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Fares, 24 ans, vendeur d’autocollants, pin’s et porte-clés, 950 dinars par mois


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10 Octobre 2021 |
Tombé par hasard dans la vente de stickers, Fares s’est pris de passion pour ce projet monté par deux amis à lui. En parallèle, il a récemment débuté une formation en cuisine, avec de nouvelles ambitions en tête.

Partout où il se déplace, Fares a pour habitude d’emporter avec lui sa boîte pleine de stickers, ses pin’s et ses porte-clés. Depuis 2018, il fait la tournée des cafés et bars du centre-ville de Tunis et Gammarth pour vendre ses produits. Il se déplace de table en table, échange avec les clients qui apprécient l’initiative et l’encouragent à poursuivre.  “J’ai en partie continué à faire ça grâce au soutien des gens. Je ne trouve même pas de mots assez forts pour le décrire”, s’émeut-il.

Ce projet est né grâce à des amis de Fares. Après son bac informatique obtenu en 2015, le jeune homme s’inscrit à l’Institut supérieur des études technologiques de Radès où il effectue une licence en développement web. Au cours de sa troisième année, deux de ses amis décident de créer des stickers et de les vendre dans leur fac.

L’événement dure trois jours sans que Fares ne s’y intéresse vraiment. Mais, finalement il décide d’aider ses amis et tente de vendre un stock invendu.  "Je connaissais plein de monde et je parlais avec beaucoup de gens donc je me suis dit que je pouvais y arriver”, raconte-t-il. Le jeune homme fait confiance à sa sociabilité et à ses contacts : "ça a marché, les gens ont bien aimé”. Il se met alors à vendre fréquemment ses produits aux autres étudiant·es pendant ses pauses. 

Pour son projet de fin d’étude, Fares part six mois en stage et confie son affaire à un ami durant son absence. À son retour, il est officiellement diplômé mais ne cherche pas de travail dans son domaine.

“Je me suis rendu compte que le développement et l'informatique ne m’intéressaient pas beaucoup et j’ai senti que le projet des stickers avait du potentiel donc je me suis dit que j’allais essayer”.  

En 2018, pour élargir sa clientèle, le jeune homme se met à vendre ses autocollants dans les cafés et bars du centre-ville de Tunis. Entre-temps, il est embauché en tant que commis puis serveur dans un bar à Gammarth. C’est l’occasion pour lui de proposer ses produits aux client·es. En parallèle, il travaille dans un centre d’appels.  

Pendant trois mois, le rythme est infernal. Même après la fermeture définitive de son bar, Fares continue à écumer les établissements pour vendre ses stickers, pin’s et porte-clés. Le jeune homme finit par démissionner du centre d’appel. “J’ai eu le sentiment que le travail là-bas était trop stressant et peu rentable, j’avais l’impression de faire des efforts sans que ça m’apporte des bénéfices."

Les quelques heures qu’il passe à vendre les stickers et à échanger avec les client·es le passionnent beaucoup plus :  “je rencontrais des gens biens qui m’encouragaient et je trouvais ça rentable", décrit-il. À l’occasion, il reste prendre quelques verres avec ses ami·es. 

Depuis février 2020, il a décidé de se consacrer entièrement au projet des stickers. Il endosse alors une double casquette : d’une part il participe à la conception et à la fabrication des autocollants et d’autre part, il est “dealer”. Comme 13 autres jeunes, il se déplace pour les vendre. Passionné, il ne compte pas ses heures et prend très peu de congés. Quand il en prend, c’est “surtout pour se reposer à la maison”

Voici un aperçu de ses dépenses et revenus mensuel·les :    

En semaine, il se rend dans les cafés et bars du centre-ville à des horaires où il les sait fréquentés et remplis, en fonction des saisons. Les week-ends, il vend exclusivement ses produits dans les bars de Gammarth. N’étant pas véhiculé, Fares se fait déposer par des ami·es ou emprunte un taxi ou un taxi collectif. Ses frais de transport sont pris en charge par la petite entreprise. Ses revenus, eux,  fluctuent en fonction des ventes.

“C a peut aller jusqu’à 1600 dinars, ça dépend du mois et des commandes.” 

Jusqu’en février 2021, il ne vendait que des stickers jusqu’à ce que lui et ses amis acquièrent une machine à pin’s : “c’est assez classique et vieux mais on a tenté de faire des pin’s modernes avec des messages qui nous appartiennent”. Récemment, la petite entreprise a également investi dans la vente de porte-clés et a mis en place les commandes personnalisées via les réseaux sociaux et le bouche à oreille.    

Au mois d’octobre 2021, Fares décide de s’inscrire en première année de BTS cuisine. Depuis, il jongle entre ses cours en journée et la vente de ses produits l’après-midi ou le soir en fonction de ses horaires de cours. “J’aime bien faire à manger mais je n’y connais rien et ma mère n'a pas la patience de m’apprendre. J’aimerais apprendre parce que la nourriture que je mange tous les jours dehors ne me plait pas. Je veux cuisiner une nourriture que je connais”,  explique ce dernier.  

Les frais de scolarité de sa formation qui s’élèvent à 7000 dinars pour les deux ans soit 380 dinars par mois sont sa seule grosse dépense. Pas de loyer ni de factures à payer puisque Fares vit chez ses parents : “je dépense pour moi-même et ma vie quotidienne”.   

Voici le détail de ses dépenses et revenus mensuel·les :

 Zone grise  

Dans les prochains mois, il aimerait emménager seul. Ses parents habitent trop loin à la fois de sa formation en cuisine et des bars et cafés où il vend ses produits. 

“Je ne l’ai pas fait avant parce qu’à cause de la pandémie, il n’y avait pas d’offres de logement. Et puis j’avais peur d'un autre confinement”.  

En 2020, durant les longues semaines de confinement, Fares n’a pas du tout pu travailler et n’a donc perçu aucun revenu. 

Depuis que les activités ont repris, Fares envisage d'économiser plus, surtout depuis la rentrée scolaire. Les cours ayant commencé récemment, il n’a pas encore n’a pas encore réglé ses frais de scolarité. Dans les prochains mois, il compte diminuer certaines de ses dépenses pour pouvoir payer sa formation sereinement et également chercher un logement. 

  Futur  

A l’avenir, Fares et ses amis voudraient faire grossir leur petite entreprise. Ils aimeraient acquérir de nouveaux produits, “peut-être du textile”, et lancer la vente en ligne.   

Fares et son ami d’enfance, à l’initiative de la petite entreprise de stickers, sont inséparables. Ils ont d’ailleurs commencé la formation de cuisine ensemble et ont pour projet d’investir dans la “junk food” et peut-être de lancer un food truck.