Prévisions et statistiques pour la deuxième vague de Covid-19 en Tunisie

“La Tunisie pourrait enregistrer jusqu’à 7200 décès jusqu’à la fin de l’année”. C’est le bilan tiré par Nissaf Ben Alaya, porte-parole du ministère de la Santé le 20 octobre 2020. Ce chiffre qui montre la violente reprise de l’épidémie est confirmé par les prévisions d’Inkyfada, basées sur la vitesse de progression des cas déclarés. Si des mesures efficaces ne sont pas prises, des centaines de milliers de cas pourraient être enregistrés d'ici la fin de l'année. Dataviz.
Par | 22 Octobre 2020 | reading-duration 10 minutes

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Le 8 novembre 2020, le pays comptabilisait plus de 70.000 cas déclarés. Si la tendance continue à évoluer aussi rapidement qu’elle le fait depuis début octobre et que les mesures prises par les autorités ne permettent pas de ralentir la propagation de l’épidémie, le pays devrait presque atteindre le million de cas le 31 décembre. Dans un meilleur scénario, en suivant la moyenne de l’évolution du nombre de cas depuis la réouverture des frontières le 27 juin, il devrait y avoir quasiment 445.000 contaminations d’ici la fin de l’année.
Le nombre de décès causés par le Covid-19 a presque triplé depuis le début du mois d’octobre, passant de 442 mort·es au début du mois à plus de 1000 le 19 octobre. Une tendance qui va se poursuivre, si les mesures pour endiguer l'épidémie ne permettent pas de réduire le taux de létalité qui était de 2.18% en moyenne entre le 1er et le 19 octobre (dernière moyenne ayant servi au calcul de ces prévisions). Le meilleur scénario prévoit plus de 9500 mort·es à la fin de l'année. Le ministère de la Santé quant à lui en prévoit 7200. La première prévision se base sur une moyenne de propagation du nombre de cas calculée entre le 27 juin (date de la réouverture des frontière) et le 19 octobre. La deuxième sur une moyenne de progression du 1er au 19 octobre.
Alors que la vitesse de progression du nombre de cas diminue à partir de septembre, le taux de létalité augmente de manière quasi-régulière. Au 8 novembre, il atteint presque 2,61% des cas déclarés. Cette progression peut s'expliquer par le biais de plusieurs facteurs et n'est pas forcément liée à une augmentation réelle de la létalité du virus. Elle peut également s'expliquer par une détection insuffisante du nombre de cas réels (politique de dépistage) ou encore par un décalage entre la détection et l'aggravation de l'état de santé entraînant le décès.
Faouzi Mehdi, ministre de la santé, a affirmé le 5 novembre que 236 lits de réanimation étaient disponibles actuellement. Il a également annoncés que 30 lits supplémentaires seraient fournis d'ici la mi-novembre. Mais le nombre de cas nécessitant une réanimation est déjà supérieur à cette annonce : au 8 novembre on comptait 275 personnes en réanimation. Les hôpitaux sont saturés face à l'augmentation du nombre de cas nécessitant des soins intensifs et la répartition des lits selon les hôpitaux et les régions reste inégale. Les autorités anticipent au jour le jour et libèrent des lits de réanimation au fur et à mesure. La difficulté principale concerne les effectifs du personnel soignant qui est insuffisant.