Naufrage au large de Gabès : une catastrophe de plus pour les pêcheurs du golfe

 Le naufrage d’un pétrolier au large de Gabès a ravivé la crainte d’une marée noire dans cette région déjà fortement polluée. Le danger est à priori écarté mais cela ne rassure pas forcément les pêcheurs locaux : cela fait des années que leurs conditions de travail ne font que se dégrader à cause de la pollution. Photoreportage
Par | 05 Mai 2022 | reading-duration 15 minutes

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Le 16 avril 2022, un navire pétrolier sombre à quelques kilomètres du port de Gabès. Selon les membres de l’équipage qui ont été évacués, 750 tonnes d’hydrocarbures seraient sur le point de se déverser au large de la Tunisie. L’inquiétude est palpable. Une marée noire serait une catastrophe écologique supplémentaire pour cette région déjà sinistrée.

Pour limiter les risques, les équipes du port de Gabès suivent le protocole, épaulées par les forces italiennes, venues en renfort. Quelques jours plus tard, la catastrophe semble finalement avoir été évitée. L’armée annonce que le navire, probablement contrebandier, était rempli d’eau.   

Beaucoup d’inconnues continuent à entourer cette histoire. Une enquête a été ouverte et les membres de l’équipage ont été emprisonnés. Mais derrière cet événement et toute l’attention médiatique qu’il a suscité, les pêcheurs de Gabès subissent la pollution du Groupe Chimique depuis des années.

En voyant les quelques litres de pétrole qui se sont échappés du moteur de l’épave, certains pêcheurs expriment leurs craintes. Mais d’autres sont de toute façon déjà découragés par l’état de la mer. Le Groupe Chimique Tunisien déverse chaque jour des milliers de mètres cubes de phosphogypse, mélangé à de l’eau douce dans la mer. Les déchets s’amassent sur les plages. Les fonds marins ont été surexploités par la pêche au cours des dernières décennies. La richesse du golfe de Gabès est en danger.