dinars par mois


Écrit Par

Disponible en arabe

09 Août 2022 |
Alors que Rayen jongle entre un emploi précaire et un autre plus stable, il cherche à équilibrer les dépenses de sa vie quotidienne, et à construire son avenir. Un avenir imprévisible, surtout avec l'augmentation du coût de la vie, pour reprendre ses propres termes. 

Depuis son enfance, Rayen a vécu dans des conditions sociales compliquées. Après le divorce de ses parents, et avec l’aide de son grand-père, sa mère a pris en charge les dépenses de Rayen et de sa sœur aînée.  

Après son baccalauréat, le jeune homme a été admis dans une université de la capitale. Originaire d'une région rurale, il s'installe à Tunis, et entre à l'université en se spécialisant dans la traduction. Après avoir obtenu son diplôme, Rayen a refusé de retourner dans sa région natale. En effet, des conditions sociales plus compliquées ont obligé sa mère à déménager pour vivre avec des membres de sa famille. Ces changements l'ont amené à commencer à se construire une nouvelle vie. 

Durant ses années universitaires, Rayen a cherché un emploi qui réduirait ses dépenses à la charge de sa mère et qui lui fournirait une source de revenus jusqu'à l'obtention de son diplôme.

“Comme tous les étudiants, j’ai travaillé dans un centre d’appel pour un salaire modique. J’ai rédigé des textes dans une entreprise, que j’ai rapidement quitté. La charge de travail était énorme comparé au salaire.”  

Rayen a enchaîné les emplois précaires, même après avoir obtenu son diplôme. Après plusieurs tentatives de trouver un emploi dans la traduction, qui lui fournirait une source de revenus convenable et lui permettrait d’aider sa mère, il s’est retrouvé obligé à travailler dans des cafétérias. Il a ensuite travaillé comme traducteur, sans contrat, et pour un salaire ne dépassant pas 500 dinars. La situation a duré trois ans.

Il s’est retrouvé, dit-il, “à travailler des heures supplémentaires, à faire tout le travail, sans contrat, et sans aucun droit.”  

Avec la crise du Covid-19, qui a eu un impact sévère sur les groupes vulnérables, Rayen s'est retrouvé sans salaire, sous prétexte que le bureau a été contraint de fermer pendant le confinement général. Le jeune homme a donc dû compter à nouveau sur l'aide de sa mère. “Quelques mois après, je n’ai reçu que la moitié de mon salaire, qui était déjà maigre. J’ai donc décidé de rechercher du travail après la fin du confinement.”, déclare Rayan. 

“J’ai changé d’emploi, avec un meilleur salaire et des conditions plus stables.”, raconte Rayen. Travaillant, depuis quelque temps, dans une entreprise privée, avec un contrat, un salaire de 1200, et des augmentations annuelles.  

Rayen vit aujourd'hui avec sa petite amie. Les deux partagent les dépenses de la vie quotidienne et du logement.  

  Voici un aperçu de ses entrées et sorties d’argent mensuelles :     

Le jeune homme s'efforce de répartir ses dépenses mensuelles de manière réfléchie, mais il affirme “que les fins de mois sont souvent difficiles" Bien qu'il essaie de faire quelques traductions en freelance pour augmenter ses revenus, cela ne suffit pas. 

La valeur des prêts qu'ils remboursent chaque mois est d'environ 35 000 dinars. Rayen et sa petite amie consacrent une partie de leurs salaires à l'achat de nourriture, de produits de nettoyage et de produits sanitaires. Ils mettent également de côté un peu d'argent pour les sorties. Cependant, ils ne peuvent pas se permettre d'acheter des vêtements autant qu'ils le souhaiteraient.  

Voici le détail de ses entrées et sorties d’argent mensuelles : 

Zone grise

Rayen est prêt à tout pour changer de travail. Son supérieur hiérarchique fait peser une forte pression sur tous les employé·es. Dans un tel environnement, le jeune homme ne parvient pas à s'épanouir. Il explique qu'il a reçu "une offre d'emploi dans un meilleur environnement, mais je l'ai rejetée parce que le salaire proposé est inférieur à celui que je reçois actuellement". Son salaire lui permet au moins de rembourser ses dettes et ses prêts.

Malgré sa persévérance pour obtenir du travail en freelance, le fait qu’il n’ai pas droit à une patente limite ses opportunités, notamment pour traiter avec les institutions officielles. Obligé de ne travailler qu’en Tunisie, l’impossibilité d’être payé en devise restreint sa recherche.  

Avec l’instabilité du travail en freelance et les revenus limités, dont une partie est consacrée au remboursement des prêts et des factures, Rayen n’arrive pas à aider sa mère, qui vit une situation financière compliquée. Il aimerait également pouvoir acheter des cadeaux à sa petite amie.  

Futur

Rayen rêve de partir en vacances à l'étranger. Ayant reçu la promesse d'une promotion dans son emploi, et à l'approche de l'augmentation annuelle, son souhait pourrait bientôt se réaliser. Le jeune homme est optimiste et pense que sa situation va bientôt s'améliorer avec la fin d'un de ses prêts. Cela pourrait lui permettre d'économiser de l'argent et de voyager pour la première fois de sa vie.